CHAPITRE 33

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À bout de souffle, nous finissons par nous séparer l'un de l'autre. La sensation de bien-être ne me quitte pas mais elle est ternie par un sentiment de peur qui s'insinue dans ma tête quand je comprends quelque chose. Un simple mot qui s'incruste dans mon esprit. Un simple mot qui m'effraie bien plus que tout ce que j'ai traversé jusqu'ici.


— Stiles, souffle le bêta. Regarde-moi.


Serrant les dents et retenant mes larmes, je consens tout de même à ouvrir mes paupières. Ma gorge se serre devant ses yeux toujours aussi électrisant. En un regard, je sais qu'il a compris lui aussi. Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais je le sais.


— Tu es... comme-t-il.


Commençant à paniquer, je le coupe.


— Non. On ne peut pas être...


Sans continuer ma phrase, je me contente de le repousser pour rebrousser chemin.


— Stiles, grogne-t-il en attrapant ma main.

— Lâche-moi Derek, ordonné-je.


Je ne lui laisse même pas le temps de répliquer que je me dégage et descends prestement les escaliers. En arrivant dans le salon, je peux voir Jackson me fixer.


Alors c'était ce qu'il voulait me dire ? Ce qui a changé chez moi.


Pour ne plus y penser, je tourne ma tête vers l'extérieur. Le soleil se lève. Je fais donc un signe de tête à mon bêta et avant que Derek ne termine de descendre les marches, je me dirige dehors et force la barrière grâce à mon pouvoir d'alpha.

Je m'en sors avec quelques blessures mais rien qui ne guérira pas alors je n'attends pas plus et m'installe dans ma voiture direction le point de rendez-vous. Occultant volontairement le visage colérique et peiné de l'ancien alpha devant ma maison d'enfance.


Ça ne peut pas être vrai. Il mérite beaucoup mieux que moi. Je porte malheur, les problèmes me suivent toujours. Puis pourquoi on ne s'en est pas rendu compte bien avant alors qu'on se connait depuis des années ? Ça n'a pas de sens. Ce n'est pas réel.


FLASH BACK, 6 ANS PLUS TÔT


— Un alpha inné ? réfléchis le druide. Je n'en ai entendu parlé qu'une seule fois mais rien de bien sûr. Pourquoi tu me poses cette question ?

— C'est Haemon. C'est le nom qu'il m'a donné en voyant mes yeux.


Deaton me regarde choqué. Lui qui n'est généralement pas très expressif, ça ne me rassure pas vraiment. Lentement, il s'approche de moi.


— Montre les moi.


Soupirant, je fais tout de même ce qu'il me demande. Cela prend quelques secondes puisque je n'ai toujours pas l'habitude mais j'y arrive finalement. La surprise se change alors en fascination dans le regard du vétérinaire.


— Vous pouvez me raconter ce qu'il s'est passé ?


Scott entreprend alors de lui raconter notre soirée avec le plus de détailles possibles tandis que je n'écoute que d'une oreille.


— Ensuite Haemon l'a forcé à se transformer et on a vu ses yeux. Ils étaient rouges avant même que Stiles ne tue Dycklan. Je pensais que les vrais alphas ne pouvait pas tuer de sang froid sans crainte de perdre leur pouvoir.


Allan hoche alors la tête.


— Pour un vrai alpha, c'est vrai. Mais si ce que vous me dites est exacte et si Haemon est réellement persuadé que tu es un alpha inné, Stiles. Alors tu es le loup le plus rare qui existe. D'après les rumeurs que j'ai entendu, il n'y en a eu que très peu et uniquement des loups mordus. Cela survient quand un être humain montre déjà les qualités, le coeur et l'instinct d'un alpha avant sa transformation. Sa nature profonde ne change donc pas une fois métamorphosé. Ça expliquerait aussi pourquoi tu n'as pas recherché ton alpha. Au fond de toi, tu n'en avais pas le besoin puisque tu en es déjà un. Contrairement aux loups qui peuvent passer d'un stade à un autre, tu ne seras jamais un bêta ou un oméga. Ton loup et ton côté humain s'accordent parfaitement. Je ne pensais pas que cette légende existait.


Alors qu'il nous explique ce que je suis avec un air ébahi, tout ce que j'entends, c'est qu'encore une fois, je ne suis pas comme les autres. Déjà humain, je n'étais pas comme tout le monde. Hyperactif, surdoué, sarcastique. J'étais heureux d'être le seul humain dans une meute de loup. Ça faisait un peu de moi la personne la plus normale de la bande. Maintenant que j'étais sensé me retrouver à peu près à égalité aves mes amis, voilà que j'apprends qu'encore une fois, je suis le seul. Un être à part.

Presque une malédiction...


RETOUR AU PRÉSENT


Je suis arrivé en quelques minutes seulement sur la colline. Scott est déjà là, tourné vers la ville que l'on voit en contre bas. D'après mes sens, je dirai qu'il n'a pour le moment pas menti, nous sommes seuls. Je ne sais pas si on va le rester longtemps mais c'est déjà un début. Je sors donc de la voiture et me dirige vers mon ancien frère à pas de loup.

Scott ne se retourne pas mais je sais qu'il m'a entendu. Je me poste juste à côté de lui, gardant mon visage le plus impassible. Nous restons droit dans le silence pendant encore un moment avant que le vrai alpha ne se décide à parler.


— À quoi tu t'attendais en amenant ta meute Stiles ?


Si elle ne me surprend pas, sa question n'est pourtant pas la meilleure façon de démarrer une conversation cordiale. Je sens déjà l'animal en moi sortir les crocs.


— Je te l'ai dis, nous n'avions rien contre vous. C'est toi qui a commencé tout ça.

— Tu ne devais pas revenir ici, réplique-t-il.

— Tu penses que je vais abandonner mon père parce que tu as peur de moi ?


Cette fois, on se fait face.


— Je n'ai pas peur de toi.

— Vraiment ? Laisse-moi en douter. Ça fait un moment que j'ai compris Scott. Tu ne m'as pas chassé parce que tu craignais que je blesse la meute. Tu m'as chassé parce que tu avais peur qu'ils me préfèrent à toi en tant qu'alpha. Tu m'as chassé parce que tu ne supportes pas de savoir que le petit humain faible qui te suivait partout est en fait plus spéciale que toi, plus rare qu'un « vrai alpha ».

— C'est faux, grogne-t-il. Tu ne sais pas de quoi tu parles.

— C'était toi mon alpha Scott. Je n'ai jamais cherché à remettre en cause ton autorité sur la meute mais tu as vu un obstacle alors tu m'as rejeté.

— Tu ne faisais déjà plus parti de la meute ! Tu as été mordu par un autre alpha.

— Tu es pourtant bien placé pour savoir qu'on peut intégrer une autre meute que celle de son créateur, n'est-ce pas ? Tu as préféré créer ta meute auprès d'humains que rejoindre Peter à l'époque.

— Ce n'est pas la même chose !


Cette fois, c'est moi qui grogne.


— Arrête de te trouver des excuses pour te rassurer ! Tu m'as rejeté ! Tu as passé un marché avec ceux qui voulaient nous tuer ! Tu te sentais en danger ! Tu as abandonné ton « frère » ! Tu as choisis ! Ce qu'il s'est passé n'est pas de ma faute ! Ce n'est même pas de la faute d'Haemon ! C'est de la tienne ! C'est toi qui m'a ordonné de partir et qui a menti à tous les autres ! dis-je, en colère.

— J'ai fait ce que j'avais à faire ! J'ai protégé ma meute !

— De quoi ?! Je n'aurais jamais fait de mal à la meute ! Vous étiez ma famille !


Souriant sadiquement, le loup rétorque :


— Et on sait tous les deux à quel point tu es nocif pour les membres de ta famille Stiles. Ton père s'est fait viré à cause de toi, il a même failli mourir plus d'une fois. J'ai été mordu à cause de toi. Sans parler de ta...


Avant qu'il n'aille au bout de sa phrase, il se retrouve plaqué contre un arbre, mes griffes autour de la gorge.


— Tu vois, « alpha inné ». Tu es instable. Tu as tué deux personnes dès ta première transformation. Et je suis prêt à parier que d'autres sont morts après avoir croisé ton chemin.


Je serre tellement ma mâchoire que s'en est douloureux. Petit à petit, je finis par relâcher le loup. Les visages de tous ceux que j'ai perdu, de tous ceux que j'ai peur de perdre. Je les vois tous tourner autour de moi comme un tourbillon venu pour m'arracher le coeur. C'est à ce moment-là que je réalise que nous ne sommes plus seuls.

L'Alpha Inné [ Sterek ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant