Chapitre 29 (2/2) - Leçon n°2 : nos alliés ne sont jamais ceux que l'on pense

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— Ce qui semble bien vrai, c'est que cet enfer est loin d'être terminé, ajoute Ana d'un air dépité.

Je me tourne vers mon amie. Je remarque que son visage semble plus pâle et creusé et, aussitôt, une multitude de questions m'assaille.

— Alors, ils t'ont enfermée là depuis le début ? Comment ont-ils fait pour t'enlever ?

— Oui, je suis ici depuis des jours... soupire Ana. Et ils m'ont enlevée comme l'aurait fait n'importe quelle personne mal intentionnée : ils ont attendu que je sois seule dans un endroit reculé. Dans mon cas, à la sortie de mon cours particulier avec Rolando, que je tenais à garder secret. Ils m'ont fait prendre un tranquillisant et m'ont bandé les yeux pour me transporter dans le coffre de leur voiture. Je me suis réveillée ligotée ici, comme vous.

— Et que t'ont-ils dit ?

— La même chose que ce qu'ils viennent de vous dire. Que je servais d'appât pour Santiago.

Je regarde tout autour de moi et rampe tant bien que mal jusqu'Ana pour lui demander tout bas :

— Est-ce que tu sais si nous sommes surveillées, ici ?

Le haussement d'épaules démuni de mon amie me laisse croire qu'elle n'en sait pas plus.

— Il y a quelque chose dont je dois te parler, mais ils ne peuvent pas savoir.

Ana hoche vigoureusement la tête. Afin de m'assurer de la confidentialité de notre échange, je m'approche de quelques centimètres et lui murmure à l'oreille.

Lorsque je termine, mon amie affiche un air abasourdi.

— Sérieusement ?

— Crois-moi, je serai bien la dernière à plaisanter avec ça.

— Dans ce cas, il faut que tu arrives à le faire venir ici...

— Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, opposé-je prudemment. Trahir Santiago est très risqué. Tu as bien vu ce qu'il a fait à Carlos...

Je me retiens d'ajouter que nous sommes au courant qu'il n'est pas vraiment mort, car le moment n'est pas le plus adéquat. Je devine qu'une seconde mise au point viendra plus tard.

— Dans ce cas, que pouvons-nous faire ?

La question d'Ana me laisse pensive.

— Laisse-moi un peu de temps pour y réfléchir, d'accord ?

Le soupir de mon amie s'attarde quelques instants dans le silence de la pièce.

— En tout cas, je suis contente de te retrouver, Juli, reprend-elle d'un ton plus léger. Je commençais à vriller, ici. Le seul à venir me voir était Eric, pour me donner à boire ou à manger. Je vous laisse imaginer l'étendue de nos conversations...

J'ai envie de poser ma main sur la sienne pour lui témoigner de mon soutien, mais comme elles sont toujours attachées, je me contente d'un regard plein de compassion. Avec le plus aigri des fils Maestre comme seul contact, je veux bien croire qu'il y ait de quoi devenir fou.

— Moi aussi, je suis heureuse de te retrouver, acquiescé-je. Heureuse et soulagée. Si tu savais combien on s'est inquiétées pour toi...

Ana me retourne mon sourire, avant de poser un regard inquisiteur sur le troisième membre de notre groupe, qui s'était jusque-là faite toute petite.

— En revanche, il y a quelque chose qui m'échappe... Que fais-tu ici, Camila ?

Consciente qu'une petite mise au point s'impose, je prends les devants :

Le parfum des ennuisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant