SECONDE CHANCE

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Ayona Hills

05/05

Édimbourg, écosse.

Les nuages grisâtres flottent lourdement dans le ciel annonçant un prochain épisode de pluie. Je dois reconnaître que ma meilleure amie a raison, la météo écossaise est réellement aléatoire. Depuis que nous avons quittés Johnson House, hier après-midi, mon cerveau ne cesse de penser à Lilian et son apparition dans la salle de bain Dimanche matin.

Je dois admettre que son regard m'a déstabilisé, il exprimait plusieurs émotions à la fois. Lorsqu'il a posé ses pupilles sur mon corps vêtu uniquement d'une serviette, une étrange sensation s'était logé dans le creux de mon estomac. Mon corps réclamait le sien inexplicablement.

Je chasse ses stupides pensées lorsque mes pieds s'arrêtent devant Hills Flowers. Derrière la vitrine de la boutique, Paola vérifie le stock de fleurs avec un carnet dans les mains et des lunettes sur le bout de son nez. Je lance un regard vers le Tavern'Coffee puis décide de pénétrer dans le commerce de ma tante.

- Ayona ! m'appelle Paola, avec un charmant sourire.

- Oui ?

- Un joli bouquet t'attend dans la salle de pause, il y a un mot dedans.

Je me précipite dans la salle de pause en haussant un sourcil. Qui peut bien m'envoyer des fleurs ? Un soupçon d'espoir s'empare de moi en pensant qu'elles proviennent peut-être de Lilian. Un sentiment de déception me submerge quand je lis le contenu de la petite carte blanchâtre située parmi les roses rouges. Andrew.

Il ne lâche pas l'affaire celui-là, pensais-je.

[ A bientôt, mon amour. Andrew. ]

Andrew est un homme qu'Ellie et moi avons rencontrés durant nos années de lycée. Nous sommes rapidement devenus amis malgré que nous étions très différents. Andrew vient d'une famille fortuné, il est destiné à réaliser de grandes études. Cependant, je ne suis pas amoureuse de lui. Malgré tout, il s'obstine à penser que nous sommes déjà un couple parfait.

Je sors de mes pensées lorsque la sonnerie de mon téléphone annonce un nouveau message. Ellie. Je lis rapidement le contenu de son message avec un sourire sur les lèvres. Elle me demande si je peux lui coudre une robe pour la soirée au Tavern'Coffee demain soir. Flûte ! J'avais complètement oublier cette soirée à laquelle ma meilleure amie et ma tante m'ont littéralement forcées à participer.

[ J'ai dessiné un croquis, je te laisse libre choix pour le tissu et la couleur. ]

Au moins, je serais occupée au lieu d'être perdue dans mes pensées.

❀❀❀

Le ciel s'obscurcit au fur et à mesure des minutes annonçant le début de la soirée. J'attrape le parapluie de Paola puis sors de la boutique pour me rendre à la mercerie de Mme Forks à quelques minutes de la fleuristerie.

Une fraiche brise soulève délicatement mes cheveux provoquant un frisson glacial dans mon corps. Je ressers mon gilet en laine contre ma poitrine quand la devanture ancienne de la mercerie se dresse devant moi.

Un petit son de clochette m'accueille chaleureusement à l'intérieur où une agréable odeur de lessive embaume le petit commerce. Je soupçonne Mme Forks de laver à la main tous ses tissus. Je parcours lentement les étagères où de nombreux tissus différents sont dispersés.

- Ah Ayona, je suis contente de te revoir, comment tu vas ? me demande Mme Forks, gentiment.

- Très bien et vous ? Je recherche un tissu rouge idéal pour une robe de soirée. Je l'informe, poliment.

- Je ne savais pas que tu créais tes propres vêtements. Néanmoins, une robe en satin ou en soie serait idéale pour une soirée. Et justement, il me reste de la soie ou du satin rouge.

Nous échangeons encore quelques paroles par rapport au tissu. Finalement, j'opte pour un satin rouge éclatant. Ma meilleure amie sera la plus belle de la soirée, pensais-je. Je paye Mme Forks qui m'adresse un sourire amical avant de sortir.

Un petit cri de surprise s'échappe de mes lèvres quand mon corps percute un torse musclé à la sortie de la mercerie. J'ignore l'agréable frisson qui se propage dans mon corps au contact de l'inconnu. Cependant, je me fige instantanément en reconnaissant le visage de Lilian lorsque je relève la tête pour m'excuser.

- Désolé. dis-je, simplement, en reculant de quelques pas.

Je remarque rapidement qu'il n'est pas seul. La petite tête brune d'Alina apparaît dans mon champ de vision. Elle m'adresse un magnifique sourire. Je m'accroupis à sa hauteur pour déposer un bisou sur sa joue en guise de salutation. Quand je me redresse le regard de Lilian provoque une nouvelle sensation de chaleur dans ma cage thoracique.

- Je ne savais pas que Carl et Annabella habitaient ici. Je lui lance, en regardant Alina.

- C'est compliqué. me répond-t-il, froidement. D'ailleurs, nous devons y aller.

- Au revoir, Ayna. s'exclame Alina, en me faisant signe de la main.

Je regarde le dos de Lilian s'éloignait en haussant un sourcil. Pourquoi me paraissait-il gêné ? On aurait dit qu'un de ses secrets venaient d'être découvert. Soudainement, une petite possibilité survient dans mon esprit. Non, c'est impossible ! Mais il faut que je sois sûre.

Paola se trouve derrière la caisse préparant un énième bouquet de la journée pour une cliente. Je repose son parapluie à ses côtés puis me dirige dans la salle de pause pour mettre à l'abri le tissu pour la robe de demain soir. Tout à coup, un mauvais pressentiment me submerge.

- Tout va bien Ayona ? Mme Forks n'a pas été trop bavarde ? me questionne ma tante, curieusement.

- Non, mais j'ai croisé Lilian et Alina sur le chemin du retour. Je ne savais pas que Carl et Annabella habitaient ici.

- Effectivement, ils habitent près de Culross, pourquoi ? Quel rapport avec Lilian et Alina ? réplique-t-elle, en haussant un sourcil.

- On est d'accord qu'Alina est bien la fille de Carl ?

Un sentiment de nervosité se loge dans ma poitrine quand elle soupire en s'installant à la petite table dans la salle de pause. Mon rythme cardiaque augmente considérablement devant son silence qui signifie que mon mauvais pressentiment était fondé. Néanmoins, j'espère que la réponse de Paola pourra apaiser le pincement douloureux dans ma cage thoracique.

- Non, Ayona, Alina est la fille de Lilian.

Mon monde s'écroule sous mes pieds à l'entente de cette information. La déchirure dans ma poitrine s'agrandit un peu plus. C'est donc pour cette raison qu'il ne m'a plus donné de nouvelles du jour au lendemain ? Parce qu'il avait rencontré quelqu'un.

Au même moment, un grondement de tonnerre résonne dans l'atmosphère reflétant la douleur dans mon coeur. Pourquoi ne m'a-t-il pas expliqué qu'il avait une famille ?