Chapitre 5 (Lucas) - Entre Ombres et Remords

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Je douille ! 

Clairement, j'ai passé une nuit de merde. Je suis allé faire la radio, résultat : une côte cassée. La douleur lancinante m'a empêché de dormir une bonne partie de la nuit.

Ces connards m'ont bien amoché, mais je suis presque fier de moi de ne pas avoir porté le premier coup parce que contrairement à ce que j'ai dit au toubib, je sais qu'ils seront sanctionnés pour ce qu'ils ont fait. Les surveillants connaissent mon passif avec Carlos, depuis mon arrivée il me cherche et je ne sais pas pourquoi. Probablement parce que ma tête ne lui revient pas ou alors parce qu'il sait que je suis flic ... que j'étais flic. Cette pensée me déclenche un mal de crâne ; au moins je ne penserais plus à mes côtes me dis-je intérieurement.

Normalement le secret a été bien gardé pour m'éviter les problèmes. Parce que même si maintenant je suis dans la même catégorie qu'eux il n'en reste pas moins que tous ces détenus ont été mis en prison par un policier et qu'ils ont tous soif de vengeance. Si l'information devaient se répandre, je deviendrai la cible à abattre.

Moi aussi j'aurais dû mettre un voyou en prison au lieu de ça j'ai participé à sa réussite, j'ai lâchement abandonné mes principes et mes valeurs pour les yeux d'une femme. Elle s'en est sorti, pas moi. Dieu sait où elle se trouve maintenant. Elle a disparu physiquement de ma vie, mais pas de mon esprit. Pas parce que j'ai encore des sentiments pour elle, mais parce qu'à cause d'elle ma vie a basculé, j'ai perdu mon travail, mon âme et pire ... j'ai perdu mon meilleur ami. 

Il m'avait pourtant prévenu dès le jour où nous avions contrôlé Sofia un soir de juillet. Nous étions sur une affaire de stup et nous avions réussi à choper un des dealers à la suite d'une course poursuite. Sofia était assise côté passager lorsque nous avions expulsé le gars de sa BMW blanche, un vrai cowboy le mec, il avait commencé à s'énerver niant le fait qu'il vendait de la drogue.

J'étais intervenu auprès de Sofia qui n'avait reflété aucune peur. Ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille, cette fille était un démon. Mais avec ses grands yeux rieurs et son sourire enjôleur, elle m'avait immédiatement attrapé. Sans parler du reste, ils devaient sortir de boite, elle portait ce jour-là une mini robe toute pailletée, elle était coiffée et maquillée, elle était magnifique. Bien sûr, j'avais effectué mon contrôle dans les règles, c'était Marie, ma collègue qui avait effectué la palpation et moi j'étais là pour poser les questions. Sofia avait répondu à toutes sans me quitter du regard. Ils avaient fini tous les deux au poste, son mec avait été écroué, mais elle était repartie libre, nous n'avions rien à lui reprocher, en apparence.

Quelques semaines plus tard, je l'avais recroisé au tribunal, c'est elle qui était venue à ma rencontre. Elle n'était plus aussi apprêtée que lors de l'arrestation, mais toujours aussi sublime. Elle avait fini par me remercier de lui avoir permis de quitter les griffes de son copain, car même si elle ne savait rien de ses agissements, elle se doutait qu'il n'était pas net, mais elle n'avait pas réussi à lui échapper. Et moi connard que j'étais je l'avais crue et j'étais hyper fier de passer pour un héros. On avait fini par se revoir et de fil en aiguille on avait démarré une relation. À aucun moment je m'étais dit que c'était bizarre de sortir avec une nana que j'avais arrêtée. C'est Fred mon pote qui m'avait alerté, mais sans trop insisté, trop content de me voir heureux, il s'était contenté de la surveiller de loin. Et puis j'avais dérapé ...

Des pensées cauchemardesques refont surface dans mon esprit. 

J'essaye de me retourner le plus doucement possible, mais la douleur me fait me lever, de toute façon il est déjà 6h, dans une heure on ouvrira les cellules pour la douche. Je prépare un café sur mon petit réchaud, le pot est presque vide, il faudra que j'en demande à ma mère. Je me rassois sur le bord de mon lit en attendant que l'eau bouille. 

Il faut que je m'injecte ma dose d'insuline, je ne l'ai pas fait hier soir, pas eu le temps, oublié, pas envie ... je me surprends encore à imaginer choisir cette option pour quitter cette vie plus vite qu'on ne me le permet. Salle pensée. Ça serait vraiment ridicule comme mort et mes parents m'en voudraient terriblement. Et puis je repense au médecin «... c'est mon travail de vous maintenir en bonne santé ... ». En bonne santé physique peut-être, mais pas mentale. Le psy de la prison est cool, mais il ne me suffit plus. Je n'ai toujours pas réussi à faire partir mes démons. Au fond de moi je sais que c'est impossible, mais lui croit que tout est possible. Des conneries.

Je verse l'eau chaude dans mon mug et ajoute une cuillère de Nespresso. Je touille le tout et mes pensées vagabondent. 

Cette doctoresse est bien trop jeune pour travailler ici. Le directeur doit être sacrément dans la merde pour embaucher une bleue. Elle ne fera pas long feu j'en suis certain. Trop jeune et trop mignonne aussi, c'est un véritable guêpier pour elle. Déjà une femme dans une prison d'hommes c'est limite, mais parait-il qu'elles ont des capacités d'écoute que les hommes n'ont pas ... mais une jeune femme qui se balade en talon aiguille entourée de gars qui n'en ont pas vu une depuis plusieurs années, c'est kamikaze. Elle ne se rend même pas compte. 

Mais bon je l'ai prévenue. Moi ce ne sont pas mes affaires, il me reste un an à tirer et je compte bien sortir d'ici, donc pas d'embrouilles c'est fini le temps où j'étais un super héros.

Louise et Lucas (Libère-moi) Tome 1 [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant