Chapitre 41 (Louise) - Epreuve

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Comme par magie, Lucas entre à ce moment-là dans l'infirmerie et s'assied devant moi, un sourire tendre sur les lèvres. Une fois que je me suis assurée que la porte était bien fermée, je l'invite à me rejoindre dans la salle d'examen. Il marche à côté de moi et je sens son bras effleurer le mien. Mon Dieu, cet homme me fait un effet de dingue. Je frisonne et prend une grande inspiration

- Salut.

Il me fixe alors que je prépare mon dossier et je fais tomber mon stylo, ce qui ne manque pas de le faire sourire.

- Ton week-end t'a perturbé on dirait. Comment était le spectacle ?

- Très bien, je lui réponds avec aplomb.

Il veut jouer, on va jouer.

- Mmh, combien de corps masculin as-tu touché ?

- Zéro ! Mais j'ai compté au moins une soixantaine d'abdos parfaitement huilés et dessinés.

Il se tend assis sur le bord de la table d'auscultation. Son sourire provocateur ne s'efface pas mais je vois à la veine qui palpite dans son cou que ma réponse le rend nerveux. J'ai envie d'embrasser cette veine.

- Tu sais que je sors dans une semaine ?

- Oui tout à fait, c'est d'ailleurs pour ça que tu es là, c'est ton dernier rendez-vous. Je dois faire ton check up complet et signer ton dossier médical pour ta sortie. Comment te sens-tu ?

Il se lève sans me quitter des yeux et retire son polo.

- Je suis prêt mon check up, fais-toi plaisir ?

Une ombre de provocation traverse ses pupilles et moi je respire difficilement. Lucas n'a absolument rien à envier aux stripteaseurs, si je ne savais pas qu'il avait été policier, j'aurais pu penser qu'il eut fait partie d'une troupe de chippendales. Je prends soudain conscience que ce corps tendu devant moi m'appartiendra, en quelque sorte, dans quelques jours et que je pourrais enfin le caresser sans retenue. Cette pensée me fait rougir.

- Lucas, je suis encore ton médecin, tu ne dois pas me provoquer comme ça, dis-je en détournant le regard.

- Tu es un peu plus que mon médecin non ?

- Je suis troublée par cette vérité.

- Oui, mais nous devons être encore un peu patients. D'ailleurs...

Je ne termine pas ma phrase, me demandant comme je vais aborder la question sans me faire passer pour une femme en proie à un désir sauvage et ardent. Il m'interroge du regard.

- Qu'as-tu prévu pour vendredi ? Je lui demande.

- C'est de l'impatience ça ?

- Non, non, je veux dire, comment tu organises ta sortie, c'est ton frère qui vient te chercher ? Je lui précise, en comprenant qu'il pensait que je lui proposais un rendez-vous.

- Mes parents viennent me chercher à 18 h. J'irai dormir chez eux et mon frère et sa femme nous rejoindront pour le diner.

- Super !

- Louise, tu as quelque chose à me demander ? Tu sais que j'ai une envie désespérée de passer du temps avec toi, mais je dois d'abord voir ma famille, cela m'aidera beaucoup à m'acclimater, tu comprends ?

- Évidemment que je comprends, c'est tout à fait normal et nous aurons tout le temps de vous voir plus tard. Je voulais juste savoir si nous devions organiser quelque chose après...

- Tu vas me donner ton numéro et dès que je récupère un portable je t'appelle et je viendrai te voir. Dimanche ça t'irait ?

Dimanche, deux jours après sa sortie. Il veut me voir deux jours après sa sortie. Je m'attendais à ce qu'il repousse l'échéance le temps de prendre ses marques, gouter à la liberté, rattraper le temps perdu. Mais non, il m'inclut dans ses priorités. Mon cœur palpite.

- Je ne pourrais pas encore t'emmener pour une balade en bord de mer mais je connais un coin très sympa dans les environs. Je m'occuperai de tout et nous irons pique-niquer près d'un lac que tous les deux. Qu'en penses-tu ?

- Tu as déjà tout prévu ? Je lui demande troublée.

- Louise, je pense à toi jour et nuit. Ce que je désire le plus au monde maintenant c'est passé du temps avec toi.

- Je ne t'aurais jamais cru si romantique.

- Je te l'ai dit, je suis plein de ressources.

**************************

Je suis clairement sur un petit nuage. Lucas Moreau m'a fait une déclaration et je pense que je peux sereinement considérer que nous sommes un couple. Cette perspective me remplit de joie et Barnabé n'est pas dupe.

- L'amour est ce sentiment qui te rappelle à quel point tu es humain, m'annonce-t-il lorsqu'il entre dans mon bureau ce matin.

- Barnabé, je...

- Il n'est pas utile de te justifier Louise. S'il y a bien un sentiment qu'on ne peut pas contrôler, c'est celui-là. Je n'ai ni jugement ni conseil à t'apporter. Je constate simplement, avec bonheur, le rapprochement de deux êtres qui s'apportent mutuellement de l'écoute et de la compassion. C'est assez rare de vivre ça dans mon travail, laisse-moi apprécier ce moment s'il te plait.

Je souris à pleine dent.

- Merci Barnabé.

Nous poursuivons la conversation sur des banalités lorsque Philippe déboule dans mon bureau sans prendre la peine de frapper. Il est blême et complètement paniqué.

- Docteur, vite, venez !!! C'est Lucas.

Un frisson d'effroi me parcourt tout le corps et je reste figée. Il me faut quelques secondes pour digérer ce que je viens d'entendre. Le visage blême du surveillant, l'urgence de sa demande et les bruits de pas qui courent dans le couloir ne présagent rien de bon.

Je bondis de mon fauteuil, Barnabé sur mes talons. Nous courrons derrière Philippe dans les couloirs qui semblent se prolonger sans fin. Lorsque nous arrivons devant la cellule 408, la porte en fer est grande ouverte. Je découvre le lieutenant, le visage fermé, fixant le sol.

Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant