Chapitre 2

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J'ouvre les yeux.

Je suis assise, en sueur. Mon cœur bat toujours à toute vitesse. Je ne vois rien, je suis dans le noir total. Cela me rappelle la situation d'il y a quelques minutes. Paniquée par ce que je viens de vivre, je balaie l'obscurité de mes mains. Je finis par trouver sur ma droite un fil, puis un interrupteur. Je dois m'y prendre à plusieurs fois pour réussir à appuyer sur le bouton, tant mes mains sont moites. Enfin, après un petit clic, la pièce s'éclaire d'une timide lumière jaunâtre. Rien à voir avec la clarté éclatante qui m'a éblouie quelques minutes plus tôt.

Je vois, enfin; je suis étendue dans mon lit, dans un coin de mon petit appartement aux meubles blancs et nus. Au sol règne un bazar sans nom: à gauche, un tas de linge sale, à droite, mes feuilles de cours tombées de mes classeurs, et quelques autres objets dont j'ai oublié l'utilité traînent par terre. Je tourne la tête vers la table de nuit à ma droite: mon réveil affiche 7h16.

Soulagée, je retombe lourdement sur mon oreiller; je suis enfin bel et bien réveillée. J'ai enfin regagné la réalité. La tête vide, je passe un bon quart d'heure immobile dans mes draps. Au moment où je daigne poser mes pieds par terre, les souvenirs de mes aventures de cette nuit jaillissent brusquement dans mon esprit. Tout en préparant mon petit déjeuner, je ressasse en boucle l'image de cette main me caressant tendrement. Avec le recul, tout cela m'écœure; je m'étais donc laissée toucher ainsi par une main inconnue, comme dans un mauvais film d'amour bien gnangnan. Le pire, c'est que j'aimais ça! J'essaye de penser à autre chose mais rien à faire; je revois cette main qui s'approche, me touche le visage, triture mes cheveux... quelle horreur!

Et ce rêve, maintenant que j'y repense, je l'ai déjà fait. Oui, cette main avec cette bague que je reconnaîtrais entre mille... je ne la connais que trop bien. En réalité, cette main m'a déjà caressée des centaines de fois, dans des rêves que j'ai déjà faits des centaines de fois aussi. Mais j'ai beau connaître le scénario de ce songe par cœur, je me fais prendre au piège chaque nuit. Toutes les nuits, cette main baguée parasite mon esprit et m'apparaît de la même manière. Toutes les nuits, elle me caresse amoureusement et toutes les nuits, elle se volatilise après que je l'aie touchée.

Tout en grignotant pensivement mes tartines, je saisis machinalement mon téléphone portable. Quatre messages manqués.

Coline, aujourd'hui à 2h23: Tu peux m'envoyer le cours que tu as pris hier? J'ai oublié de le rattraper...

Cédric, aujourd'hui à 6h57: Compétition de ce week-end annulée. Bonne journée.

Paul, aujourd'hui à 7h11: C'est l'histoire d'un bûcheron qui s'appelle Whaïe. Il adore siffler et chanter quand il travaille. Pourquoi? Parce que Whaïe aime scier!

Le premier est de Coline, ma camarade de fac. Toujours à la bourre pour le travail.

Le deuxième message est de mon entraîneur d'athlétisme.

Le troisième message est de Paul. Paul est un ami que j'ai rencontré il y a six ans, en vacances. Nous ne nous sommes jamais revus mais il m'envoie tous les jours une blague un peu nulle mais toujours drôle.

Le dernier message est de Gabriel. C'est l'un de mes meilleurs amis, nous étudions à la même fac. Ah tiens, il a envoyé son message il n'y a pas très longtemps...

Gabriel, aujourd'hui à 8h02: Tu fous quoi? Je t'attends depuis dix minutes!!!

Ah, merde, à force de me perdre dans mes pensées le temps est passé trop vite! Je ne suis pas prête! Le cours commence dans treize minutes! Gabriel va me tuer...

Je bondis dans l'appartement pour chercher mes vêtements, mon sac, mes affaires de cours... manquant ainsi plusieurs fois de me casser la figure en trébuchant sur les objets envahissant le sol.

Merde!

Merde!

Au moins je ne pense plus à cette fichue main baguée.

Merde!

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C'est tout pour aujourd'hui! Merci d'avoir lu!

Et surtout, joyeux Noël!!! (un peu en retard)

La vie rêvéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant