CHAPITRE 50

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Précision au cas où, les chapitres qui suivent se passent dans le passé de Stiles. Tant que vous ne voyez pas le « retour au présent » ça fait partie du Flash Back

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Assis sur le sol, la tête contre mes genoux et les mains sur mes oreilles, j'essaie de ne pas écouter ce que me dit Scott. Il n'arrête pas de me répéter que je suis un monstre, un danger pour la meute, une abomination. Il me dit qu'il regrette de m'avoir connu, que c'est moi qui aurait dû mourir à la place d'Allison. Que s'il avait su ce que je deviendrais, il ne se serait pas autant débattu pour me sauver. Qu'il était beaucoup plus heureux quand les cavaliers fantômes m'avaient effacé de ses souvenirs...

Tout ce que je peux faire moi, c'est versé des larmes en me répétant que ce n'est pas vrai. Que je ne suis pas un monstre. Que tout ce qu'il s'est passé n'était pas de ma faute. Malheureusement je crois de moins en moins en ma propre version de l'histoire.


— Stiles ! Stiles ! Oh, Stiles !


Une voix vient soudainement s'ajouter à celle de celui qui fût mon frère mais je n'ose toujours pas relever la tête. Je ne veux plus croiser son regard. Personne avant lui ne m'avait regardé avec autant de haine dans les yeux.


— Bordel Stiles !


Non. Laissez-moi tranquille...


— Stiles ! Réveille-toi !


Puis tout d'un coup, je me redresse dans mon lit, en sueur, la respiration haletante. Theo face à moi m'observe, le visage véritablement inquiet. Sans que je n'ai eu le temps d'ouvrir la bouche, la chimère me prend dans ses bras. Si fort que j'en serai à me demander si je n'étais pas en train de mourir. Je n'hésite pas une seule seconde avant de lui rendre son étreinte. J'en ai besoin.


— Bordel Stilinski, murmure-t-il. T'étais parti loin, j'ai cru que tu te réveillerais jamais. Tu faisais une crise de panique dans ton sommeil, t'arrivais plus à respirer et je...

— Shh, t'inquiètes, je vais bien. Je suis là.


L'odeur qu'il dégage ne laisse aucun doute sur la peur qu'il a ressenti. Un mélange de fumer, de fruit pourri et terre. N'étant pas habitué à mes sens plus développés, je tente de mémoriser les fragrances que me renvoie chaque émotion que je sens.

Pendant tout le reste de la nuit, nous restons allongés tous les deux dans le même lit tandis que la présence de chacun nous apaise et nous rassure. Theo a fini par s'endormir à un moment donné mais je n'ai pas pu fermer l'oeil. De toute manière, l'avantage d'être un loup-garou c'est que je n'ai plus besoin d'énormément de sommeil et comme j'étais déjà un insomniaque de base, je crois que le sommeil prend encore moins de place dans ma vie.


Le lendemain, nous avons évidemment repris la route sur les plaintes de Theo. Ayant eu un appel d'un de mes supérieurs, j'ai pour mission d'aller dans une petite ville près de Denver. Un poste de police a apparement besoin d'assistance pour attraper un tueur en série qui viserait des anciens élèves d'un lycée privé. Il laisserait sur chaque scène de crime une page de l'album du lycée avec les visages barrés de ses victimes. À par ça, ça serait un fantôme. Ils supposent que c'est un ancien élève, professeur ou membre de l'administration mais il n'y aurait aucun indice pour le coincer. L'affaire traine depuis des mois et il y a déjà eu treize personnes retrouvées mortes chez elles.


— C'est quand même macabre comme affaire, déclare Theo en jetant un coup d'oeil à mon nouveau dossier. Regarde ça, la victime numéro trois a été retrouvé le crâne et les sourcils rasés, des ciseaux plantés dans le coeur, la nuque, l'estomac, le foie et la cuisse. D'après les légistes, cette femme de trente-six ans aurait été torturée vivante avant qu'on lui assène le coup fatal. Il n'y a pas de trace de lutte.

— Un drogue peut-être ? Qui l'aurait paralysé, demandé-je en conduisant.

— Ils y ont pensé mais aucune trace d'une quelconque drogue connue dans son organisme. Elle était d'ailleurs sobre depuis presque dix ans et parrainait un homme de vingt-trois ans chez les alcooliques anonymes. C'est sa femme qui a trouvé le corps en rentrant d'une visite à l'étranger.

— Les autres victimes, ça donne quoi ?

— Toujours des morts dans d'atroces souffrances, particulièrement glauques et sans trace de lutte. Le numéro un a été retrouvé le ventre ouvert avec un plateau repas coupé en morceaux dans l'estomac. La deuxième était griffée des pieds à la tête. La quatrième avait des punaises coincées dans le rectum, beurk.

— Pour la dernière, ça donne quoi ?

— Il y a deux jours, un homme de trente-sept ans, père célibataire de deux enfants en bas âge. Il a été retrouvé par la nounou et a été tué un compas dans la trachée. Le tueur a pris le temps de dessiner – ou plutôt graver un magnifique mandala dans sa chair.


Effectivement, c'est vachement glauque.


— On dirait des vengeances personnelles.

— À quoi tu penses ?

— Sans doute un élève harcelé qui a pété un plomb, réfléchis-je.

— Vingt ans plus tard ? Pourquoi attendre si longtemps ?

— Peut-être qu'un événement lui a rappelé cette mauvaise période de sa vie. Une rencontre entre anciens élèves ou il en a peut-être juste parlé à quelqu'un et ça a rouvert ses blessures. Quelqu'un suivit par un psy, ça collerait. En tout cas, je paris sur un élève de la promotion. Regarde celle qui a été planté de ciseaux avec le crâne rasé.

— Oui, bah quoi ?

— Couper les cheveux d'un élève avec des ciseaux en cours, ce sont des choses qui arrivent fréquemment à ceux qui se font harceler. Comme avoir des punaises sur sa chaise avant de s'asseoir ou avoir la tête dans la cuvette, par exemple. Quelqu'un doit reproduire sur ses victimes ce qu'il a lui-même subit à l'école.

— Possible, je lis que le numéro dix, ancien capitaine de l'équipe de football a été retrouvé avec des matières fécales humaines dans la bouche. Tu tiens une bonne piste.


J'ai bossé sur cette affaire pendant tout un mois où on a résidé dans une auberge à l'extérieur de la ville, près d'une forêt de pin. Theo a pu se familiarisé un peu avec la nature environnante et visiter la ville pendant que je travaillais sur le terrain. Le soir, il m'aidait à réfléchir à l'affaire. Au final, j'ai pu résoudre l'affaire au bout d'un moment. Mon hypothèse de départ n'était pas totalement fausse. J'avais pensé au petit intello de la classe qui d'après ses camarades avait été pas mal martyrisé à l'école. Il s'est avéré qu'il n'a jamais pu tourner la page sur ce qu'il s'était passé mais il n'était pas le tueur puisqu'il s'est suicidé une semaine avant le début des meurtres, après une réunion d'ancien élève où sa thérapeute lui avait conseillé de se rendre pour surmonter ses traumatismes. Pendant des années, il avait décrit avec énormément de détails ce que les autres lui avait fait et quand sa petite-amie est tombée dessus, elle a décidé de tout faire pour faire payer à ceux qui l'avait poussé à se tuer. Ce qui m'a le plus posé problème a été « comment immobilisait-elle ses victimes pour pouvoir les torturer et les tuer sans qu'ils ne se débattent ? ». J'ai eu ma réponse en découvrant qu'elle était également thérapeute, spécialisée dans l'hypnose médicale. Les victimes totalement déconnectées de la réalité pensaient être dans un rêve.

En tout cas, je suis content d'en avoir fini avec cette affaire.


— On repart quand ? s'enquière Theo en se posant à côté de moi, sur mon lit.

— Pour ton plus grand bonheur, pas tout de suite, souris-je. Cette affaire m'a épuisé émotionnellement alors je préfère faire une petite pause avant de reprendre la route.

— Tant mieux ! J'avais pas envie de me retrouver coincé dans la voiture dès maintenant.

— Un jour, tu finiras pas regretter cette voiture, ris-je.


Levant simplement les yeux aux ciels, la chimère pose sa tête sur mon épaule en calant son dos contre la tête de lit. Profitant du calme, nous restons quelques minutes dans le silence. La brise automnale qui passe à travers la fenêtre est agréable.


— Si tu veux vraiment penser à autre chose qu'au boulot, ça te dit qu'on reprenne l'entrainement demain ?


Même si je n'en ai pas réellement envie, j'acquiesce.

L'Alpha Inné [ Sterek ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant