Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]

Chapitre 57 (Lucas) - Rencontre avec le diable (2)

- Elle est plutôt jolie, me lance la diablesse en face de moi.

- Va te faire foutre.

Elle émet un gémissement de plaisir pour simple réponse et mon regard haineux se pose sur elle. Cette fille est complément folle.

- Tu sais que c'est quand tu veux, minaude-telle. Tu m'as manqué bébé, quatre ans c'était long. Mais tu vois, je t'ai attendu et nous sommes à nouveau réunis.

J'ai du mal à assimiler ses paroles tellement elles me semblent improbables. Comment ai-je pu ne pas voir qu'elle était dangereuse. Je secoue la tête en soupirant. Bien sûr que je le savais au fond de moi. 

L'instinct avait toujours été une de mes plus grandes qualités en tant que flic, mais à la seconde où j'avais rencontré Sofia, ce don avait été anéanti. Elle m'avait littéralement aspiré l'esprit. Insidieusement, elle avait fait de moi sa marionnette, son jouet. Et moi, je l'avais laissé faire sans comprendre, sans me méfier, sans me battre. Je me souviens que mes collègues m'avaient alerté, mais ma fierté m'avait poussé à faire taire leur commérage, j'étais assez grand pour savoir ce que je faisais. Mais non Lucas, tu n'as jamais été assez malin pour prendre les bonnes décisions.

Qu'est-ce qui m'a rendu comme ça ? Ses yeux séducteurs, ses mots rassurants, son corps envoutant ? Je me hais d'avoir été un putain d'homme faible face à cette femme. Louise vaut mille fois mieux qu'elle et n'a jamais eu besoin de montrer ses atouts physiques pour me plaire. Non, Louise, elle, est pure, douce, honnête. 

Mais Louise est partie.

Elle est partie parce que je lui ai menti, parce que je n'ai pas su l'aimer correctement comme un homme, un vrai. Louise est partie. Et moi je suis là face à mon bourreau.

- Qu'est-ce que tu me veux, je finis par demander.

- Toi, bébé.

Sofia approche ses mains manucurées pour les enlacer dans les miennes posées à plat sur la table. Mais d'un geste sec, je la repousse. Je ne veux pas qu'elle me touche, je ne veux plus de connexion avec elle de quelque manière que ce soit. Il est temps de m'en débarrasser pour de bon. Et après j'irais retrouver Louise, je lui dirais tout et elle me pardonnera.

- Je ne suis plus à toi. Va te faire voir !

- C'est ce que tu crois mais moi je te veux. C'était bien tous les deux, tu n'as pas oublié quand même ?

Et elle continue à m'amadouer en faisant gonfler sa poitrine sous mon nez. Cette fille n'a vraiment aucun respect pour elle-même. Elle me dégoute.

- Tu es complètement folle, ma parole. Tu as pourri ma vie. Tu m'as utilisé. Tu m'as fait vivre un enfer. J'ai perdu mon âme, mon job à cause de toi et tu crois vraiment que je vais revenir ramper à tes pieds ? je lui réponds en ricanant.

- Arrête de te mentir à toi même, Lucas.

Son ton a changé soudainement, son air est plus sérieux et sa position plus dominatrice.

- Je sais que tu as kiffé notre histoire. Je ne t'ai pas forcé à rentrer dans mon lit, c'est toi qui es venu. Avoue-le, tu t'es senti important en sortant avec moi. Ton égo de mâle était à son paroxysme. Le petit flic de province au bras d'une si belle femme. Tu étais fier de rendre jaloux tes collègues, tu étais fier de te pavaner avec moi comme un roi. Et le plus important, tu as adoré prendre possession de mon corps. Tu ne pourras jamais oublier nos parties de sexe et tu sais comme moi que tu ne retrouveras jamais une femme aussi bonne que moi.

J'ai envie de vomir. Mon estomac me torture. Par ses quelques mots elle a fait remonter toutes mes erreurs et mes faiblesses. J'ai l'impression d'être une merde, qu'elle prend plaisir à écraser un peu plus. Et je repense à la prison, j'ai toujours su que je l'avais mérité d'une manière ou d'une autre et si ce n'était pas pour le meurtre de mon ami, ça l'était pour tous mes autres péchés.

J'ai envie de prendre mon arme cachée sous mes fringues et de me foutre une balle dans la tête, là au milieu de ce café. Je suis une merde, c'est elle qui a raison.

- On peut reprendre là on où on s'était arrêté bébé et continuer notre histoire. Tu sais qu'on est fait l'un pour l'autre. On a la même fougue tous les deux, on veut le pouvoir, la domination.

Je la dévisage quelque seconde. Elle me semble encore plus puissante, plus imprévisible, plus sournoise. Est-ce que je suis capable de faire ce que je m'apprête à faire ? Elle continue à me parler de ses projets, mais je ne l'écoute pas. J'analyse mes options. Ma tête a du mal à fonctionner, j'ai peur, je crois. 

Quand j'étais dans la police, on travaillait en équipe, on élaborait des plans ensemble, on se soutenait les uns les autres. Ici je suis tout seul et je me sens perdu.

Seules deux options s'offrent à moi : ou je lui fais comprendre qu'elle peut bien aller se faire foutre en sachant que sa réaction sera sans aucun doute redoutable ou j'accepte de me maquer au risque de ne plus jamais sortir de cet enfer.

Ça serait tellement simple si je succombais à sa demande. Peut-être que si je donne à Sofia ce qu'elle veut, les choses changeront. C'est peut-être ce que je dois faire pour protéger les miens. Me rapprocher d'elle pour mieux l'élimer. Parce que j'ai toujours l'intention de la faire disparaitre de ma vie, mais pas ici, mon plan A à foirer. Je dois passer au plan B.

Peu importe mon choix, je n'ai aucun filet de sécurité et mon âme est déjà perdue, alors ...