CHAPITRE 21

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Ne sachant pas où aller pour le moment, je gare ma voiture près de la falaise. Ado, je venais souvent ici parce qu'on voyait toute la ville. Le loup en moi ne s'étant toujours pas calmer, je me retiens de hurler ma peine à plein poumons, me contentant d'approcher un arbre pour y taper de toutes mes forces, espérant évacuer mes émotions de cette façon.

Je tente de penser à ma meute comme je le fais toujours, de penser à quel point je les aime, à tous nos moments de bonheur ensemble mais il faut croire que mon ancrage ne fonctionne pas dans cette ville. Je perds pied. Tout ce à quoi j'arrive à penser sont les mots de Derek et je ne sais pas pourquoi.


« — Je crois que je sais ce qui a changé chez toi, déclare l'hybride.

— Comment ça ? demandé-je, intrigué.

— Ce changement d'odeur qu'on a remarqué, explique-t-il. Je pense que j'ai compris.


Piqué dans ma curiosité, je l'interroge.


— Je ne peux malheureusement pas te le dire tant que tu ne t'en es pas rendu compte toi-même, rit-il. Enfin ça me fera quand même plaisir de te voir galérer un peu, j'avoue. »


Étrangement, les mots de Jackson se rappellent à moi également.


Qu'est-ce qu'il a voulu dire ? Qu'est-ce qui a changé chez moi, enfin mis à part mon odeur ? Et pourquoi ça m'interpelle maintenant ?


Je sens mon loup gémir de douleur, se sentant trahi comme il ne l'a jamais été. Perdu, je me laisse simplement tomber contre l'arbre que je viens de massacrer, me tirant les cheveux en essayant de comprendre ce qui ne va pas chez moi.


Pourquoi seuls les paroles de Derek sont capables de me mettre dans des états comme celui-là ? Est-ce que ça aurait un lien ? Maintenant que j'y pense, il y a autre chose de bizarre. Quand mes yeux changent de couleur, les siens se synchronisent. Comme tout à l'heure. Est-ce que c'est normal ?


Je n'ai jamais remarqué ça chez mes loups ou à l'époque où j'étais dans... bref. J'ai l'impression de toucher au but, comme si j'avais les mots que je cherche sur le bout de la langue sans possibilité de les prononcer.

Assourdit par les battements vifs de mon propre coeur, je n'entends pas les pas qui s'approchent de moi. Ce n'est qu'en sentant une présence m'observer pendant quelques minutes qu'un grognement sonore sort de mes lèvres. La colère me prenant encore plus violemment quand je sens l'odeur de cette personne.


— Comment tu m'as trouvé ?

— C'est mon loup qui m'a conduit jusqu'ici, déclare Derek en s'approchant.

— Je te conseille de ne pas avancer, grondé-je.


Si les émotions que je ressens par rapport au loup sont plus que confus pour moi, je ne peux tout de même pas pardonner ce que j'ai entendu. Mon loup semble d'accord avec moi, souhaitant se venger de cette trahison.


— Ce n'est pas ce que tu crois Stiles.

— Vraiment ? ris-je, à bout de nerf. Tu n'étais pas en train d'adhéré à l'option « livrer Stiles » en soutenant à quel point je suis instable et dangereux.


Relevant la tête, les yeux luisant, je sais que je ne plaide pas ma cause. Mais je refuse de me laisser faire comme ça alors que j'ai juste envie d'étriper l'homme face à moi.


— Je ne comptais te livrer à personne, grogne-t-il.

— Permet-moi de douter de tes paroles Derek. Je sais parfaitement ce que j'ai entendu !


L'ancien alpha serre les poings, contrarié.


— Tu mens bien Derek, craché-je. J'ai failli te croire l'autre jour quand tu disais que tout ce que tu avais voulu, c'était que je revienne en ville pour retrouver ton ami. En fait, tout ce que tu voulais c'était en savoir plus sur moi pour déterminer si je suis ou non une menace, et je vois que tu as fait ton choix.

— C'est faux ! Je n'ai pas menti ! C'est pour toi que je suis revenu, détrompe-t-il.

— Pour aider Scott à me remettre aux alphas en échange d'un territoire ! accusé-je.


Je sais que je l'accuse de quelque chose dont je ne sais rien, qu'il n'a jamais été question de ça. Seulement les choses se mélangent tellement dans ma tête que je ne sais plus ce qui est vrai ou pas.


— Pourquoi tu étais là Stiles ? interroge-t-il.

— Parce que c'est de ma faute si j'ai surpris votre conversation à mon sujet ?! Tu crois peut-être que j'étais venu vous espionner !

— Ce n'est pas ce que j'ai dis, dit-il durement.

— Mais c'est ce que tu penses ! Pour ton information, j'étais venu te demander ton aide pour parler à Scott parce qu'Haemon et une meute de loup mercenaire que je connais bien nous ont attaqué, ma meute et moi, ce matin dans la forêt. Je voulais savoir qui les avait prévenu de mon retour, maintenant je sais.

— Pourquoi tu aurais voulu de mon aide, toi qui passe ton temps à m'envoyer balader ?

— Il faut croire que j'avais encore un soupçon de confiance en toi, lâché-je. Je te rassure, ça a disparu.


Je peux voir quelque chose se briser dans son regard mais il ne réplique rien.


— Passe un message de ma part à tes nouveaux amis. Si vous touchez, votre meute et vos alliés, à un seul cheveu des miens, mon père inclus, je vous tuerai.


Mon regard est glacial. Je suis conscient de la menace que je formule et je n'hésiterai pas à la mettre à exécution.


— Tu sais parfaitement que la meute ne toucherait pas à ton père ou aux tiens.

— Vous êtes avec Haemon. Il me laisse sept jours pour le rejoindre avant que sa meute n'arrive ici. Passé ce délai, il prévoit de nous éliminer en commençant par mon père. Si vous vous trouvez sur mon chemin, je ne ferai pas de distinction.


Derek semble surpris de mon aveu mais je m'en moque. Qu'il sache ou non à qui se fie son alpha, c'est son problème. Le mien est de protéger ma famille. Je commence à lui tourner le dos pour m'en aller quand une question me vient à l'esprit.


— Est-ce que tu sais pourquoi tu t'apprêtes à te battre Derek ?

— Comment ça ?

— Scott t'a-t-il dit ce que je suis ? demandé-je.

— Non.


Évidement, il n'y a que Scott, Deaton et les alphas qui savent. Sans compter ma meute.


— Alors peut-être que tu n'as pas encore toutes les informations pour prendre parti.

— Donne-les moi, s'exclame-t-il.

— Je ne vais te dire que ça. Je n'ai pas volé mon pouvoir.


Ses sourcils se froncent dans une tentative de comprendre mes paroles.


— Tu parles de ton pouvoir d'alpha ?


Je ne lui réponds pas.


— La prochaine fois que je te verrai, Derek Hale, ça sera en tant qu'ennemi.


Puis je m'en vais, en direction de ma maison d'enfance, le coeur en miette.

L'Alpha Inné [ Sterek ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant