JOUR 26

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Le cœur de Salvator palpita quand il ouvrit les yeux. La joue lui brûlait après la gifle qui venait de l'arracher du sommeil. Puis l'air frais lui décapa la peau au moment où Serge le tira hors du lit, beuglant des insultes qui lui glissaient dessus.

— Petit foutriquet ! Je vais t'en donner moi ! Viens là !

— Mais quoi ! Lâche-moi, toi !

Serge lui comprima le bras si fort que son sang fourmillait. Pieds nus, Salvator manqua de trébucher sur le carrelage quand, recouvrant à peine ses sens, il fut traîné dans le couloir, puis jeté en isolement.

— Mais putain !

L'équilibre tout juste retrouvé, la porte se referma sur lui. L'adrénaline le réveilla au moment où il écrasa les mains sur la vitre de plexiglas. La rage ébouillanta sa poitrine quand Serge pointa son index vers lui :

— À chaque fois que tu détruiras quequ'chose ici, je te détruirai ta petite tête de pisse-froid. On verra qui gagne à la fin !

— J'ai rien fait ! Connard ! Ouvre ça !

— Là... tu vas vraiment rien faire...

Il s'éloigna. Alors les hurlements de Salvator s'éclatèrent contre la seconde porte de bois qui couvrait le sas. Sa respiration s'échappait de ses lèvres entrouvertes, aussitôt asséchées par le rythme trop lourd de son cœur. Les mains dans ses cheveux, il se mit à tourner en rond. Il lui semblait percevoir dans les aspérités du béton, des gouttes de sang séché, au milieu des traces de poussière. Et bientôt il se vit ; évadé de son propre corps, il observait son cadavre roide.

Pendant de longues minutes, il ne trouva rien d'autre à faire que coller son poing dans la fenêtre, espérant ainsi briser la vitre acrylique pour au moins respirer un peu d'air frais. Mais elle tenait bon. Il se fichait d'exploser ses phalanges. Il tambourinait, essayait vainement de suivre son rythme cardiaque, certain que l'organe allait lui sortir de la poitrine. Et plus sa peau meurtrie chauffait, plus son corps se figeait dans un froid lugubre. Il ne voyait plus rien, ne sentait plus rien, accaparé par cette seule colère qui l'empêchait de couler dans la folie.

Puis le sas se rouvrit. Il se retourna, l'œil noir, la pupille dilatée par la rage, avant que le temps ne s'arrête. La porte se reclaqua, troquant dans un grincement vicieux les hurlements de Salvator contre le silence éhonté de Mickaël.

Sans même lui jeter un regard, Mickaël se coula contre le mur. Il replia ses genoux contre lui et attendit, les bras enroulés autour de ses jambes.

— Qu'est-ce que tu fous là ? finit par demander Salvator.

— Je trouvais la pièce jolie.

La tête baissée, Mickaël renifla. Il passa un doigt sous ses narines puis sa main disparut dans la manche de son sous-pull.

— C'est quoi ? reprit Salvator.

Sans réponse, il s'accroupit devant lui. Il voulut lui soulever menton, ce que Mickaël lui refusa d'une rebuffade plutôt molle.

— Bouge !

Une trace chaude s'étalait sur la joue gauche de Micka. Quatre doigts bien démarqués sur sa peau fine.

— Mais t'as fichu quoi ? insista Salvator.

— Qu'est-ce que ça peut te foutre ? On est pas amis !

Mickaël se remit debout, cherchant à éviter son contact. Il se laissa tomber sur le matelas en mousse, calé entre la tête de lit et le mur, où il fit semblant d'inspecter ses ongles. Il reniflait de temps à autre, vérifiant que le sang avait cessé de couler.

La minute effacée - (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant