Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]

Chapitre 38 (Louise) - Espièglerie

Les jours qui suivent, j'ai beaucoup de mal à me concentrer sur mon travail. La perspective de passer du temps avec Lucas en dehors de ses murs m'excite et en même temps m'angoisse.

Ici, nous avons nos habitudes, nos règles, nos limites ; dehors nous serons un couple libre et nous aurons tout à construire. Mais malgré tout, cela me rend heureuse d'imaginer cette nouvelle page qui s'ouvre devant nous.

Évidemment, nous n'avons rien dévoilé à personne, mais il n'a pas fallu bien longtemps à Barnabé pour observer un changement dans mon attitude. Je suis devenue hyperactive, j'enchaine les consultations, les ateliers, les réunions avec un engouement que je ne me connaissais pas. Je sais que je fais cela pour combattre la frustration, Lucas sort dans peu de temps, mais le temps semble bizarrement se ralentir.

Il occupe constamment mon esprit et tous les jours je meure d'envie de le voir. Mais je ne peux décemment pas tourner autour de sa cellule pendant des heures et il ne peut pas tomber malade tous les quatre matins et me rejoindre dans mon bureau. Nous nous sommes croisés quelquefois, dans les couloirs, devant l'atelier ou la salle de sport et nous avions dû résister pour ne pas nous parler et même nous regarder.

Je comptais les jours comme un enfant qui compte les dodos avant Noël.

*****************

Ce lundi matin, le surveillant Philippe frappa à ma porte.

- Bonjour Docteur, je peux vous déranger ?

- Bien entendu, Philipe, entrez. Que puis-je faire pour vous ?

Il est mal à l'aise et je vois bien qu'il ne sait pas comment aborder la conversation. Il jette des coups d'œil furtifs vers la porte, comme s'il avait quelque chose à se reprocher.

- Tout va bien ? lui demandais-je inquiète.

- Oui. Je voulais vous dire, commença-t-il alors que son visage s'empourprait, ma copine et moi nous avons dû nous aussi nous cacher pendant des mois avant de pouvoir se voir librement.

Je le regarde interdite, maintenant c'est moi qui rougis. Je ne sais pas quoi dire alors je le laisse continuer.

- Je sais que vous serez bientôt réunis ; mais Elsa, c'est ma copine, précise-t-il, elle pense comme moi que ça doit être tellement dur pour vous d'attendre.

- Phillipe, je ne sais pas ...

- Ne vous inquiétez pas, il n'y a que moi qui suis au courant. Lucas ne m'a rien dit, mais j'ai deviné, parce que je le surveille depuis 3 ans et je le connais bien maintenant. Il est tellement épanoui, je n'en reviens pas et je suis hyper heureux pour lui. Pour vous.

Je souris comme seule réponse, cette conversation est totalement surréaliste.

- Bref, Elsa elle est plus maligne que moi, et elle a eu une idée.

- Attendez une minute, vous avez raconté cette histoire à votre copine ?

- Oui on se dit tout, j'ai besoin d'évacuer après le boulot vous comprenez et d'habitude je lui raconte des événements pas très sympas. Alors depuis que je lui parle de vous et Lucas, elle s'intéresse encore plus à mon travail. Vous êtes devenu notre sujet de conversation favori ! Mais ne le prenez pas mal, hein !

Je ne sais pas si je dois rire ou m'inquiéter. Et s'il révélait la vérité au directeur ou à ses collègues, à coup sûr je serais virée et Lucas restait en prison pour quelques années supplémentaires. Je dégluti, anxieuse.

- Philippe, c'est gentil de votre part, mais je pense que vous ne devriez pas vous préoccuper pour nous. Ça pourrait vous causer des problèmes.

- Ne vous inquiétez pas pour ça. Lucas a toujours été sympa et cool avec moi, il m'a aussi donné des conseils à l'époque quand j'ai rencontré Elsa, donc c'est un peu grâce à lui que je suis avec elle aujourd'hui. Je dois lui rendre la pareille.