Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]

Chapitre 14 (Lucas) - Pas d'option envisageable

— Bonjour Monsieur Moreau, comment allez-vous depuis la dernière fois que l'on s'est vu, il y a un mois, je crois ?, me demande le psy.

— Vous faites aussi des consultations pour le personnel ? lui demandais-je sans prendre la peine de lui dire bonjour.

Il met quelques secondes à comprendre ma question, il est cool, mais il est toujours un peu dans la Lune.

— Vous parlez de Mme Bartolli ? Non, non pas du tout, nous discutions de notre week-end à venir.

Bartolli ?, elle a des origines italiennes ? Ça expliquerait son caractère.

— Et que prévoyez-vous de faire ce week-end ?

— Monsieur Moreau, c'est plutôt moi qui pose les questions ici, je crois. Alors, reprenons, comment allez-vous ? La dernière fois nous avons parlé de votre prochaine sortie. J'imagine que vous y avez pensé. Est-ce une bonne nouvelle pour vous ?

— Vous plaisantez ? Qui voudrait rester ici ?

— Comment se passe votre apprentissage en atelier ?

— Bien, j'arrive à apprécier ce que je fais.

— Bien, très bien.

Il note quelque chose dans son carnet.

— Vous envisagez donc de vous faire embaucher comme soudeur à votre sortie ?

— Je préférerais me mettre à mon compte.

— Excellente idée, vous en avez tout à fait les capacités. Avez-vous songé à démarrer une affaire en duo ? Vous savez votre réhabilitation à l'extérieur peut être un peu délicate après plusieurs années de prison. Avoir un binôme peut vous aider à y parvenir en douceur.

— Je ne pense pas que je trouverais un ami prêt à m'accompagner à ma sortie de prison.

— Pourquoi pensez-vous cela ?

— Parce que je ne suis pas fréquentable.

— Vous pensez que vous n'êtes plus apte à avoir des amis.

— Je pense que personne ne voudrait d'un ami comme moi.

— Vous voyez vos parents et votre frère régulièrement, je crois.

— Ce n'est pas pareil. C'est la famille. Ils sont probablement dingues de continuer à m'aimer autant, mais je ferais probablement la même chose à leur place.

— Donc mis à part votre cercle familial proche, il n'y aurait aucune place pour d'autres personnes : collègues, amis, petite amie ... ?

Je me redresse sur mon fauteuil, je suis mal à l'aise. Je n'ai pas envie de parler de ça, mais je connais le psy, il ne va pas me lâcher.

— Je n'ai pas envisagé cette option.

— Celle de la petite amie ?

J'opine de la tête et il reprend :

— Vous pensez ne pas avoir d'amour à partager ?

Merde il m'a piégé ! Évidemment que j'ai de l'amour à partager ce n'est pas ça le problème. Le problème c'est que je ne fais plus confiance aux autres. Je n'ai pas envie de retomber dans un piège avec une relation à sens unique.

Avec Sofia, notre relation a duré environ 3 mois. C'était une sacrée nana, elle était toujours partante pour sortir faire la fête, j'avais réussi à l'intégrer un peu dans mon groupe d'amis même si je sentais qu'ils étaient méfiants. Évidemment je ne lui racontais rien de ce qu'il se passait au boulot, même si elle essayait de s'y intéresser. Et puis un jour elle m'avait confié qu'elle avait été approchée d'une ancienne connaissance, un gars qui faisait des deals pas clairs et qui lui avait demandé des renseignements. Elle voulait m'aider à l'attraper. Elle était devenue une taupe. Pendant plusieurs semaines, elle nous avait donné des infos. Mais sans même m'en rendre compte, j'étais devenu son jouet, elle m'avait manipulé, moi et mes équipes. Elles savaient ce que vous prévoyons de faire et elle revendait toutes les infos à son « ami » jusqu'à cacher de la drogue chez moi.

Avec le recul, je me demande encore comment j'avais pu être aussi aveugle, j'étais flic, je me méfiais de tout, cela faisait partie de mes gênes, mais elle était forte et j'avais été faible.

L'issue de cette relation me fût fatale, en plus de faire une énorme connerie qui a coûté la vie de mon meilleur ami, j'avais perdu mon job, ma fierté et mon âme. Elle m'avait détruit jusqu'au plus profond de moi. Comment pourrais-je maintenant de nouveau faire confiance à quelqu'un ?