JOUR 32 (suite)

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Salvator revenait des douches. En poussant la porte de sa chambre, il ne fut qu'à moitié surpris d'y trouver Mickaël, affalé sur son lit, un magazine de voiture en main.

— Vas-y, hein, fais comme chez toi ! ironisa-t-il.

— Pourquoi tu me fais la gueule ? demanda Mickaël sans lever les yeux.

— Je fais pas la gueule.

Salvator lui jeta sa serviette. Mickaël n'esquissa pas un geste si bien qu'elle s'échoua sur sa tête. Il se contenta de se pencher sur le côté pour la laisser dégringoler.

— Tu m'as pas décroché un mot quand on mangeait.

— Ouais, ça avait l'air de te manquer quand tu te fendais la poire avec l'autre, là.

Caché derrière le battant de l'armoire, Salvator faisait mine de chercher un t-shirt propre. En vérité, il se donnait juste le temps de laisser le sang quitter ses joues.

Sa serviette rebondit contre son dos encore mouillé.

— Tu vois tu fais la gueule ! T'étais où cet aprem ?

— Je te dis que je fais pas la gueule !

Salvator se pencha pour récupérer sa serviette. Il était prêt à la lui relancer en pleine figure, quand il se stoppa.

— C'est quoi ça ?

Mickaël ferma le magazine pour mieux appréhender ce que ce « ça » était, jusqu'à ce qu'il comprenne que « ça » faisait référence aux griffures sur ses bras.

— Oh, c'est rien. Je me suis gratté trop fort. Je fais une allergie.

— À quoi ?

— Aux connards qui font la gueule pour rien.

Pour conclure sa provocation, il se mit à se gratter, les yeux rivés dans les siens. Leurs sourires se perdirent l'un dans l'autre, la seconde d'après Salvator fondait sur lui. Les bras en croix pour se défendre de toute attaque, Mickaël lâcha un cri quand les chatouilles glissèrent sur sa peau. Il tenta bien de se servir du magazine pour filer quelques coups innocents, mais plus combatif, Salvator continuait de plus belle si bien qu'il ne trouva qu'une parade.

Salvator écarquilla les yeux. Son cou le picotait, prisonnier des dents qui le mordillaient. Il étouffa un juron, surpris autant que curieux, et en réponse, agrippa une poignée des boucles de Micka pour tirer dessus, le détachant de force de lui.

— T'es sérieux là ?

— Quoi.

Ce n'était pas une question si bien que Salvator n'entrevit pas l'utilité d'y donner suite. À la place, il tira un peu plus sur les cheveux, basculant sa tête. Les protestations de Mickaël s'écrasèrent contre la bouche de Salva..

Il ne dit rien, n'esquissa pas le moindre geste, pas même quand Salva lui mordilla la lèvre. C'était ainsi entre eux. Donnant donnant. Il l'avait bien mérité. Dans tous les sens du terme.

— Tiens, regarde si je fais la gueule !

Salvator n'hésita pas à l'écraser, prenant appui sur lui pour récupérer le paquet de clopes neuves cachées sous son matelas. Puis il reprit une position assise, calé contre le mur, la cigarette au bec.

— Pourquoi tu parles pas alors ? T'étais où ?

— Eh. T'es de la police ?

Il cracha un sourire en coin, tandis qu'il allumait sa clope.

— Tu sais pas... Peut-être je serai un grand flic.

Mickaël lui piqua le paquet et s'en tira une, conscient d'abuser de la patience de Salva qui ne lui disait jamais rien. Et même s'il ignorait bien pourquoi, il ne se privait pas d'en profiter.

La minute effacée - (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant