Moi: ils l'emmènent où?
Ayden: À l'hôpital...
Moi: Il va bien hein?
Je savais très bien qu'il n'allait pas bien mais je cherchais la moindre once d'espoir, peu importe qui me l'aurait tendu. Je la lui aurais arraché des mains sans me soucier des conséquences...
Ayden: Je sais pas...
Avec ces mots j'ai su qu'il était dans le même état d'esprit que moi, lui aussi se refusait une quelconque déception au sujet de son frère.
Moi: J'veux l'accompagner, j'le lâcherai pas!
J'ai commencé à me lever et à me diriger vers l'ambulance, mais un des urgentiste m'a arrêté.
Moi: vous n'avez pas le droit de l'emmener! Et encore moins de nous séparer!
Lui: Madame, calmez vous... On va l'emmener à l'hôpital pour des soins d'urgence.
Moi: j'en ai rien à foutre. Je viens avec lui.
Lui: si vous voulez vous rendre à l'hôpital vous pouvez mais malheureusement pas avec lui.
Moi: pourquoi vous faites ça?
Il avait l'air confus, comme s' il ne comprenait pas la question.
Moi: pourquoi vous nous séparez? Pourquoi?!
Lui: madame je comprends votre frustration-
Moi: non... non vous comprenez pas... vous pouvez pas comprendre...
Il avait pitié. Comment je le savais? C'était exactement les mêmes expressions du visage qu'avaient toutes les personnes qui me croisaient après l'annonce de la mort de ma mère. Mais cette tête, je ne veux plus la voir s'adresser à moi, je veux pas de cette pitié et ce depuis le premier jour, elle sert à rien à part nous rappeler les moments douloureux, à part nous rappeler ce pourquoi on s'adresse à nous de cette manière, à part nous rappeler nos souffrances.
Moi: j'veux pas le perdre... vous pouvez le comprendre ça par contre?
Lui: Je vous promets de faire de mon mieux...
Une promesse, encore une. Non, en fait habituellement c'est moi qui promet, et généralement le silence. Mais cette fois je voulais qu'il me promette du bruit, ce bruit: les discussions que j'avais avec lui en pleine nuit, ses blagues à deux balles, les fous rires qu'il nous offrait, ses questions idiotes qui me faisaient quand même réfléchir, ses hurlements quand il perdait à un jeu, sa voix... juste sa voix me suffirait, ne serait ce que le son de sa respiration.
Je lui ai simplement hoché la tête, si son visage exprimait de la pitié, le mien le suppliait. Et pourtant supplier était quelque chose que je n'avais jamais fait jusque là. En tout cas pas à ce point là.
Il est monté dans l'ambulance qui est partie sans plus attendre.
Moi je me suis retournée vers Ayden, il était encore au sol, il avait l'air d'attendre, quoi? Je ne sais pas...
Je me suis approchée de lui, je l'ai pris dans mes bras, lui aussi a vu son frère s'écrouler au sol puis perdre connaissance après s'être vidé d'une bonne partie de son sang à cause de la toux.
On est resté comme ça un moment, puis je me suis relevée, je lui ai tendu la main qu'il a tenu. Puis je nous ai emmené dans une chambre à l'étage... celle où se trouvaient nos tapis de prières.
On ne pouvait rien faire pour lui à part ça.
J'ai laissé Ayden prier dans sa chambre, puis je suis allée prier dans la mienne. J'ai dû rester au moins dix minutes le front au sol à demander à Allah de l'épargner.
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Leyna: au delà des chaînes du silence
AksiLeyna a grandi auprès d'une mère aimante et d'un père violent. Mais lorsque sa mère disparaît et qu'elle atteint l'âge de façonner son destin, elle fera tout pour trouver des réponses à ses questions. Et ce, malgré les difficultés que les secrets qu...