Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]

Chapitre 44 (Lucas) - Des Liens Indestructibles

Je me redresse sur mon lit et me racle la gorge. Je passe une main sur mon visage comme pour effacer cette image irréelle. Mais ils sont toujours là.

- Bonjour, Lucas, annonce Michel.

- Bonjour. Le son de ma voix est si bas que je me demande s'ils m'ont bien entendu.

J'ai du mal à mettre des mots sur ce que je ressens, de la joie, mais aussi de la honte et surtout beaucoup d'interrogation. Je ne les ai pas vus depuis trois longues années, je n'ai aucune idée de ce qu'ils sont devenus et surtout je ne pensais pas les revoir un jour. Ils n'ont pas beaucoup changé, Michel a les cheveux blancs maintenant, Amin a pris du muscle, je le vois immédiatement à ses biceps gonflés sous son T-shirt et Marie porte désormais des lunettes. Ils sont tous les trois en civils, donc j'en conclus qu'il s'agit bien d'une visite amicale.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? Comment savez-vous que ... Je demande.

- Ton frère, m'annonce simplement Michel.

Je suis surpris par cette annonce, comment mon frère a pu être en contact avec eux ?

- Comment vas-tu ? me questionne Marie en s'approchant de mon lit.

- Ça va, on m'a fait un lavage gastrique, apparemment je n'aurais pas de séquelles.

- Tant mieux, je suis tellement contente de te voir Lucas.

- On est tous contents, ajoute Amin. Ça y'est, tu es enfin libre maintenant, félicitations ! Il me tend le poing et sans trop réfléchir je réponds à sa demande de check.

La situation est complètement surréaliste, j'ai l'impression que je les ai quittés hier et en même temps ils me semblent être des inconnus.

- Excusez-moi, mais je suis un peu déstabilisé de vous voir. Je pensais qu'avec le temps vous m'auriez ...

- Oublié ? Propose Amin. Ça ne va pas la tête ! Tu crois vraiment qu'on aurait pu faire ça ?

- Après ce que j'ai fait, oui.

- Lucas, on va mettre les choses au point tout de suite, annonce Michel droit comme un piquet devant moi.

Malgré ses quelques années de retraite, il a gardé la posture du Commandant, celui qu'on écoute et à qui on obéit et malgré mes quelques années d'incarcération, je me redresse naturellement dans mon lit comme pour me mettre au garde à vous.

- Tu as été injustement incarné parce que tu t'es laissé berner et que notre administration n'a pas su te défendre.

Je veux l'interrompre, mais il me fait un signe de la main pour me faire taire.

- Tu ne t'es pas beaucoup défendu non plus et nous avons respecté ton choix de te couper du reste du monde pendant trois ans, mais maintenant tu es libre. Nous sommes heureux de te retrouver et nous sommes là pour toi, conclut Michel.

- Vous oubliez Fred, je déclare la mine misérable.

Lorsque nous étions intervenus auprès du dealer qu'avait dénoncé Sofia, nous nous étions retrouvés dans un vieux squat en marge du centre-ville. Nous avions préparé l'offensive, chacun savait ce qu'il devait faire, nous étions en plein jour, loin des habitations, tout aurait dû être simple, efficace et rapide. Mais cela avait été sans compter sur la trahison de mon ex-petite amie, qui avait informé le caïd de notre plan. Bien sûr, elle n'en connaissait pas les détails, mais assez pour le prévenir de l'assaut et lui laisser le temps de s'y préparer. 

Le squat était un vieux parking abandonné avec de nombreux poteaux derrière lesquels nous avions pris position. Le trafiquant était là, en train de préparer sa cargaison de coke que ses comparses allaient pouvoir revendre dans la journée. Nous étions une dizaine, armés et entrainés. Fred et moi on bossait ensemble depuis notre entrée dans la police, on était les meilleurs amis du monde, on avait une connexion particulière qui nous permettait de nous comprendre sans même qu'on est besoin de nous parler. Après un rapide coup d'œil, il avait été le premier à entrer dans l'arène, il avait fait son job dans les règles : annoncer notre présence et exposer les motifs de notre intervention. Évidemment les malfrats avaient immédiatement réagi en se calfeutrant derrière des palettes laissées à l'abandon et avaient ouvert le feu.