Chapitre 13 (Lucas) - Pris à son propre piège

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Ça, c'était encore une belle idée de merde, Lucas ! Bravo !

Je suis en train de me déchaîner sur le tapis de course de la salle sport en repensant à ma technique de manipulation qui s'est retournée contre moi.

Son cours de cuisine ne m'intéressait absolument pas et même s'il était obligatoire, je n'avais eu aucune intention, à la base, de m'y investir ne serait-ce qu'un tout petit peu. Mais vu que je suis un connard avec un égo démesuré et que mon cerveau de mâle (comprenez celui qui se trouve entre mes jambes) avait décidé de n'en faire qu'à sa tête, je m'étais lancé un petit défi. Le jeu devait être amusant : me rapprocher l'air de rien et déclencher chez elle un trouble.

On avait mis à notre disposition les cuisines de la prison et nous étions en petit comité, ce qui était censé développer notre capacité de travail en groupe en vue de notre réinsertion. Des conneries, mais bon. Quand j'étais arrivé avec les autres, j'avais été surpris de ne voir que deux surveillants en plus du chef cuistot et de la toubib, mais en observant mon groupe, j'avais remarqué que nous n'étions pas les plus dangereux et aussi ceux pour qui il ne restait que quelques mois à écouler.

Elle était en train de plaisanter avec le chef qui installait les ustensiles et ingrédients sur l'ilot central. Elle avait troqué sa blouse de médecin contre un tablier blanc immaculé, qu'elle portait sur un pull col roulé bleu ciel qui faisait ressortir ses yeux. Elle avait remonté ses cheveux dans un chignon déstructuré qui laissé retomber quelques mèches qu'elle tentait de ranger délicatement derrière ses oreilles à chaque fois que l'une d'entre elles lui tombaient sur le visage. Une beauté naturelle qui m'avait donné immédiatement des frissons. Mais j'avais une mission, la faire plier ! Je l'avais laissé prendre confiance et j'étais resté muet comme une carpe jusqu'au bon moment.

Ma demande d'aide aurait pu être suspecte et elle aurait pu refuser d'y répondre et à la place ça aurait été le chef Hervé, 110kg, qui m'aurait arraché le poignet en me montrant comment battre des œufs.

Et en plus c'était ridicule comme excuse : qui ne sait pas battre des œufs !?

Mais elle était venue et m'avait montré le bon geste sans aucun jugement. Elle n'avait pas eu peur de poser sa main près de la mienne, mais moi je m'étais pétrifié quand son épaule avait frôlé mon torse. Quelques cheveux rebelles avaient chatouillé mon menton au passage et son parfum avait définitivement annoncé ma mort.

Je n'avais pas pu me retenir et j'avais poussé ma provocation à son paroxysme, oubliant l'espace d'un instant où et avec qui nous nous trouvions.

Je n'avais pas réussi à savoir si j'avais vraiment touché ma cible, mais elle n'avait rien répondu lorsque je lui avais demandé s'il voulait vraiment que je quitte le cours de cuisine. Alors j'avais peut-être marqué un point ...

L'horloge sonna les 17h et il était temps pour moi de rejoindre ma cellule. Les douches de la salle de sport étaient ouvertes aussi il était hors de question que je dévoile mes fantasmes aux yeux de tous, mais ce n'était pas l'envie qui m'en manquait, une nouvelle fois, je fermais les yeux et je voyais son visage mutin me sourire et ça, c'était carrément perturbant.

Même si ce moment hors du temps m'avait bouleversé, je n'étais pas certain d'être très sûr de moi quant aux conséquences de mes actes pour les prochaines semaines.

Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant