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Ayona Hills

02/06

Édimbourg, écosse.

Je déambule dans les couloirs déserts de l'hôpital à la recherche de ma mère ou de la chevelure rose d'Ashley. L'obscurité a déjà recouvert le ciel à travers les grandes fenêtres indiquant qu'il fait nuit. Je dois reconnaître que tout me semble étrange. Je ne suis pas morte mais les infirmières et les médecins ne me voient pas. Je suis invisible.

- Tu ne devrais pas être là, ta mère a raison, ce n'est pas encore ton heure.

Je me retourne brusquement pour faire face à Ashley, les traits de son visage me semble apaisés et elle m'adresse un sourire amical. Elle est appuyée contre le mur à droite dans le couloir. Je réalise que mon corps s'est figé quand mon regard s'est posé sur son visage. Nous nous ressemblons beaucoup physiquement.

- Nous avons des choses à nous dire Ayona, mais pour cela il faut commencer par le début de l'histoire. me dit-elle, gentiment, en glissant sa main dans la mienne.

L'une à côté de l'autre, nous avançons dans le couloir jusqu'à ce qu'une porte en bois apparaît dans notre ligne de mire. Je hausse un sourcil dans la direction d'Ashley qui anticipe ma question en me disant:

- Les portes sont des portails, nous pouvons voyager dans un moment précis du passé ou dans le présent. Je ne conseille absolument pas d'aller dans le futur, surtout quand nous ne sommes pas morts.

Quelques minutes plus tard, nous atterrissons dans un bar. Je peux sentir l'odeur de l'alcool, de la sueur et entendre la musique comme si nous y étions réellement. Nous nous dirigeons vers le comptoir. Mon regard se pose sur la carrure imposante d'un homme qui sirote un verre de Whisky. Je lance un coup d'oeil à Ashley qui sourit tristement.

- C'était la première fois que nous nous rencontrions, il était installé là depuis trois heures et il buvait son vingtième whisky. Il m'a tout de suite intéressée, les hommes détruits ne fréquentent pas tous les jours les bars comme ça. commence Ashley, avec un visage impassible.

- Pourquoi Lilian était triste ? demande-je, intriguée.

- Triste est un faible mot pour décrire son état ce soir là. Il était complètement détruit. Il m'a dit qu'il essayait d'oublier une fille mais qu'il n'arrivait pas. J'ai compris par la suite qu'il s'agissait de toi. Je lui ai proposé de passer à mon appartement après la fermeture du bar, et il a accepté. Je recherchais souvent la compagnie des hommes. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu.

Je m'attends à ce qu'elle continue ses explications, captivée par son monologue, mais à la place elle me tire délicatement vers un autre portail. Je ne pose pas de questions et la suit avec impatience. J'ai hâte de découvrir le reste de l'histoire. Néanmoins, un sentiment de culpabilité m'envahit en réalisant que Lilian était malheureux à cause de moi. Pourtant, c'est lui qui a cessé de m'envoyer des messages.

Soudainement, nous apparaissons dans un petit appartement insalubre où une odeur de moisissure plane dans l'air. Je comprends très vite que nous sommes chez Ashley. Des canettes de bières vident jonchent le sol tandis que des seringues usagées sont dispersées sur la petite table du salon. Toutefois, je ne juge pas.

- Nous sommes rapidement devenus des connaissances avec plus d'affinité. Il me rendait visite uniquement pour coucher avec moi mais ça ne me dérangeait pas. Comme tu peux le voir, je n'étais pas la femme idéale à marier. Lors de mes journées de repos, je passais mon temps libre à boire devant des émissions télévisées, j'étais rarement lucide.

- L'euphorie nous aide à oublier nos souffrances Ashley, tu étais une femme formidable, tu étais juste brisée. la rassurais-je, avec un sourire.

- J'étais une femme avec une jalousie maladive et une dépendance affective. Lilian oubliait sa douleur pendant nos rapports sexuels mais elle revenait après, je le savais. Je me suis rapidement attachée à lui, mais pour de mauvaises raisons. Il m'apportait de la compagnie, je n'étais plus seule. Alors, le jour où il a essayé de rompre avec moi pour la première fois, je lui ai fais du chantage. Je l'ai menacé de me suicider si il partait.

Parfois, la panique et la douleur nous poussent à dire des mauvaises choses. Cependant, les pièces du puzzle se forment clairement dans mon esprit. Je comprends maintenant pourquoi Lilian se sentait responsable du décès d'Ashley, sachant qu'elle a fait une overdose. Un pincement douloureux se loge dans ma poitrine, j'aimerais tellement pouvoir le prendre dans mes bras. Malheureusement, ma curiosité ne demande qu'à connaître toute l'histoire.

- Pourquoi tu faisais de la dépendance affective ? Tes parents n'étaient pas présents pour toi ?

- Mes parents sont décédés quelques jours après ma naissance dans un accident de voiture. J'ai passé ma vie à m'attacher à des personnes qui m'ont abandonnés alors quand Lilian m'a avoué qu'il voulait arrêter de me voir, j'ai craqué et j'ai tout fait pour le retenir. 

- Pourquoi nous nous ressemblons autant ? Nous avons les mêmes traits du visage et avons pratiquement la même histoire, mon père a abandonné ma mère à ma naissance, heureusement ma mère a été très présente pour moi. me confie-je.

- Effectivement, nous nous ressemblons, mais je ne peux pas te le dire maintenant, il faut que je continue l'histoire. me sourie-t-elle.

Pourquoi autant de mystère ? Néanmoins, je constate que l'histoire n'est pas encore terminée.

SECONDE CHANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant