Un soir de 1994, Mickaël, jeune délinquant de la route, vole une énième voiture. Cette fois sera la bonne pour la brigade qui le prend en chasse. Très vite il est jugé, et emmené dans un centre pour délinquants.
C'est là qu'ils se rencontrent. Deux...
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JOUR 0
Trois heures du matin. Mickaël passa la cinquième. La Nissan Micra vrombit sur la rocade minière, mécontente de s'engager dans des limites supérieures. À plus de 90 km/h, elle grondait. Il ne lui en voulait pas, c'était une petite gamme. Pour équilibrer, il monta le volume de l'enceinte exceptionnellement bonne pour un véhicule de cette trempe.
La techno pulsait dans l'habitacle. 2 unlimited accompagnait les paysages de campagne qui défilaient. Les deux immenses terrils se dressaient, terrifiantes ombres régnant sur le bassin minier.
Ses doigts pianotaient sur le volant à mesure que le vent s'engouffrait par le carreau. Il connaissait ces routes par cœur.
No, no limit. We'll reach for the sky. No valley too deep, no mountain too high. *
La nuit embrassait sa peau, obscurcissait sa vision, soulignant toutefois la beauté des couleurs qui dansaient dans le noir. Le halo jaune de ses phares transperçait les lieux pendant que le ballet des rouges et bleus alternait derrière lui.
Un sourire lui échappa quand il aperçut le véhicule de police se rapprocher. Il pressa l'accélérateur. La voiturette rugit, poussant toujours plus loin. Pourtant, il n'avait aucune chance. Les flics avaient sorti l'artillerie lourde. Une Renault 18 turbo, 125 cv sous le capot. Première bagnole à défier les berlines. Contre quoi... 55 cv pour la Nissan ? Elle ne tenait d'ailleurs pas tellement la route sur l'asphalte mouillée. Tant pis. C'était la meilleure course de sa vie.
Il envisageait un petit tête-à-queue avant de s'engouffrer dans les ruelles des corons d'Haillicourt et de les semer, comme il le faisait à chaque fois. Un coup d'œil dans le rétro lui apprit que la Renault ne se trouvait plus qu'à une centaine de mètres. Cette seconde d'observation marqua sa fin.
La seconde suivante, il enfonça le frein. Trop tard. La herse étalée sur le bitume perça les deux pneus de devant, déchiquetant le caoutchouc à mesure que la voiture tentait vainement de continuer d'avancer. Par réflexe, il braqua le volant pour s'éviter de terminer dans les champs.
La carrosserie percuta la barrière de sécurité. L'air bag se déclencha. Silence de mort. Rythme cardiaque à mille à l'heure. Sans bouger, il évalua l'étendue des dégâts. Plus de peur que de mal. La radio s'était tue. Son cœur prit le relais d'une chanson de liberté. Il ne lui fallut que quelques secondes pour enjamber le siège passager puis se glisser dehors.
La Renault se garait seulement. Ses camarades planquées dégueulaient leur lot de justiciers. Il entendit bien un flic le sommer de s'arrêter, ce qui le fit franchement rire. Il franchit la barrière presque aplatie, goguenard. Ces abrutis de policiers ne pouvaient pas tirer. Il ne représentait aucun danger pour leur vie. Et il était mineur. Il n'avait qu'à s'enfuir vers la ville, se faufiler par-dessus quelques palissades.
Ils ne peuvent pas tirer, se répéta-t-il, courant aussi vite que ses jambes le lui permettaient.
Quand l'impact atteignit son flanc, il fut propulsé au sol. Des gravillons s'enfoncèrent dans ses paumes, sur son menton. Il jura.
Ils ont tiré ces connards...
Il retint des larmes de douleurs tandis qu'il essayait de se relever, de ramper sur quelques mètres à peine. Fait comme un rat. La Renault turbo le provoquait, sagement rangée sur le bas-côté. Il ferma les yeux, ébloui par les pleins phares. De fait, il sentit plus qu'il ne vit la horde d'hommes qui l'entoura peu à peu.
Quelqu'un lui passa les menottes. Deux d'entre eux le soulevèrent ensuite sans ménagement. Quatre autres au moins le tenaient en joue, les canons braqués sur lui.
Un Flash-Ball... nota-t-il tandis qu'il se laissait trainer à l'arrière d'une voiture, sans écouter ce qu'on lui baragouinait sur les droits qu'il avait ou ceux qu'il n'avait pas.
— Cette fois, c'est fini pour toi !
Sonné par l'adrénaline et ses nerfs endommagés qui hurlaient réparation, il ne répondit pas de suite.
— Ben non. Y aurait fallu des vrais flingues pour ça... articula-t-il.
Sa plaisanterie ne fit rire personne. Quoique. Il ne savait plus bien si c'était une plaisanterie.
Un type le poussa dans l'habitacle. Sa vie était finie. Pour le peu qu'elle avait commencé... Alors il ferma les yeux.
____________ * No limit, interprété par 2 unlimited.
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Coucou vous. C'est dans ces moments là que j'aime avoir étudié le droit. Je trouve que ça magnifie le réalisme. On dirait un acte authentique. 😎
Et sinon, j'aime beaucoup le fait que la chanson d'ouverture du tome de ces deux zigottos soit " no limit". Ça les représente bien. 😏