Un hurlement rompit le silence, suivi d'une nuée de corneilles qui s'envola. Mickaël releva la tête. Le fait que ça provienne clairement du dehors ne le rassura pas. Il referma son armoire et sortit de sa chambre, la serviette sur l'épaule. Sans réfléchir, il poussa la porte d'en face.
Contre le carreau, Salvator riait en silence.
— Pourquoi tu te marres ?
— Putain ! Me fais pas peur comme ça !
Le poing sur la poitrine, Salvator avisa Mickaël qui s'approchait. Leurs épaules se touchèrent quand il s'installa à ses côtés pour observer la cour plus bas où Denis, rouge, s'époumonait, donnant un coup de pied dans quelque chose tombé au sol, avant de grimper dans sa voiture.
— Pourquoi il gueule comme ça ? demanda Mickaël.
Salvator retint un rire. Il ne s'habituait pas à la vulgarité chez Micka. Pour lui ça ne collait ni avec son physique ni avec son calme apparent, ce qui finissait immanquablement par l'attirer. Son regard coula sur sa peau nue. Il ne résista pas à l'idée de poser sa paume sur l'arrondi de son épaule.
— Il a pas l'air content que j'ai piqué ses affaires...
Les yeux plissés par la concentration, Mickaël ne réagit pas. Une fois la Renault partie, il aperçut le magazine échoué au sol, sa couverture jaune jurant sur le béton foncé.
— Ben tu lui as rendu... marmonna-t-il.
Il tourna la tête quand les doigts pressèrent sa peau.
— Je crois bien qu'il aurait préféré pas le récup', finalement...
Salvator lâcha un petit rire. À son grand regret, il s'écarta de Mickaël. Il ne lui restait que quelques minutes avant d'avoir à se présenter pour les activités de l'après-midi.
_________________
Le cri de Corentin résonna dans le couloir.
— Il nous casse les couilles, ronchonna Salvator.
La nuit s'étalait dans une paresse automnale. Mickaël se rendit compte qu'il ne savait même plus la date du jour. Les semaines se succédaient aussi vite que les heures. Chaque mois se ressemblait.
— Ta gueule. T'es méchant.
Il retira le joint de la bouche de Salva et l'enfonça dans la sienne.
— Pique pas ma came, sale bâtard !
— Sinon quoi ?
La fumée s'échappait du coin de ses lèvres occupées par un sourire taquin.
— Sinon je te baise tes morts.
— Baise mes vivants, tu feras mieux.
Salvator éclata de rire. La main sur la bouche, il regretta aussitôt. À tout moment le veilleur pouvait débarquer s'ils faisaient trop de bruit. Figé, Mickaël écoutait le silence, la tête tournée vers le couloir désert, les bras en appuis sur ses genoux remontés.
— Tu dis de Corentin, mais t'es pas mieux, souligna-t-il, une fois l'alerte passée. Si on se fait gauler on prend cher.
— Tu prends cher... je te signale que c'est toi qui es dans ma chambre... susurra-t-il.
— Mais c'est ta came.
— Et qu'est-ce que tu faisais dans ma chambre avec ma came et moi ?
Mickaël inspira lentement. Son torse se souleva avant de se rabaisser au moment où les volutes s'échappaient. La bouche entrouverte, il fixa longuement Salvator avant de se décider à lui glisser le joint entre les lèvres.
VOUS LISEZ
La minute effacée - (MxM)
RomanceUn soir de 1994, Mickaël, jeune délinquant de la route, vole une énième voiture. Cette fois sera la bonne pour la brigade qui le prend en chasse. Très vite il est jugé, et emmené dans un centre pour délinquants. C'est là qu'ils se rencontrent. Deux...