- Louise !? Mais qu'est-ce que tu fous ici ?
- Qu'est-ce que je fous ici ? C'est plutôt à moi de te demander ça ! me crache-t-elle au visage rouge de colère.
C'est la première fois que je la vois dans cet état et j'ai du mal à la reconnaître. La situation aurait pu être cocasse, voire ridiculement drôle, mais elle est tout le contraire.
Je me sens complètement dépourvu et très mal à l'aise, je n'ai aucune autre explication plausible à lui donner sauf celle de lui avouer la raison de ma présence ici.
- Qu'est-ce que tu me caches Lucas !
- Rien, je suis venue prendre un café avant d'aller bosser.
Sérieusement ! Je suis encore capable d'essayer de lui cacher la vérité. Je me dégoûte moi-même de mon impertinence.
- Ce café est à l'opposé de la menuiserie, tu te fous vraiment de moi !
- Je ... Écoute Louise, je t'expliquerai, mais tu ne peux pas rester là.
Je tente une approche douce en me levant et en tendant le bras vers elle en signe de ma bonne foi. Mais elle rejette aussitôt ma tentative d'un geste brusque et violent qui me fait presque perdre l'équilibre.
- Tu me mens Lucas. Tu me mens depuis des mois. Je ne comprends pas que tu n'aies pas assez confiance en moi pour me cacher encore des choses. Après ... Après tout ce qu'on a vécu.
Maintenant sa voix est tremblotante et elle frotte déjà le dos de sa main sur ses yeux pour essuyer ses premières larmes.
S'en est trop, elle ne me rejettera pas une deuxième fois, je l'attire vers moi sans prévenir en la prenant par la nuque et elle sanglote contre mon torse.
- Louise ... Fais-moi confiance. Lui dis-je en lui caressant les cheveux. Je t'expliquerai, je te le promets, mais je dois d'abord régler certains trucs et je ne veux pas te mêler à ça pour le moment.
Les quelques clients du café nous observent ,curieux, comme s'ils suivaient un épisode de Telenovela. Même le vieux accoudé au comptoir à poser son journal concentré sur nos échanges houleux.
- Tu ... Tu n'es pas en train de tomber dans des trucs louches Lucas ? Ses yeux m'implorent. Tu n'es pas un délinquant, tu le sais ?
Je mets quelques secondes à lui répondre, car je ne suis pas convaincu par ce que je m'apprête à lui dire. Aussi je choisis bien mes mots.
- Non. Je ne fais pas de trafic, je réponds simplement.
Louise me regarde de nouveau avec colère. Son visage se fixe, son teint est blême, ses yeux sont rougis et du haut de son mètre soixante, elle me fait penser à un dragon prêt à me cracher ses flammes au visage pour me punir de mes péchés.
- Alors pourquoi j'ai trouvé une arme dans tes affaires ? Me demande-t-elle en chuchotant, mais avec aplomb.
Je suis pétrifié. Je suis pris au piège de mes propres mensonges et cachotteries. Comment a-t-elle pu tomber sur le flingue, je l'avais pourtant bien caché.
Je me rends soudainement compte que je suis allé trop loin et j'ai été fou de croire qu'elle ne se rendrait compte de rien. Mes nuits blanches, mes silences, mes absences, évidemment qu'elle finirait par se douter de quelque chose.
Je n'ai plus le choix, je dois tout lui dire maintenant, avant que Sofia ne débarque.
- On m'a donné cette arme pour ma sécurité et ... la tienne.
- Qui te l'a donnée ?
- Un ami. Mais face à la mine courroucée de Louise, je précise en soupirant. Mon ancien patron. Il a une agence de sécurité et m'a obtenu un permis de détention.
- Pourquoi ?
- Je te l'ai dit, pour nous protéger. Louise s'il te plaît, on peut parler de tout ça à un autre moment.
Je sens bien qu'elle n'est pas prête à déguerpir et moi je tourne la tête dans tous les sens en espérant que Sofia ne se pointe pas au rendez-vous. Je ne veux pas que Louise soit impliquée, mais c'est probablement déjà trop tard. Je vois dans son regard un déchaînement de rage et ça me fait tellement mal. Comment ai-je pu être aussi stupide et égoïste. Je voulais juste la protéger.
Ça ne s'arrêta donc jamais, je ne pourrais jamais être heureux et serein. Je n'arriverais jamais à reprendre du bonheur autour de moi.
Louise ne décolère pas, elle attend toujours une réponse.
- Protéger de qui ? De quoi ?
- De moi peut-être ? siffle une voix féminine.
Mon cœur se serre dans ma poitrine, je pensais vivre un moment de tension extrême, mais je comprends rapidement que l'arrivée de Sofia annonce bien pire.
Elle se trouve dos à Louise, perchée sur des cuissardes qui couvrent ses jambes fines jusqu'aux cuisses. Une longue chemise blanche lui fait simplement office de robe, elle a la même coupe de cheveux qu'à notre première rencontre, un chignon déstructuré qui lui donne un côté sauvage propre à elle. Elle me transperce de son regard souligné d'un maquillage prononcé et sourit à pleines dents visiblement satisfaite de son entrée théâtrale.
Je viens de signer mon arrêt de mort.
Louise m'observe sans dire un mot, elle cherche des explications dans mon regard et j'essaye de rentrer en connexion avec elle pour la rassurer, parce qu'il ne s'agit sûrement pas ce qu'elle doit penser. Elle se retourne et toise l'autre femme. Sofia est plus grande, mais Louise impose par sa prestance.
Les minutes s'égrènent et plus personne ne bouge, le silence est pesant dans le café.
Je suis extrêmement mal à l'aise et je ne sais absolument pas quoi faire. Elles ne devaient jamais se rencontrer. C'est complètement improbable et surtout très dangereux.
Lorsque je bouge enfin pour prendre tendrement la main de Louise, cette dernière se tourne brusquement vers moi.
- Tu es vraiment un gros connard ! annonce-t-elle d'une voix bien trop calme.
Et elle s'éloigne à grands pas en bousculant Sofia qui lui sourit, au passage.
Louise m'abandonne. Et mon cœur s'arrête de battre une deuxième fois.
Je dois la rattraper avant qu'il ne soit trop tard, tant pis pour mon plan, tant pis pour les conséquences, je ne peux pas la laisser partir. Mais Sofia m'agrippe le bras fermement pour m'empêcher de rejoindre Louise.
- Laisse-la partir, elle ne te mérite pas bébé. Je suis contente de te voir, minaude-t-elle avant de déposer un baiser sur ma joue.
La sensation de sa peau sur la mienne m'écœure et m'excite en même temps. Je vis un cauchemar éveillé et je suis pétrifié. Pourquoi je ne bouge pas ? Pourquoi je ne me casse pas d'ici pour retrouver celle qui m'a fait renaitre ? Il faut que je parte d'ici.
- Lâche-moi ! déclarais-je. Je n'aurais jamais dû venir.
- On a tant de choses à se dire bébé, assis toi.
- Dans tes rêves !
J'attrape ma veste posée sur la chaise et je m'engage vers la sortie, mais au moment d'arriver à la porte, deux hommes baraqués me barrent le chemin, l'un deux ouvre discrètement sa veste pour me montrer qu'il a les arguments pour me faire rester.
- Allez, assis toi bébé, siffle la voix derrière moi.
Et je m'exécute.
Comme un faible connard que je suis, incapable de prendre une décision rationnelle. Mon corps et mon esprit sont dissociés, je n'arrive plus à réfléchir. Ma tête me crie de partir en courant et de rattraper Louise mais mon corps refuse de bouger, car il sait qu'un geste de trop pourrait tout faire basculer.
Alors je m'exécute.
Je m'assois à cette table devant mon bourreau. Devant ce bourreau qui me sourit. Le diable en personne : séduisante, tentatrice et vicieuse. Je m'en veux, au plus profond de moi, de ressentir une pointe d'excitation pour cette femme. Alors je me concentre aussi fort que je le peux pour passe outre sa beauté ensorcelante.
Elle a gâché ma vie, si je ne l'élimine pas maintenant elle continuera à la gâcher jusqu'à ce que j'en crève.
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Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]
RomanceLouise est une jeune médecin qui a foi en l'humanité. Son truc c'est d'aider les autres. Elle décide de quitter l'hôpital dans lequel elle travaille depuis son retour de mission humanitaire pour prendre un poste dans un centre pénitentiaire. Les alt...