Aujourd'hui j'ai le droit d'aller à la bibliothèque, un autre moment de semi-liberté qui permet de m'évader un peu.
Ce n'est pas l'endroit le plus fréquenté ici, mis à part la bibliothécaire qui fume une cigarette par la fenêtre de son bureau, je suis seul, libre de choisir le livre de mon choix.
Je n'étais pas un grand lecteur avant, pas le temps, pas d'intérêt, mais ici le temps passe lentement et on s'oblige à trouver des occupations si possible saines. Finalement à force de découvrir des œuvres, je me suis trouvé une vraie passion, pour les romans historiques, pas les policiers, ça me rappelle trop ma vie d'avant. Je choisis Le Dernier Templier de Raymond Khoury et je décide de profiter de cet instant pour me poser sur un des fauteuils à disposition.
J'entame le premier chapitre et le surveillant Philippe entre dans la pièce.
— C'est déjà l'heure ?
— Non Lucas, tu as encore un peu de temps. Comment vas-tu ? Ta blessure, je veux dire.
Philippe est vraiment sympa et oui on se tutoie. Il pourrait être mon petit frère. On a tout de suite eu un bon feeling tous les deux. Quand il est arrivé, il était complètement perdu et pas très sûr de lui. Sans vraiment réfléchir, je l'ai aidé à trouver sa place et à prendre confiance pour cette fonction. Une façon de me repentir peut-être ...
Il reste professionnel et je ne ferais rien qui pourrait lui être reproché dans l'exercice de ses fonctions. Nous essayons de garder secret notre pseudo amitié même si je sais que les autres surveillants s'en doutent. Tant que je me tiens à carreau et que Philippe ne fait pas de fautes.
— Oui ça va mieux. Les médocs m'ont fait du bien.
— Oui la nouvelle doctoresse a l'air compétente.
Je souris jaune fasse à cette remarque.
— Oui probablement.
— Tu ne sembles pas l'apprécier.
— Je m'en fous en fait. Où sont Carlos et les autres ? Je demande pour changer de conversation.
— Elle a posé des questions sur toi.
Je garde la tête dans mon bouquin pour montrer à Philippe que cette information ne me fait ni chaud ni froid, mais au fond de moi je meurs d'envie de savoir.
Quelles questions ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'on lui a dit ? comment a-t-elle réagi ?
Est-ce que c'est vraiment normal que je m'inquiète de son avis ? On ne se connait pas, elle bosse ici et nous sommes dans une prison. Rien n'est normal dans cette situation, je ne devrais même pas penser un seul instant à un éventuel intérêt de sa part pour ma petite personne. Elle doit probablement avoir une vie de famille à l'extérieur, elle pose des questions sur moi pour son job ou alors c'est juste une vilaine petite curieuse.
Je ressers mes doigts sur la couverture de mon livre et je serre les dents. Philippe toujours accoudé contre une armoire.
— Elle ..., commence Philippe
— Je m'en fous, je viens de te dire ! Je me lève d'un bond et me précipite vers la sortie.
Philippe m'attrape le bras au vol.
— Et tu vas où comme ça ? Je te rappelle que tu ne peux pas te balader tout seul ici.
Mes muscles tressaillent et je suis sur le point de mettre toutes mes forces pour le faire lâcher prise. Ca ne serait pas difficile, Philippe doit peser 65 kg à tout casser quand j'en fais 95.
— Elle est sympa, tu sais et je pense que c'est un bon médecin. Ce n'était pas méchant de sa part, c'est normal qu'elle se renseigne. Je crois que c'est pour t'aider.
— J'ai déjà plein de gens qui essayent de m'aider.
— Lucas, je te trouve dur. Pour une fois qu'on a quelqu'un de sympa ici et puis moi je la trouve plutôt mignonne en plus.
Sur ces mots, je lance un regard noir à Philippe.
— Eh calme-toi ! Je la trouve jolie c'est tout, j'ai pas l'intention de tenter quoique ce soit, je te rappelle que j'ai une copine. Mais tu ...
— La ferme !
— Lucas, je suis bien trop jeune pour te donner des conseils, mais tu ne devrais pas ...
— La ferme j'ai dit !
La bibliothécaire revient de sa pause et s'inquiète des cris qu'elle a entendus. Philippe la rassure en lui disant qu'on était en train de plaisanter. La vieille dame s'assoit à son bureau et se met à feuilleter un magazine.
— Allez viens, je te ramène en cellule.
Sur le chemin du retour, Philippe ne peut plus me parler, selon le protocole, ils sont trois gardiens à m'escorter et même si beaucoup ont connaissance de notre proximité, Philippe respecte les règles à la lettre. Ce n'est qu'une fois arrivé à la porte que je lui glisse un Désolé pour tout à l'heure. Il me répond par un sourire entendu.
Je me retrouve de nouveau seul avec mes démons et mes questions. Et puis me vient soudain une idée de génie ! Je vais prétexter un besoin de dose d'insuline et je vais la faire parler la petite toubib. Les interrogatoires, ça a toujours était mon truc.
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Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]
RomantikLouise est une jeune médecin qui a foi en l'humanité. Son truc c'est d'aider les autres. Elle décide de quitter l'hôpital dans lequel elle travaille depuis son retour de mission humanitaire pour prendre un poste dans un centre pénitentiaire. Les alt...