Chapitre 4

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Demain est mon premier jour, j'angoisse à l'idée de commencer une vie où je ne connais ni le lieu ni les gens qui m'accompagneront les trois prochaines années. Je mets un réveil pour 6h, ça peut paraître tôt mais pour moi c'est même un peu tard, je stress tellement que je me demande si je vais pas camper devant l'université pour éviter d'être en retard.

J'ai peur pour demain, la solitude, j'apprendrais à l'apprecier, mais l'échec ou même le sentiment de honte dû aux multiples scénarios catastrophiques que mon cerveau entreprend, ça je ne pourrais jamais m'y faire, bien que je sache que la probabilité qu'ils se produisent soit faible je ne peux m'empêcher d'envisager cet infime pourcentage dans lequel ma scolarité se rapprocherait plus d'un stage de trois ans en prison que d'une licence.

Mon réveil sonne. J'ai très peu dormi cette nuit, mes pensées me tourmentaient sans me laisser une seconde de répis. Je me lève alors et fais ma routine du matin: je m'habille, fais mes ablutions, prie, déjeune, me brosse les dents, et me peigne. Là je pars alors pour cette première journée, espérons que j'y survive.

J'arrive devant l'université, là où je passerais la majorité de mon temps. Nous entrons dans une première salle, tous debout dos à la porte ouverte quand je vois une fille s'approcher en marchant rapidement. Je suppose qu'elle est en retard.

Elle: merde je suis en retard!

Qu'est ce que je disais...

Moi: t'en fais pas t'as pas raté grand choses, je t'expliquerais si on à une pause. Met toi là et fait genre de comprendre ce qu'elle raconte, comme les trois quart des gens ici d'ailleurs mdrr.

Elle: Oh merci! t'es vraiment génial!

moi: y'a pas de soucis, t'inquiète.

La matinée est passée assez vite et la fille à qui j'ai parlée lors de son retard est restée à mes côtés tout le long. Sa présence ne m'embêtait pas, au contraire je la trouvais plutôt rassurante et je ne savais pas pourquoi. Son visage me rappelais vaguement quelqu'un mais je savais pas qui.

Elle: bon c'est l'heure de manger, ça te dit qu'on aille ensemble au quick?

Moi: oui je comptais y aller en plus.

Elle: cool on va pouvoir faire reellement connaissance!

Moi: oui.

On s'est assise et on a mangée, c'était super. Elle a deux ans de plus que moi et si elle se retrouve à faire les mêmes études c'est parce qu'elle a changé de voie en cours de route, les études de médecines sont encore plus difficiles qu'elles en ont l'air apparemment.

Elle: T'es vachement bronzé de peau, t'es de quelle origine?

Moi: mdrr t'es direct toi, j'aime bien. Je suis marocaine.

Elle: MAIS NAN! DIMA L'MAGHREB!!!! MOI AUSSI!

Moi: SERIEUX!

Elle: ouais, je suis une pure lionne de l'Atlas moi!

Moi: mdrrr. Au fait on parle depuis presque une heure mais comment tu t'appel?

Elle: Je m'appelle Tesnime et toi?

Moi: Leyna.

Elle: mh, beau prénom! qui signifie “douceur et fragilité”, tu est donc un petit coquelicot fragile au milieu des ronces.

moi: j'essaye en tout cas, et toi, ton prénom veux dire “d’une grande beauté”, je pourrais en dire autant.

Elle: j'essaye en tout cas… Au fait, t’es d’ici?

Moi: non, je suis venu pour les études. Et toi?

Elle: à la base j’habite loin, mais y’a quelques années on est venu, ça arrangeait tout le monde…

Moi: je vois… Bon faut peut être qu'on y retourne.

Elle: oui je voudrais pas arriver en retard deux fois dans la même journée, même si ça n'aurait pas été la première fois.

Moi: je sens que j'ai encore beaucoup à apprendre sur toi!

Elle: t'as même pas idée.

La semaine s'est bien passé, moi et Tesnime sommes restées ensemble, en une semaine on est devenu les inséparables. Elle est si gentille, belle et drôle.

Durant cette semaine j’ai souvent appelé les filles, elles me manquaient tellement…

C'est vendredi, demain est le premier week-end, le premier loin de chez moi... j'avais prévu de rester chez moi et regarder la télé en profitant du fait que dans les débuts les cours ne soient pas trop compliqués.

Avant de quitter les cours j'aperçois Tesnime venir vers moi.

Elle: tu fais quoi ce week-end?

moi: rien pourquoi?

Elle: ça te dit qu'on sort? je te ferai visiter et on fera du shopping!

c'est vrai que depuis que je suis arrivée je ne connaissais pas la ville.

moi: ouais pourquoi pas, ça sera toujours mieux que de rester seule chez moi mdrr.

Elle: je vais pas te contredire. mais comme tu habites un peu loin ça te dit de dormir chez moi?

moi: Je sais pas trop...

Je voulais pas aller chez elle, on se connaissait depuis une semaine et même si on s'est beaucoup rapprochées je ne la connaissais pas vraiment. Mais c'est vrai que c'est ma seule amie et que j'habite assez loin du centre donc ça serait vraiment embêtant s'il fallait qu'on se rejoigne, j'arrivais pas à me décider et je déteste ça.

Elle: aller s'il te plait en plus ça fait une semaine que je parle de toi à mes parents ils veulent te rencontrer, ça leur fera plaisir! Et puis j'vais pas te manger tu sais, on dormira dans la même chambre, on pourrait même regarder un film avant de dormir!

Elle m'avait convaincu avec le mot film...

Moi: bon d'accord mais comment je vais faire pour aller jusqu'à chez toi? faut bien que je prenne mes affaires...

Elle: pas besoin j’te prêterais un pyjama et une brosse à dent t'inquiète. OH J'AI TROP HÂTE!!!!!

Moi: il en faut pas beaucoup pour te faire plaisir, bon par où on passe pour aller chez toi?

Elle: aujourd'hui c'est mon frère qui vient me chercher ça te dérange pas?

moi: tu rigole? Déjà que je m'incruste ça serais culotté...

Elle: par contre il arrive que dans une heure au moins, il avait des "trucs à régler"

moi: y'a pas de soucis t'inquiète

En attendant on a discuté de tout et de rien, j'aime vraiment parler avec elle.

Vers 18h son téléphone sonne, c'était son frère qui venait d'arriver.

Elle: il est là, on y va?

moi: go!

Elle monte à l'avant et je monte à l'arrière, je dit selem sans lever la tête et j'ai attachée ma ceinture.

Tesnime: ça te tuerais de répondre?

J'ai levée alors la tête en rigolant et j'ai croisée son regard dans le rétroviseur. C'était lui, comment c'est possible, comment il pouvait être en face de moi à cet instant? Ma tête s’était remplie d'informations en un visage, c'était comme si j'avais revu un fantôme. Ça peut paraître exagéré mais j’avais vraiment du mal à y croire…

Tesnime: Ayden répond!



“Ce qui t’est destiné trouvera le moyen de te rejoindre”

Leyna: au delà des chaînes du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant