CHAPITRE 2

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J'ai beaucoup hésité entre passer chez mon père ou aller directement à l'hôpital mais le fait d'avoir fait un long trajet sans aucun repos a pas mal pesé dans la balance. Je me gare donc devant la maison du shérif de Beacon Hills avec un sourire nostalgique aux lèvres. Étrangement, même après trois ans loin d'ici, la clé est toujours accrochée sur mon trousseau avec toutes celles que j'ai obtenu ensuite.

Quand j'ouvre la porte de ma maison d'enfance, deux choses me frappent. La première chose, c'est l'odeur de renfermé qui s'est engouffrée dans la demeure. La deuxième sont tous les souvenirs qui me lient à cet endroit. Je ne retiens pas une larme roulant sur ma joue – de toute façon, je suis seul. Avant de prendre ma douche, je décide d'ouvrir toutes les fenêtres de la maison. Nous sommes encore en été alors autant en profiter pour faire passer de l'air frais, cette maison en a grand besoin. Je monte ensuite mes affaires dans ma chambre d'adolescent qui n'a pas changé d'un poil. Mes manuelles universitaires trainent toujours sur le bureau. Un vieux sweat à capuche est toujours négligemment jeté sur le lit. Une grimace me prend en repensant à quel point je pouvais être désordonné à l'époque. Je me donne pour tâche de ranger tout ça un peu plus tard, quand j'en aurai le temps.


Après avoir pris l'un de mes jeans et un simple t-shirt noir dans mes bagages, je me précipite dans la salle de bain pour prendre une douche bien froide.


Ça va me réveiller un peu !


L'écart de température entre mon corps et le jet d'eau me fait frissonner mais cela fait du bien. Me détendant au maximum, je reste là pendant bien une demi-heure. Mes cheveux dégoulines sur le sol quand je sors de la douche alors je commence d'abord par les sécher avant de m'habiller. Quand finalement je suis prêt, je pars me servir un verre d'eau dans la cuisine, notant également la vaisselle que j'aurai à faire.

J'arrive à l'hôpital environs quinze minutes plus tard. Comme je le fais chaque fois pour avoir du courage, j'inspire un grand coup en pensant à ma famille puis entre dans le bâtiment. Les locaux non plus n'ont pas changé. Je m'approche de l'accueil tranquillement, un sourire aux lèvres en reconnaissant Melissa. Mettant de côté mon angoisse que son fils apprenne de suite mon arrivée en ville, je décide de tout bonnement profiter de revoir cette femme qui a tant comptée dans ma vie.


— Bonjour Melissa, ça faisait longtemps.


En entendant ma voix, la quadragénaire relève la tête, surprise. Elle prend quelques secondes à bien me reconnaitre puis sans crier gare, contourne le comptoir pour venir me prendre dans ses bras, les larmes aux yeux.


— Stiles ! Comme tu as changé, déclare-t-elle.

— Vous m'avez manqué Melissa, dis-je en serrant l'étreinte.

— Oh Stiles, pas de formalité ! rit-elle.


Elle me relâche ensuite avant d'essuyer les larmes autour de ses yeux bruns.


— Je viens voir mon père, dis-je, soudainement moins joyeux.

— Je vais t'y conduire, attend-moi deux secondes.


Je hoche donc la tête et regarde autour de moi pendant que l'infirmière s'en va demander à l'une de ses collègues de la remplacer. Elle me rejoins moins d'une minute après et passe devant moi pour me conduire là où je désire aller. Pendant le trajet, elle m'explique vaguement dans quel état se trouve mon père.


— Il a dû subir plusieurs opérations mais sa vie n'est plus en danger pour le moment. Nous ne savons cependant pas quand est-ce qu'il va se réveiller. Il a plusieurs côtes cassées, une cheville démise et plusieurs éraflures superficielles qui ont presque disparues. Je ne sais pas sur quelle enquête il travaillait mais il était stressé depuis un bon moment déjà. Il t'a dit quelque chose ?


Quand nous arrivons dans la chambre blanche et que je vois mon père branché à toutes ces machines, je retiens un gémissement de douleur.


— Non, il ne m'a rien dit.


La mère de famille pose alors une main sur mon épaule en signe de réconfort.


— Tu peux rester autant que tu veux, ne t'inquiètes pas des heures de visite, je m'en occupe. Il a eu quelques visites de la meute et de ses collèges depuis le début de la semaine mais je te préviendrai s'il doit en recevoir d'autres. Le nouveau protocole pour les agents de police est d'annoncé ses visites à l'avance.


Ça m'arrange bien pour le coup...


— Tu as besoin de quelque chose avant que je retourne travailler ?


J'hésite un moment, ne sachant pas trop si je dois ou non aborder le sujet. Finalement je me lance tout de même. Mieux vaux que je sois prudent.


— Est-ce que tu... pourrais éviter de parler de mon retour ?


À son regard, je sais qu'elle a compris et qu'elle respectera ma demande. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle sait ou ne sait pas mais je sais que je peux lui faire confiance quoi qu'il arrive. Maintenant il faudra que je m'applique à ne pas croiser les autres en dehors de cet endroit.

Chose qui sera sûrement plus facile à dire qu'à faire...


Au moment où elle referme la porte, je me laisse aller à écouter les battements de coeur de mon père. Ils sont faibles, mais ils sont bien là. À demi-soulagé de savoir qu'il ne risque plus de mourir à tout moment, je m'approche du lit pour venir lui embrasser le front en guise de salut. Une habitude que j'ai prise avec ma meute.

Je m'assois ensuite sur le fauteuil installé près de lui et l'observe. Je ne sais pas trop si je dois lui parler ou pas. Dans ses souvenirs, il est habitué à un Stiles qui ne s'arrête jamais de parler. Ça lui fera bizarre à son réveil. Dire que même si nous avons garder contact pendant ces cinq années, nous ne nous sommes pas revue une seule fois. Son poste de shérif ne lui permet pas vraiment de prendre des vacances longues distances et j'ai toujours trop de mal à quitter les miens. Il m'a souvent proposé de les amener pour les rencontrer mais je n'ai jamais voulu prendre le risque.


Pendant des heures, je reste simplement assis là à écouter les fluctuations de son rythme cardiaque. Cela me berce légèrement. Je me demande ce que j'ai raté dans sa vie depuis tout ce temps. Est-ce qu'il a quelqu'un ? Il ne m'en a jamais parlé.

Puis surtout, quelle est cette enquête qui l'a amené dans cet état ? J'espère juste que c'est terminé et qu'il va pouvoir juste se réveiller et se remettre. Le connaissant il voudra retourner au boulot au plus vite, buté comme il est.


Je décide de quitter les lieux en voyant le quart de lune à travers la fenêtre de la chambre. Rester-là ne servira pas à grand chose et je dois appeler ma meute pour savoir si tout va bien. Ils savent que je suis bien arrivé mais je n'ai pas encore pris le temps de prendre réellement de leurs nouvelles.

Quand je quitte enfin l'hôpital, me dégourdissant les jambes jusqu'à ma voiture de location, une exclamation de surprise me fait me retourner. En voyant la personne face à moi, mes clés m'échappent. Je serre les dents.


Stiles à Beacon Hills et la chance se carapate...


Nous nous observons pendant d'interminables secondes avant que je ne me penche pour reprendre mes clés et ouvrir ma portière. Au moment où il comprend que je l'ignore, j'entends un grognement sortir de ses lèvres. Je ne peux m'empêcher de sourire.


— Content de te revoir aussi, Derek.

L'Alpha Inné [ Sterek ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant