Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]

Chapitre 49 (Lucas) - Entre cauchemar et désir

Je me réveille en sursaut et en sueur, il est 5h du matin. Bon Dieu, ces cauchemars ne cesseront donc jamais ? Cela fait plusieurs jours que je me réveille quasiment toutes les nuits, complètement paniqué en vivant les mêmes scènes encore et toujours : le sourire machiavélique de Sofia, les yeux tristes de Fred, les barreaux de ma cellule ...

Je sens, soudain, une présence. Louise est paisiblement endormie à côté de moi. J'inspire profondément, et je prends conscience que je ne suis pas en prison, je suis libre et avec elle. Je me lève doucement et me dirige vers la salle de bain.

Hier soir, je me suis endormi avant qu'elle ne me rejoigne dans le lit. Elle avait fui et je n'avais pas vraiment compris pourquoi, à vrai dire, sa réaction m'avait plutôt fait peur. Est-ce qu'elle regrettait déjà de démarrer une histoire avec moi ?

La fatigue de la journée ne m'avait pas permis de trop cogiter sur ce sujet et des angoisses bien plus fortes hantaient maintenant mon esprit. Est-ce que je devais remuer le passé ?

L'annonce de Thomas sur le contenu de mon dossier avait éveillé en moi une redoutable question : étais-je vraiment coupable de ce que j'avais fait ? Ma famille, mes amis étaient persuadés de mon innocence depuis le début et visiblement mon dossier approuvait également cette opinion. Devais-je moi aussi accepter l'idée que je n'étais finalement pas un meurtrier ? 

Cette révélation me donna envie de vomir, comme pour expulser toutes mes douleurs. Des années à me blâmer, à souffrir pour une faute illégitime. Mon cerveau commençait à accepter l'hypothèse je ne fusse pas l'auteur du coup de feu qui avait tué mon ami. Un poids énorme était en train de se volatiliser.

Cependant, je me sentais quand même responsable de ce qui avait provoqué cet accident. Je m'étais laissé affaiblir par une femme, j'avais fait confiance, j'avais laissé mon cœur dicter ma raison et cela ne devait plus jamais arriver. Jamais.

Louise ne devait pas être ma nouvelle source de faiblesse. Elle me plaisait certes, elle semblait douce et clean, mais j'étais toujours sur mes gardes. Et si elle se jouait de moi elle aussi ? Cette nuit, elle n'avait pas voulu se donner à moi, elle ne m'avait jamais posé de questions sur mon passé comme si elle savait déjà tout, ma situation de prisonnier ne l'avait jamais rebutée comme si elle avait l'habitude de sortir avec des gars comme moi. Mon cerveau fonctionnait à mille à l'heure, tout se mélanger : le corps de Sofia avec le visage de Louise, des flics qui débarquaient dans la chambre pour me menotter à nouveau, le corps de Fred dans la baignoire. Merde j'étais en train de devenir fou. Comment être certain que je ne commettais pas une nouvelle erreur ?

Je reprends ma place au fond du lit en faisant attention de ne pas la réveiller, mais Louise s'étire et se retourne vers moi les yeux mi-clos.

- Tu es déjà debout ? me demande-t-elle.

- Je suis allé aux toilettes.

Elle émet un petit gémissement et attrape mon visage pour déposer un doux baiser sur ma joue.

Sans trop réfléchir, je fais glisser ma bouche sur la sienne. Elle accepte mon baiser avec délectation. J'entends les draps se froisser et son corps se rapprocher du mien. Ses mains caressent mon cou puis mes trapèzes pendant que sa bouche aspire la mienne. Mon érection, incontrôlable, se déclenche. Je ferme les yeux et je divague.

Cette femme m'attire irrésistiblement, mais je dois résister, je dois contrôler mes pulsions pour sauver ma vie. Je ne dois pas me laisser berner une nouvelle fois, elle va me remettre en prison, elle va m'utiliser pour son business, elle va de nouveau faire de moi un tueur.

- Lucas ?

J'ouvre les yeux. Louise me regarde avec intensité.

- Tout va bien ?

C'est elle qui est là près de moi, c'est elle qui m'embrasse avec passion. Pas Sofia. Un soulagement intense emplit mon corps. Un drôle de sentiment, jusqu'alors inconnu s'empare de moi. Je ne dois plus avoir peur. Pas avec elle. Sofia n'existe plus et j'ai purgé ma peine.

- J'ai envie de toi Louise, je lui avoue dans un souffle.

Elle sourit malicieusement.

- Moi aussi tu sais, mais tu sembles ailleurs.

- Je vais bien, je suis là avec toi.

- Lucas tu sais que tu peux tout me dire. Si tu ...

Mais je ne la laisse pas finir sa phrase et j'empoigne son visage entre mes mains pour l'embrasser férocement. Elle gémit, mais riposte.

- Ne fuis pas la conversation.

- Pas maintenant, je lui réponds contrarié alors qu'elle me repousse encore. Je parlerai, mais pas maintenant. Là j'ai juste désespérément envie de toi.

Sans d'autres mots, nous passons l'heure qui suit à entremêler nos corps avec passion, sans tabou, sans angoisse. 

Je suis peut-être vieux jeu, mais ce cap marque pour moi officiellement le début de notre relation. 

À présent, elle est mienne quoiqu'il arrive et je lui fais confiance.