Chapitre 20 (Louise) - Sermon

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- Tu as fait quoi ? Hurle Jessica alors que je suis assise en position fœtale sur le tapis du salon, adossée au canapé.

- Rien, je n'ai rien fait, rétorquais-je

- Mais ça a failli ! Louise tu es dingue c'est un criminel.

- Arrête de dire ça !

Je crie plus fort que je l'aurais voulu. Jessica me regarde atterrer, mais je sais qu'elle a compris.

- Bon ok ma belle, dit-elle plus calmement en s'asseyant près de moi. Tu n'as pas eu de mec depuis longtemps, le gars est canon et visiblement charmeur, il t'a troublé. Je suis une nana, je comprends.

- Je t'ai dit qu'il était canon ? Je la questionne en mordillant l'ongle de mon pouce.

- Tu m'as parlé au moins une dizaine de fois, de son torse, de ses yeux, de ses épaules ...

- Merde !

- Comme tu dis !

- Mais je ne suis pas si bête Jess, je ne craque pas sur un homme juste pour ses pectoraux.

- Bah ! Visiblement ça te fait de l'effet quand même parce que là tu t'attaques au mec le moins disponible de la terre. D'ailleurs en parlant de mec tu ne m'as pas raconté ce qui s'est passé avec Clément, vous avez passé la soirée à danser et vous êtes rentré ensemble il me semble, minaude Jessica.

J'avais complètement oublié Clément qui pour le coup avait, lui, réussi à m'embrasser. 

Comme prévu le week-end précédent, nous nous étions retrouvés à la fête de fiançailles. Les amoureux étaient ravis et la fête avait été somptueuse. Clément n'avait cessé de rester près de moi. C'était un très bon danseur et le premier slow que nous avions dansé m'avait laissé découvrir la musculature de son dos. 

Il portait un costume bleu marine un peu irisé sur une chemise blanche et une cravate à motifs discrets. Très classe. Il avait coupé ses cheveux un peu plus courts, mais il lui restait quelques mèches longues qui avaient fini par tomber sur son front plus tard dans la soirée. Il sentait bon le parfum de luxe, ses gestes étaient élégants et doux. Quand ses mains chaudes s'étaient posées sur le creux de mes reins, ses doigts s'étaient permis d'effleurer la peau de mon dos à travers ma chemise en soie. La sensation avait été intense et nos deux corps s'étaient instinctivement rapprochés. 

Dès notre première rencontre, j'avais compris que Clément avait flashé sur moi et il ne s'en était pas caché. Au vu du taux d'alcool que j'avais dans le sang à trois heures du matin, j'avais accepté sans difficulté qu'il me raccompagne. Dans la voiture il m'avait maintenu en éveil en me faisant rire et lorsque nous étions arrivés en bas de chez moi, il n'avait pas attendu longtemps pour m'embrasser. Un baiser fougueux, assoiffé. Après des heures de rondes charmeuses toute la soirée, notre désir était arrivé à son paroxysme. Je fus la première à lui déboutonner sa chemise pour passer mes mains sur son torse dur et imberbe, il avait pris ce geste comme le passeport qui lui donner l'autorisation de passer à la vitesse supérieure. Il m'avait soufflé à l'oreille que j'étais magnifique et qu'il me désirait. Et puis il avait glissé la main entre mes cuisses déjà humides, rapidement il avait touché mon intimité et je m'étais accroché à ses cheveux pour lui ordonner de ne pas s'arrêter.

- On monte chez toi ? m'avait-il proposé.

Mais lorsque j'avais ouvert les yeux, certes brumeux, j'avais eu un mouvement de recul. Ce n'était pas Lucas. J'avais vécu, pendant trente minutes dans cette voiture, un fantasme torride avec mon patient, un prisonnier, Lucas. Mais ce n'était pas lui qui avait posé les mains sur moi, qui m'avait embrassé avec passion, qui avait caressé mes cuisses et avait réveillé en moi ce désir charnel trop longtemps enfoui. J'avais été perdue, déstabilisée. Clément me plaisait, mais pas autant que Lucas. J'avais prétexté un mal de crâne et grâce à ses habitudes de gentleman et il n'avait pas insisté. Ma tête et mon corps étaient bien trop fatigués ce soir-là pour que je puisse analyser ce qui s'était passé.

Je mens à Jessica lui expliquant que Clément est adorable, mais que je n'avais pas envie de démarrer une histoire aussi rapidement, mais bien sûr elle ne me croit pas.

- Pas d'histoire avec Clément, mais avec l'autre oui ! Pourquoi cherches-tu toujours les complications Lou ?

- J'en sais rien. Et puis je ne démarre rien du tout avec Lucas. Il m'a troublé c'est tout. Je te raconte ça parce que tu es mon amie, ne te fâche pas contre moi, je la supplie en me blottissant sur ses genoux. Elle caresse les cheveux :

- Je ne suis pas fâchée, je suis inquiète. Quand bien même ce Lucas est un type bien, tant qu'il est en prison, vous ne pouvez rien faire. Trop dangereux pour toi et pour lui. Tu ne vas pas risquer à perdre ton job et lui de perdre définitivement sa liberté.

- Bien sûr que non. Écoute, oublions ça pour le moment. Je vais aller prendre un bain et tenter de faire une nuit complète. Demain j'aurais tout oublié.

Jessica loin d'être convaincue me donne un gros câlin et je file dans la salle de bain histoire d'y trouver un peu de sérénité.

Allongé dans la baignoire, je repense forcément à Lucas. Il s'était endormi alors que je finissais ses points de suture sur la joue amochée. Il m'avait semblé apaisé et je n'avais pas voulu le réveiller toute de suite. Je l'avais couvert avec un drap pour qu'il ne prenne pas froid. Et puis je l'avais observé. Les courbes de son visage adoucies par le sommeil, sa joue rosie par la blessure et sa bouche pleine et légèrement entrouverte. Ses lèvres. Il avait osé. 

Est-ce que c'est son enfermement qu'il lui avait donné cette envie et ce courage de risquer un acte répréhensible ? Avait-il conscience à ce moment-là de qui il était et où il se trouvait ? 

J'aurais pu crier, appeler les gardiens ou juste le repousser, mais je l'avais laissé faire, je l'avais laissé m'effleurer et j'avais aimé ça. Je n'avais pas eu peur. C'était bizarre à dire, mais il me rassurait à sa manière.

Mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je ne peux pas continuer comme ça. Cette histoire est en train de prendre une tournure complètement surréaliste.

Je ne peux pas rester dans cette prison. Je vais demander ma mutation, je ne vois que cette solution.


Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant