Le claquement de la porte de Señora Caterina rebondit contre les façades de la rue.
En temps normal, je m'efforce de respecter la tranquillité du voisinage mais, à ma décharge, je suis vraiment fatiguée et je ne pensais pas qu'il était déjà si tard. Il faut dire que dans la maison de cette mégère, on parvient à peine à distinguer la lumière du jour.
— Quelle vie... soupiré-je.
Le cliquetis métallique qui répond à mes lamentations me fait tendre l'oreille. L'espace d'un instant, je me revois l'autre soir, sur le parking de la salle de boxe. Au moment où je me retourne, une brise chaude me caresse le visage et me fait sursauter. Évidemment, il n'y a personne. Seule la silhouette d'un chat errant se découpe dans le calme de la nuit.
Dans ce cas, comment se fait-il que je ressente au plus profond de moi que je ne suis pas seule ?
— Il y a quelqu'un ? tenté-je d'une voix se voulant assurée.
Pas de réponse, mais je ne sais pas trop ce que j'espérais entendre. « Oui, moi, un meurtrier tapi dans l'obscurité qui te suit depuis des jours. Ça te dit, un petit pain au fromage ? »
Pressée de rentrer chez moi, j'accélère le pas. Je n'ai qu'une envie : m'effondrer sur mon canapé et oublier cette journée. En poussant la porte, je découvre un salon plongé dans le noir. Seuls les chiffres du micro-ondes percent dans le noir : 21 h 12.
— Maman ?
À tâtons, je cherche l'interrupteur et l'enclenche, révélant un séjour propre et bien rangé. Les restes d'une assiette traînant dans l'évier m'indiquent que ma mère a visiblement déjà dîné.
En temps normal, j'aurais été froissée qu'elle ne m'ait pas attendue mais là, je suis trop fatiguée pour m'en formaliser. Persuadée que ma mère est partie se coucher, je grimpe les escaliers pour rejoindre la chambre. Rien. Mon lit encore fait me laisse croire qu'il n'y a que moi dans cette maison. De nouveau, un étrange pressentiment me submerge. Où est-elle passée ?
Je dégaine mon téléphone, dont les derniers pourcents de batterie restants ne font que confirmer le silence de ma mère. Pour en avoir le cœur net, je compose son numéro. Une sonnerie, deux sonneries, trois sonneries... Je les entends s'égrener une à une, sentant mes espoirs sombrer un peu plus à chaque nouveau bip. Lorsque je tombe sur sa messagerie, je ne me démonte pas et retente ma chance. Une sonnerie, deux sonneries, trois...
Quand l'un des bips reste en suspens, je sens mon cœur s'accélérer.
— Maman ?
Le silence s'éternisant un peu trop, je regarde mon écran et constate qu'il vient de s'éteindre.
— Fais chier !
Frustrée de ne pas avoir de réponse à mes questions, je laisse choir mon dinosaure de téléphone dans mon lit en soupirant.
C'est alors que résonnent trois coups secs. Trois coups en provenance de la porte d'entrée. Si ce son me remplit d'espoir, je ne tarde pas à me raviser. Pour quelle raison ma mère, qui est en possession de mes doubles, toquerait-elle à la porte d'entrée ?
Je descends les escaliers sur la pointe des pieds. Trois nouveaux coups s'élèvent. Le tambourinement sourd de mon cœur est à deux doigts de leur faire concurrence.
Quand j'entrouvre la porte d'un air prudent, je suis à des années lumières de deviner qui m'attend sur le palier.
— Rolando ?
L'immense sourire du prof de boxe est en décalage complet avec les scénarios catastrophe qui m'assaillaient déjà l'esprit.
— Juli, mi princesa !
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Le parfum des ennuis
Literatura FemininaJe n'ai jamais été du genre à me laisser dépasser par les évènements. Même lorsque ma mère débarque chez moi en m'annonçant que mon père l'a mise dehors, que je me retrouve sans un sou et contrainte de mettre mes projets de carrière en pause pour tr...