Prélude

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La maison était plongé dans la pénombre. Elle était silencieuse. Elle semblait inhabitée. L'ancienne tapisserie sur les murs se décrochait par endroits. La poussière commençait à s'installer sur les meubles, sur des draps recouvrants certains meubles. La maison avait l'air d'avoir été abandonnée.

Cela ne sembla pas déranger un groupe de sept individus, tous couverts de capes noirs. Ils se glissèrent à l'intérieur. Leurs pas ne faisait aucun bruit sur le sol noir du hall, puis sur le bois de l'escalier. Celui de devant poussa une porte, seule pièce illuminée par des lampes à pétrole.

Une dame, tout juste cinquante ans se leva de son secrétaire et fixa ses sept invités. Elle était brune, des yeux comme deux perles grises, froides, la peau pâle à force de vivre enfermée et recluse dans cette demeure.

Ils entrèrent un pas un. Le dernier referma la porte. Puis, ils se mirent tous à genoux devant elle, comme des chevaliers qui prêtaient allégeance à leur reine. Elle se redressa. Elle cachait son trouble et sa peur. Et puis celui au centre, ôta son capuchon, laissant apparaître un visage effrayant, squelettique, aveugle. Elle déglutit mais empêcha son corps de trembler. L'horreur, elle l'avait déjà vu.

— Venez vous abréger mon deuil ? Demanda-t-elle d'une voix basse, calme.

— Nous venons chercher une mère, répondirent sept voix lugubres. Dans quelques mois, tu ne pourras plus enfanter. Ton sang est précieux. Tes gènes sont forts.

Elle savait qu'elle n'avait que peu de chance de vaincre ces sept personnes effroyables.

— Pourquoi moi ? Pour mon sang ? Mes gènes ?

— Ta famille est ancienne. Le père le sera également. Du sang remontant aux Pictes. Des gènes de Brittons.

— Le père... Que voulez vous créer ?

— Un être parfait. L'enfant que tu rêvais d'avoir. Nous le ferons. Il aura le corps parfait. Il aura l'âme sans attache, sans faiblesse. Il aura la puissance et la connaissance absolue.

Elle eut un léger frisson.

— La vie... Vous voulez créer la vie...

— Nous voulons offrir le sorcier idéal au monde, l'être parfait.

Elle n'avait pas vraiment le choix, de toute manière. Elle se laissait mourir depuis quelques mois. Elle avait perdu tout espoir, alors que le reste du monde avait enfin la paix, que sa communauté fêtait la fin d'heures sombres, la fin d'un mage noir.

— Nous devons faire vite.

Elle déglutit. Elle inspira. Elle acquiesça. Qu'ils prennent ce qu'ils voulaient. Elle n'avait aucun espoir de voir qu'un tel enfant naisse, qu'un tel être devienne réel. Ce rêve, elle l'avait abandonné depuis longtemps. Aucuns de ses enfants ne l'était devenu : le roi des sorciers, le guide ultime.

Les sept ombres partirent en même temps qu'un orage hivernal éclatait sur la ville. Ils avaient une autre visite à rendre.

Cette fois, c'était dans une belle campagne. Ce serait lui, le père. Il allait devoir donner aussi. Il comprendrait sûrement aussi bien qu'elle.

Il les sentit même dès qu'ils apparurent devant la grille de son manoir. Il ordonna à son épouse de rester avec leurs filles, si fragiles et petites. Il ouvrit ensuite la porte de sa demeure et les observa, le menton haut.

— Nous t'offrons un héritier, dirent les sept individus en s'agenouillant sur le gravier, sous la pluie glaciale.

— Qui ? Demanda-t-il.

— Tu sais qu'il n'aura pas besoin de le savoir.

— En êtes-vous si sûr ? Tous ont besoin de connaître ses origines.

— Lui sera au dessus de tout ça.

Il tenait sa baguette magique. Il était dans la fleur de l'âge, connaissait ces individus fous, savait comment se battre. Il était seul contre sept.

— Ne veux-tu pas être le père de l'être idéal ? Demandèrent ces fous.

— Je suis déjà père. Votre rêve n'est qu'illusion. La vie n'aime pas que l'on joue avec elle.

— Nous modèlerons sa vie. Nos savoirs dépassent les tiens. Ses connaissances seront sans limites. Un jour, nous te l'enverrons. Tu lui offrira ton héritage. Sa mère lui offrira le sien jusqu'à ses cinq ans.

— Vos espérances sont peut-être noble... mais ça restera un être vivant qui aura ses propres volontés. D'autres avant vous ont essayé. Vous le savez.

— Son éducation sera parfaite. Il ne se détournera pas de notre objectif. Offre nous ta semence, sorcier. Ne nous oblige pas à te forcer la main.

L'homme châtain, les yeux légèrement verts et brun, leva un moment la tête vers l'étage. Un bébé pleurait.

— Ta fille est malade. Il la sauvera. Tu le sais. Il aura ce pouvoir.

Le père baissa la tête. Il acceptait aussi. Il savait qu'ils attaqueraient sa famille d'abord. Et ils prirent ce qu'ils voulaient.

Sous un éclair, ils disparurent comme des mirages.

Ils ne se connaissaient pas vraiment. Ils ne s'aimaient pas. Ils n'avaient pour seul lien cette nuit là et l'enfant qui en naîtrait, aidé par la magie. Ce serait un garçon. Ce serait surtout un être vide pour le moment.

Cinq ans pour le faire atteindre l'âge du premier acte magique. Pour la femme, ce fut comme s'occuper d'une poupée. Il ne pleurait pas. Il ne réclamait rien. Il ne parlait même pas.

Cinq ans sans les voir. Et puis, ils revinrent et l'emportèrent. Elle n'avait plus aucune raison de vivre. Le soir même, elle s'endormit pour toujours.

L'enfant était prêt à recevoir une âme.

Un manoir fut cambriolé et les propriétaires mirent beaucoup de temps avant de découvrir ce qui avait été volé : un vieux carnet.

Une chaumière brûla dans un bois, au abord d'un petit village. Elle avait été fouillée et vidée du seul bien précieux : une bague.

Les journaux en parlèrent pendant des jours : la banque Gringotts avait été volé dans un très ancien coffre d'une grande famille de sorcier. Une seule chose fut prise : une coupe.

Poudlard, l'école de magie fut d'un coup pris dans une tempête qui effraya élèves et enseignants. Le septième étage fut ravagé par la tempête et une tapisserie représentant des trolls dansants déchirée. Personne ne savait ce qu'elle protégeait mais la salle cachée avait perdu un artefact unique et millénaire : un diadème.

En Albanie, une ombre sentit la menace et fuit encore et encore, mais elle devait sentir que ce serait bientôt son tour. Elle se terra encore plus. Sa survie était en jeux.

L'âme était presque entière. Ça n'empêchait pas les leçons de l'enfant. Un garçon calme, froid, apprenait avec sept étranges sorciers. Cela se faisait dans le silence, la douleur, et le froid.

— Il a onze ans.

— Oui.

— Il est prêt.

— Oui.

— Nous le surveillerons.

— Oui.

— Il prendra le nom de sa mère.

— Oui.

— Il es temps qu'il découvre le monde.

— Oui.

— Sa communauté.

— Oui.

— Il est l'heure.

— Oui.

— Il est temps.

OMNISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant