CHAPITRE 69

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— Derek ? bégayé-je, toussant sans doute mon propre sang.


La douleur, cette fois bien présente dans tout mon corps, m'empêche de réellement m'exprimer. Je ne peux alors que constater un mélange de souffrance et de soulagement visible sur les visages de ma famille, dispersée autour de moi.


— Bordel Stilinski, tu nous as fait peur ! Dis-moi que ça va ! crie Theo, affolé.


Ne voulant pas prendre le risque de m'étouffer une nouvelle fois avec ma salive, mélangée du liquide rouge, je hoche la tête pour les rassurer. À ma droite, Ivy semble se vider de ses forces, puisant dans toute la magie qu'il lui reste pour me soigner. Ma vision est encore un peu flou mais en prenant conscience de ce qu'il se passait avant que je ne me retrouve dans cet état – je ne sais toujours pas comment, je cherche la sirène du regard.

Il ne me faut pas longtemps pour la trouver, étant à moitié allongé sur ses genoux tandis que son regard violet est fixe sur un point que je ne vois pas, en face de nous. La première chose que je remarque, c'est qu'elle ne souffre plus. Son visage est fermé de colère. C'est une expression que je n'avais encore jamais vu sur elle et ce fait me laisse un frisson désagréable. Pris d'une pulsion, j'essaie de lever le bras pour le poser sur sa joue mais je manque beaucoup trop de force pour aller au bout de mon geste.


— Lev...


Ma voix se coupe.


J'ai besoin de savoir. Il faut que je sache ce qu'elle voit, ce qu'elle ressent. J'ai bien compris qu'elle a pris quelqu'un sous son emprise, je connais bien ce regard mais quelque chose ne va pas. Quand elle capte mes souvenirs, elle n'a jamais autant de haine dans le regard, autant de rage...

Je ressens ce besoin de la protéger sans savoir comment.


Un déchirement me tend soudainement et un cri sors de mes lèvres trop rapidement pour que je pense à le retenir. À peine conscient, je tente de me raccrocher à n'importe quoi qui pourrait m'aider.


— Ne prend pas sa douleur ! crie Ivy. Elle l'aide à guérir, si tu le soulages, ça va retarder les choses.

— Mais... commence Derek avant de capituler.


Ce traitement entre élancement et soin dure encore une bonne dizaine de minute pendant lesquels, seuls mes cries sont audibles dans le bois. Quand elle a enfin terminé, la sorcière s'évanouie sur mon épaule, soulevé ensuite par Ethan.

C'est Theo et Jacks qui m'aident à me redresser pour me permettre de m'assoir, toujours près de la blonde. Derek face à moi est en proie à une panique flagrante. Le voir si expressif m'aurait sans doute fait rire quelques années en arrière si la situation avait été différente. Pour l'heure, je n'en ai aucune envie. Tout ce que je veux, c'est le rassurer pour qu'il comprenne que je ne le laisserai pas. Qu'il ne perdra pas encore quelqu'un à qui il tient. Hésitant, il approche son visage du mien jusqu'à coller nos fronts l'un contre l'autre.


— Je croyais... j'ai cru... sanglote-t-il silencieusement.

— Ça va, t'inquiètes Sourwolf, tu te débarrasseras pas de moi comme ça, souris-je.


À l'entente de ce surnom que je n'ai pas utilisé depuis je-ne-sais combien de temps, j'enregistre un raté et une accélération de son coeur. Après quelques secondes à profiter de l'intensité de ce que l'ont ressent, Derek se relève pour se placer près des autres, me laissant tout le loisir de voir ce qui m'échappait.


Devant mes yeux, l'image d'un Scott à genoux, luttant contre ses démons. Le reflet améthyste dans ses prunelles ne laissent aucun doute sur ce qu'il est en train de subir. Poussant mon regard plus loin, je réalise que toute la meute du vrai alpha est touché.


L'Alpha Inné [ Sterek ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant