Chapitre 58 (Lucas) - Rencontre avec le diable (3)

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Dans l'estaminet, les badauds ont arrêté de nous observer. Sofia leur a fait baisser les yeux. La vie continue autour de nous, la machine à café crache sa vapeur, le serveur entre et sort sans cesse un plateau à main, les parieurs ont les yeux fixés sur les courses hippiques diffusées sur le petit écran accroché au mur. Personne ne se rend compte de ce qui est en train de se jouer.

Mon regard se pose enfin sur un couple qui vient de s'assoir en terrasse, l'homme passe commande et je le vois prendre la main de sa compagne et fourrer son nez dans son cou, elle rit, sensible à cette marque d'attention et elle lui rend son baiser. Une chaleur familière monte alors en moi et me domine, toutes mes pensées se tournent vers Louise. Ma libératrice, mon nouveau cœur.

En quelques minutes je me remémore tout. La première fois que je l'ai vu, la première fois qu'elle m'a touché, mes rêves, mes fantasmes. Une vague d'émotion et de bien-être inonde ma peau et mon sang. Chaque fois qu'elle a été à côté de moi, je me suis senti puissant. Chacune de ses paroles m'a redonné goût à la vie, chacun de ses baisers m'a apaisé. C'est elle, ma nouvelle âme.

Comme les rouages d'un mécanisme, mon cerveau redémarre et tout se remet en place. Mes rêves, mes convictions me donnent une force incommensurable. Je me redresse d'un bond, je pose les paumes de mes mains sur la table en marbre et j'annonce :

- Écoute-moi bien Sofia. Je ne te dois rien. Je regrette simplement le jour où nos chemins se soient croisés et quoique tu en penses je ne garde aucun souvenir de toi et de notre prétendue relation mensongère. Tu m'as utilisé pour ton trafic de merde et pire tu m'as fait croire que j'avais tué mon meilleur ami. Rien, tu m'entends ? Rien de ce que tu pourras dire ou faire ne me fera revenir vers toi. Tu es morte. Tu n'as même jamais existé. Et tu peux te cacher derrière tes gorilles, je n'ai pas peur de toi.

Sofia me toise avec dédain, mais je vois bien que ma réponse l'a ébranlée. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce que je me batte aussi fermement. Mais j'ai changé, je ne suis plus de gars naïf qu'elle a connu. J'ai vécu le pire de ma vie d'homme, maintenant je suis un combattant et je me battrais pour ma vie contre elle et contre tous ceux qui voudront me dévier de mon chemin.

- Tu croyais vraiment avoir le choix bébé ? Je ne t'ai jamais demandé de choisir, je te veux un point c'est tout. Tes mots, je m'en fous, ta rédemption, je m'en fous. Tu es rentré dans mon monde, tu ne peux plus en sortir Lucas, ricane-t-elle.

- Ton ego est ta plus grande faiblesse, Sofia, arrivera le jour où il se retournera contre toi.

- Tu te crois plus fort que moi, vraiment ? Tu ne sais pas qui je suis. Je gouverne mon business. Tu devrais te sentir honoré que je te choisisse. Je suis certaine de ton potentiel bébé, tu ne te rends pas compte qu'à nous deux, on peut dominer le monde.

- Tu es complètement cinglée. Je m'en contre fou de ce que tu veux. Tu devrais te méfier, la roue tourne, même pour toi. Si tu n'entends pas ce que je te dis, ça sera à mon tour de te faire vivre un enfer, je vais t'écraser, je vais te faire regretter chaque mot, chaque geste que tu auras dit et fait dans ta vie. Je vais te faire souffrir jusqu'à te voir mourir.

Je suis rouge de haine, mais cela ne semble pas l'effrayer, bien au contraire elle arbore un sourire machiavélique.

- Je savais que ton âme était aussi noire que la mienne, bébé.

- Je n'ai absolument rien à voir avec toi. Donc je te le répète, oublie-moi sinon tu le regretteras.

Sofia fulmine, elle a enfin compris qu'elle avait perdu la partie. Je sais qu'elle ne l'acceptera pas mais pour l'heure je l'ai prévu des conséquences de sa folie.

Alors je me lève pour rejoindre la sortie, mais ses deux colosses reprennent instantanément leur position de barrage. J'hésite quelques secondes et au même moment la clochette de la porte retentit. Je vois entrer deux policiers en uniforme venus chercher leur sandwich pour le déjeuner. C'est ma porte de sortie, j'en profite pour m'engouffrer dans l'aller et au moment de rejoindre la rue animée, j'entends la voix du diable derrière moi : « Tu passeras le bonjour à Louise de ma part ».

Ses paroles glissent sur moi. Je ne t'écoute plus et je n'ai peur de toi Sofia.

Je m'empresse aussitôt d'envoyer un message à Louise.

Pardonne-moi pour aujourd'hui. Ne t'inquiète pas. Je t'expliquerai tout. Je t'aime.

Elle ne me répond évidemment et j'approuve sa colère. J'attendrais son retour ce soir pour tout lui raconter. Et elle comprendra et me pardonnera. Ce soir tout ira bien.

En attendant, je dois prévenir le commandant de la situation. J'ai provoqué cette folle, Dieu sait ce qu'elle pourrait faire maintenant. Je dois me protéger, protéger ma famille, protéger Louise.

Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant