CHAPITRE 53

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— À ton avis, pourquoi il nous a rien dit ?


Soupirant, je regarde le jeune garçon allongé près de nous respirer faiblement, profondément endormi. Nous nous sommes arrêtés dans un hôtel assez loin de là où les mercenaires nous ont attaqué pour nous reposer un peu et reprendre des forces.


— J'en sais rien, soupiré-je. Il pensait peut-être qu'on ne l'aiderait pas en sachant la vérité, va savoir.

— Ils ont failli le tuer, grogne Theo, frustré.

— Le plus important, c'est qu'on aille tous bien.

— Qu'on aille bien ? s'offusque mon ami. Stiles, t'aurais pu mourir ce soir !

— Mais je suis là, rétorqué-je. Et lui aussi.


Épuisé, la chimère ne répond plus rien et se contente de poser la tête sur mon épaule comme il en a pris l'habitude.


Au petit matin, j'ouvre les yeux en entendant du bruit dans la chambre. Mon regard se pose automatiquement sur Logan qui semble sortir du sommeil. L'adolescent se redresse, les yeux vitreux qu'il frotte de sa main avant de regarder dans notre direction. Quand il pose le regard sur nous, je vois la surprise suivit de la peur et du regret passer sur son visage. Les larmes lui montent rapidement alors que je me dégage de Theo qui émerge également de sa nuit pour le rejoindre et le prendre dans mes bras.


— Je suis désolé ! sanglote-t-il. Je suis tellement désolé ! Pardon ! J'aurai dû tout vous dire ! Pardon ! S'il te plait, me rejette pas ! J'aime être avec vous ! C'est vous ma meute !


Il parle tellement vite entre ses pleurs que j'ai l'impression de m'entendre à l'époque de mon adolescence, parlant encore et encore jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer. Du mieux que je peux, j'essaie de le rassurer en lui murmurant que je ne lui en veux pas et qu'il fera toujours parti de notre meute tout en lui caressant doucement le dos. La chimère s'ajoute au câlin ensuite, soupirant de soulagement de le voir réveillé.


— Tu nous as fait une de ces peurs, chuchote-t-il.


Nous restons comme ça encore plusieurs minutes avant de nous décoller les uns des autres. Un peu plus confiant, le châtain essuie ses larmes et soutient notre regard.


— On t'en veut pas Logan, affirmé-je une nouvelle fois. Mais tu vas devoir nous raconter. Plus de secret, d'accord ?


Lentement, il hoche la tête.


— Ce sont mes frères, grimace-t-il.


Suspendu à ses lèvres, j'essaie de ne pas montrer mon trouble et j'attends.


— Arthur, Steven et Gordon Jefferson, mes aînés. Il y a des années, on faisait parti de la meute de nos parents. Mes frères ont toujours été du genre à faire des conneries et à se montrer agressif mais mon père les faisait rentrer dans le rang. C'était son rôle d'alpha. Quand les nôtres se sont fait tuer par une meute rivale, Arthur a décidé de prendre les rennes comme chef. Il a pas pu devenir un alpha mais c'est lui le plus fort alors les autres ont suivi. On avait plus d'endroit où vivre mais pour lui, c'était pas important. On squattait à droite, à gauche. Il m'a enlevé du collège. Il a commencé à accepter d'être payé pour faire le sale boulot des gens. Être un loup de naissance ça aide quand on doit retrouver du monde. Les missions sont devenus de plus en plus barbare mais il adore ça. Torturer, tuer. Pour lui, c'est pas un problème.

— Et les autres ? interroge Theo.

— Plus ça allait, plus Steven et Gordon ont fini par lui ressembler. Généralement, ils me mettent sur la touche mais ça me gêne pas. Je voulais pas faire ça. Quand vous m'avez vu fuir, je venais de faire foirer une mission. Pour la première fois, ils ont décidé de m'amener avec eux et je pouvais pas les laisser faire alors je me suis arrangé pour faire fuir la femme. Je voulais pas qu'ils la tuent. Elle était enceinte et son ex-mari nous avait payé pour les supprimer, elle et l'enfant. C'était trop horrible.


Voyant qu'il a du mal à continuer, je pose ma main sur la sienne pour l'encourager.


— Je l'ai libéré mais j'ai pas été assez discret et Steven m'a vu. Au début, ils ont juste voulu me punir mais l'ex-mari a été tellement fâché qu'ils leur a dit que comme c'était ma faute, il faudrait me tuer moi pour toucher l'argent. J'ai toujours été une gêne pour eux. J'ai pas attendu, j'ai eu la frousse alors... je me suis enfuie.

— C'est là que tu nous as trouvé, conclué-je.

— Ouais...

— T'aurais pu nous le dire, tu sais, déclare Theo.

— Je me suis dis que s'ils me retrouvaient pas, c'était pas la peine d'en parler...


Instinctivement, je le reprends dans mes bras.


— Ça va aller, dis-je. On va te sortir de là.

— Mais ils lâcheront jamais ! C'est dans leur nature ! Ils... ils traquent leur proie, ils jouent au chat et à la sourie et ensuite...

— Mais tu n'es plus tout seul maintenant, souris-je.

— C'est vraie, acquiesce Theo. Maintenant tu as une vraie famille.


La pression dans la pièce finit par retomber, les choses reprenant leur cours normal. Malgré le fait que j'ai donné le change, l'animal en moi n'est pas rassuré. Je sens qu'il va se passer quelque chose et j'ignore quoi. Tout ce que je sais, c'est que je ne laisserai rien arriver au petit.


Ce n'est pas de sa faute s'il est né dans cette famille et si ses frères sont cinglés. Il mérite une belle vie, pas une vie remplit de meurtre et de sang. Être un loup-garou ne veut pas forcément dire qu'on est un monstre assoiffé.


Pendant que Theo est sous la douche, je regarde par la fenêtre de la chambre d'hôtel. Logan s'est rendormi. Guérir d'une blessure si grave lui a demandé beaucoup d'énergie, il faut qu'il se repose un maximum.


Il est trop jeune pour vivre entouré de conflit...


Quand il dort, son visage parait encore plus enfantin. J'espère de tout mon coeur pouvoir lui offrir la vie qu'il mérite. Après tout, je gagne plutôt bien ma vie en tant qu'agent et avec Theo, on pourra lui montrer ce que devrait être une vraie meute. On pourrait même se poser quelque part et il reprendrait l'école, comme n'importe quel enfant de son âge. On serait de vrai grands frères pour lui et je suis sûr que papa l'adorerait s'ils se rencontrent. Tout ce qu'on doit faire pour réaliser ça, c'est s'occuper des Jefferson.


Pour la première fois depuis qu'on m'a chassé, mon loup et moi sommes sur la même longueur d'onde. On protégera les nôtres, qu'importe le prix.


Parce que c'est ce qu'un alpha est sensé faire. Protéger les siens.

L'Alpha Inné [ Sterek ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant