Chapitre 43

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Point de vue de Yasmine

Ça fait presque 6 ans... 6 ans qu'elle me manque, pas une seule journée n'est passée sans qu'elle hante mes pensées. Ma fille... elle était tout pour moi et si je regrette bien une chose c'est de ne pas l'avoir prise avec moi.

Je ferme les yeux chaque soir et, mon front contre la baie vitrée de ma chambre, je m'imagine la reprendre dans mes bras, j'entends ses rires, je me vois l'embrasser, lui montrant tout l'amour que je lui porte et qu'elle mérite, moi: la seule qui est au courant de ses souffrances.

Puis une larme coule, la première d'une longue série et c'est comme ça tous les jours, je me rappelle que je n'ai pas été à la hauteur de mon rôle. C'était la seule pour qui j'étais resté en vie, elle m'avait sauvé d'une certaine manière et je n'ai pas su lui rendre ce qu'elle méritait.

Alors c'est d'une main tremblante que j'essuie cette première larme.

Je pourrais tout aussi bien penser à autre chose mais je n'y arrive pas, et même si c'était le cas je ne me le permettrait pas, je mérite de souffrir de son manque plus qu'elle n'a souffert de mon passé...

Elle qui n'avait rien demandé, elle qui n'était que le fruit d'une injustice...

Je l'aimais plus que tout, je l'aime plus que tout.

À travers le mur opposé à la baie en face de moi je peux entendre les pas pressés de ma seconde fille, Nehla.

Elle poussa brusquement la porte et c'est avec surprise que je remarque son visage mouillé de tristesse.

Moi: bah... Nehla! Qu'est ce qu'il t'arrive ma fille?

Nehla: c'est papa...

Moi: qu'est ce qu'il a? J'croyais qu'il était dans son bureau?

Nehla: je suis partie lui faire un câlin! Et il m'a dit de sortir!

Moi: et alors?

Nehla: maman je crois qu'il a eu peur.

Moi: peur?

Nehla a été élevée dans l'optique de n'avoir peur de rien, bien sûr ce n'est pas le cas mais elle ne le montre jamais... sauf quand ça la touche vraiment. Là j'ai vite compris qu'elle avait plus peur de la réaction d'Ahmed que d'autre chose.

Moi: faut pas t'en faire pour ça... papa sait très bien ce qu'il fait.

Nehla: il avait peur d'une fille.

Moi: hein? Y'avait une fille dans son bureau?

Nehla: oui... avec trois garçons.

J'me demande qui ça peut être, il me le dit quand il a des affaires de prévu mais là il n'y avait rien.

Les quelques minutes qui ont suivis je les ai passé à sécher les larmes de ma fille et à la consoler. D'une certaine manière j'avais l'impression d'avoir Leyna enfant en face de moi... si elle avait conscience de la ressemblance qu'elle a avec sa sœur... mais elle ne connaît certainement même pas son existence.

Là j'ai entendu des pas décidé se diriger vers nous, je pourrais les reconnaître entre mille: Ahmed. Il a ouvert la porte de la chambre et m'a regardé d'un air que je n'avais encore jamais aperçu sur son visage. Je ne saurais même pas dire de quoi il s'agissait.

Ahmed: il faut absolument que tu viennes voir.

Cette phrase m'avait affolé, il ne m'intègre jamais dans ses histoires... Qui sont ces personnes dans son bureau?

Moi: qu'est ce qu'il se passe?

Ahmed: tu me croiras jamais...

En revanche, ça c'était une phrase à ne jamais prononcer. Il avait allumé la flamme de l'espoir qui s'était éteinte en moi depuis bien trop longtemps.

Leyna: au delà des chaînes du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant