CHAPITRE 55

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RETOUR AU PRÉSENT


Quand Graham sort pour la deuxième fois de ma tête, ce n'est plus vraiment moi qui lui fait face mais mon loup. Je me sens pousser ce même hurlement caractéristique que j'ai poussais quand c'est arrivé. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai la sensation que Theo a aussi vécu ça et je veux juste l'avoir près de moi. Mon cri, mélange de tristesse, de désespoir, de colère et de culpabilité a dû être entendu dans toute la ville.

Pendant ce temps, l'alpha face à moi sourit.


— Tu as l'air si brisé, c'est beau à voir.


Je voudrais lui cracher à la gueule qu'il n'est qu'un putain de taré mais mon loup s'est replié au fond de moi, endeuillé et détruit, me laissant sans force, sans voix, sans rien.


— Par contre, tu n'as pas l'air d'avoir envie de mourir, dommage.


Je ne réponds toujours pas.


Il a tord... une part de moi a bien envie de mourir mais une autre, plus forte, se rappelle de tout ce qu'elle laisserait derrière elle. Je ne peux pas abandonner comme ça pour quelque chose que je ne pourrais pas changer. Et même si c'est difficile, j'ai appris à vivre avec ce traumatisme et cette douleur.


— Tu sais quoi... commencé-je. T'es juste con.

— Pardon ? gronde-t-il.

— Tu voulais me donner envie d'abandonner mais tout ce que tu m'as donné, c'est une raison de plus de tenir. Parce que je ne perdrais plus jamais un membre de ma meute.


Contrarié que son plan ne se soit pas déroulé comme prévu, Graham me donne un coup de griffe en plein visage, me faisant craché le sang qui coule dans ma bouche.


— J'ai toujours dis que tu avais la langue bien trop pendu, me crache-t-il.


Les heures qui suivent, il s'acharne sur moi comme si j'étais un sac de boxe. Me martelant de coup, arrachant ma chair sans me laisser une minute de repos. C'est pareil le lendemain, et le sur-lendemain. Graham a apparement pour mission de m'apporter au porte de la mort et s'il continue à me torturer sans me laisser l'opportunité de guérir, il atteindra son but. Je ne vois presque plus rien tellement mes yeux sont enflés.


Je sais qu'il s'apprête à me frapper une nouvelle fois mais un bruit assourdissant retentis juste au-dessus de nous. N'ayant de nouveau pas accès à mes sens, je ne sais pas ce qu'il se trame mais en observant mon vis-à-vis, je comprends que ce n'était pas prévu.


— C'est quoi ce bordel ?! ralle-t-il en sortant de la pièce où je suis enfermé.


J'essaie un moment de tendre l'oreille mais la fatigue me fait vite lâcher l'affaire. Je finirai bien par savoir ce qu'il se passe quand Graham reviendra. D'après ce que j'ai compris en écoutant les alphas, nous sommes dans une sorte de boomkers sous la forêt de Beacon Hills et le seul moyen d'y accéder, c'est par un passage caché dans une grotte près des hauteurs du territoire. Je me demande encore comment ils ont trouvé cet endroit.

À l'époque on avait fouillé Beacon Hills de fond en comble avec la meute et on a jamais eu connaissance de ça.


Mon corps penché en avant, je commence à fermer les yeux. Il y a tellement de facteur qui pourraient être la cause de ma fatigue que je n'essaie même pas de savoir pourquoi. Je profite juste que Graham n'est plus là pour lâcher prise.


Juste cinq minutes.


Mes oreilles bourdonnes, j'ai l'impression de peser une tonne. Brusquement, je me sens être secoué dans tous les sens mais mon esprit a déjà déserté et mes yeux ne veulent pas s'ouvrir. Graham finira par se lasser et partir. J'en peux plus, je veux juste dormir.


De toute façon, il va pas me tuer, pas vrai ? Ils auront pas ce qu'ils veulent si je meurs. Ça signera aussi la fin d'Haemon. Ça me rassure au moins de savoir que si je pars, je partirai pas seul, ce monstre viendra avec moi dans la mort. Ça fait au moins une bonne nouvelle. Au final peu importe que je meurs ou pas, tant que ça leur met des battons dans les roues.

Peut-être que je reverrai Logan et qu'il me pardonnera, de l'autre côté.


Quand l'inconscience finit par arriver, je crois entendre une voix crier mon nom sans la reconnaitre. Sans doute un rêve ou un fantasme que j'imagine une dernière fois. Je crois qu'elle me demande d'ouvrir les yeux. Mon désespoir doit me jouer des tours.


Comme transporter dans un dernier rêve, je croire percevoir les timbres de Derek, Theo, Jackson. Je sais bien que c'est impossible mais ça fait tellement de bien. Mon corps devient même plus léger et j'ai l'impression qu'il flotte. Je n'ai jamais eu envie de voler mais c'est la sensation que j'ai en ce moment. Celle d'être transporté par un nuage, quelque chose de chaud et de doux.


Pour me donner une idée de mon état, je tente de bouger l'un de mes membres mais je ne sens plus rien. Alors je laisse mon esprit m'emporter dans ce rêve d'un confort auquel je n'ai pas droit.


Désolé les amis, je crois vraiment que c'est mon heure. Je sais que vous allez m'en vouloir de m'être laissé avoir mais je vous jure que j'ai lutté jusqu'à la dernière seconde. Après tout, faire tourner les autres en bourrique, c'est ma marque de fabrique. À la Stilinski. J'aurai préféré que Derek ne se rende pas compte qu'on était compagnon, il souffrirait moins de mon départ mais de toute façon c'est trop tard. Je compte sur lui et Theo pour prendre soin de la meute. Je sais que je peux leur faire confiance pour ça.

Peut-être même qu'après mon départ, les choses s'arrangeront avec Scott. J'aimerai bien que mon meilleur ami puisse être avec son compagnon. Liam mérite autant que lui d'être heureux et pour l'instant, c'est nos conflits qui les séparent. Dommage que je n'ai pas pu régler tout ça avant. Je regrette aussi de ne pas avoir pu dire au revoir à mon père. Je lui avais promis que je viendrai le voir le plus tôt possible. Je devais encore comprendre comment il a pu se retrouver dans le coma. Tant pis. Encore un mystère non-élucidé sur la grande liste de Stiles. C'est marrant, maintenant que je me sens mourir, on dirait que je recommence à m'exprimer comme avant quand je parlais trop et sans m'arrêter. Enfin dans un sens, ça ne m'a jamais vraiment quitté puisque dès que je suis près de Derek, ça reprend. Avec lui, je dis toujours tout ce qui me passe par la tête sans réfléchir aux conséquences et ensuite j'ai envie de m'en foutre une pour avoir ouvert ma bouche. Je me demande comment ça se fait qu'il n'essaie plus de me faire taire. Au contraire même, depuis qu'on s'est revu, il essaie de me faire parler. La différence encore notre passé et maintenant est troublante parce qu'à la fois, c'est comme si les choses avaient pas vraiment changés. Il finit toujours par se retrouver sur mon chemin et moi sur le sien. Enfin, finissait. Ça ne se reproduira sans doute plus. Est-ce que Scott va ressentir quelque chose à ma mort ? Je crois que j'aurai jamais la réponse à cette question. Ni d'ailleurs à « pourquoi je me la pose ». Il faut croire que j'aime vivre dans le passé à ressasser une vieille relation qui s'est très mal finit. De toute façon, je ne me détache jamais de rien. La preuve, je rêve encore souvent de ma mère, d'Allison, de Logan. J'espère les revoir. Même s'ils doivent tous les trois m'en vouloir puisque je suis responsable de leur fin...


Au final, Arthur a bien choisi le tatouage qu'il m'a fait. « Ankou », le valet de la mort dans les croyances celtes et druidiques. On peut dire effectivement que c'est ce que je suis. Lydia trouve les cadavres, moi je les apporte.

C'est ça, ma vraie nature.

L'Alpha Inné [ Sterek ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant