Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]

Chapitre 25 (Lucas) - Découragement

Je tourne en rond dans ma cellule en essayant de décrypter mon état. Je suis à la fois, heureux, impatient, en colère et anéanti. 

Je sens ma poitrine se gonfler à chaque respiration comme si mes poumons allaient exploser. Il faut que je me calme. Je m'assois au bord de mon lit, prends une profonde inspiration et récite à haute voix : Tu vas sortir d'ici, tu vas assister au mariage de ton frère, tu vas voir ta famille. À cette pensée, un rire euphorique me monte aux lèvres : Putain, je vais voir mon frère se marier !

Même dans mes rêves les plus fous, je n'aurais jamais imaginé que cela puisse se produire, je m'étais habitué à l'attente, aussi longue soit-elle, j'avais accepté les contraintes, les actes manqués en espérant rattraper le temps perdu une fois sorti. 

Ma respiration augmente à nouveau, je crois que je fais une crise d'angoisse. Je me redresse et je recommence ma danse comme un possédé dans mon 6m2. J'essaye de fixer quelque chose dans cette pièce minuscule et froide, quelque chose qui me prouve que je suis bien dans la réalité. La tête entre mes mains, je ferme les yeux pour apprécier le moment, mais la seule chose que je vois c'est elle. 

Celle qui m'a permis d'avoir cette autorisation. Celle qui s'est pliée en quatre pour que je puisse voir ma famille. Pourquoi ? Parce qu'elle tient à moi forcément, parce qu'elle voulait me faire plaisir. Elle l'a fait sans concession, sans condition. Je ne lui ai rien demandé et pourtant elle a su m'offrir la chose qui me ferait le plus plaisir. 

Alors pourquoi m'a-t-elle rejeté lorsque je lui ai demandé de m'attendre. Pourquoi j'ai senti de la peur dans son regard comme si j'étais un monstre avec qui elle ne pourrait jamais imaginer vivre. Sans doute parce que c'est ce à quoi je ressemble à ses yeux et probablement aux yeux de toutes les personnes que je verrais dans quelques jours. 

Pendant quelques minutes, j'ai cru que j'étais une personne normale, un flic qui veut passer du temps avec ses amis, qui veut vivre une belle histoire d'amour, qui veut prendre sa voiture le matin pour aller au boulot comme tout le monde. Mais les choses sont différentes pour moi, rien ne sera plus jamais comme avant, même une fois que je serai hors de ces murs, je resterais un délinquant, un raté, un mec dont tout le monde aura peur. 

Comment ai-je pu croire une seule seconde que Louise pourrait vouloir de moi ? Ses paroles et ses gestes n'étaient destinés qu'à soulager mon corps et mon esprit, elle a simplement fait son travail de médecin. 

Maintenant que j'y repense, ses mains sur ma peau ne me caressaient pas, ses regards ne me désiraient pas, ses mots ne me séduisaient pas. J'ai interprété ses gestes parce que je suis un connard paranoïaque, parce que j'essaye de me repentir, de me convaincre que je peux être un homme désiré et aimé. Mais je ne suis plus rien et même si j'ai bientôt purgé ma peine républicaine, je payerais mes actes pour le reste de ma vie. 

Je me frotte le visage en prenant pleinement conscience de mon destin, je n'ai que deux choix : soit j'accepte d'être rejeté toute ma vie, soit il vaut mieux que je disparaisse de la surface de ce monde, car je ne suis pas sûre d'être assez fort pour surmonter ce qui m'attend dehors.