Lilian Johnson
14/05
Édimbourg, écosse.
La journée d'hier a été très épuisante, nous n'avons pas eu autant de clients depuis un moment. Je dois admettre que je suis fatigué, fatigué de me prendre la tête par rapport à Ayona. Pourquoi tout est aussi compliqué ? Ou est-ce-que je complique les choses moi-même ?
Les paroles de ma mère résonnent régulièrement dans mon esprit. Cependant, je pèse encore le pour et le contre de cette éventualité. Je sais pertinemment que mes sentiments envers la nièce de Paola sont ancrés en moi, je ne vais pas pouvoir y échapper. Et commencer une amitié avec cette jeune femme à la chevelure ébène me semble complexe parce que nous savons tous qu'il n'y aura pas que de l'amitié. Mais si elle est prête à prendre le risque, pensais-je, pourquoi pas moi ?
- Qu'est-ce-qu'il se passe ? me demande subitement mon meilleur ami, perplexe.
Je me maudis intérieurement d'avoir laisser échapper un juron involontairement. Son regard m'informe qu'il attend une réponse de ma part. J'hésite un instant à lui parler de ce qui me contrarie parce qu'il sera obligatoirement du même avis que ma mère. Ils pensent pratiquement la même chose sur chaque sujet. Néanmoins, je me tourne vers lui.
- Ma mère veut qu'Ayona et moi devenons amis. Je lâche, simplement.
- Il n'y aura jamais que de l'amitié entre vous, un lien invisible plane constamment entre vous, mais je dois admettre que ça paraît être une bonne idée pour commencer après autant de temps sans nouvelles l'un de l'autre. répondit-il, avec un petit sourire.
- Tu es tout le temps du même avis que ma mère, Paola a parlé de ça à Ayona hier matin.
- Et qu'est-ce qu'elle en pense ? s'enquit-il, curieusement.
- Elle m'a avoué que ça pourrait être une bonne idée. Pour être honnête, elle s'entend très bien avec Alina, elle n'arrête pas de me bassiner pour retourner chez Paola et elle veut également un tablier de cuisine maintenant.
- Et tu ne peux rien refuser à ta fille, tout le monde le sait, ce qui veut dire que vous vous verrez plus souvent maintenant, sans compter que ta mère est la meilleure amie de sa tante. Ce qui vous liera toujours un peu. sourit Matthew, content de son inspection.
Au même moment, deux visages familiers rentrent à l'intérieur de mon bar, Ellie et Ayona. Cette dernière m'adresse un petit sourire poli, que je lui rends inconsciemment. Il est peut-être temps de faire la paix avec elle ? Pourtant, je ne l'ai jamais détesté, je voulais juste l'éloigner. Ce qui est un pur échec, constatais-je mentalement.
Je hausse un sourcil quand mon meilleur ami attrape une bouteille de champagne, qui est destinée aux grandes occasions, et dépose quatre flûtes sur un plateau avec un contour doré. Je me demande ce que nous pouvons bien avoir à fêter. Je lance un regard dans la direction des filles qui discutent ensemble, attablées, dans le fond de la première salle principale.
- Allez, viens boire un verre avec nous et ce n'était pas une question.
Je le suis jusqu'à la table des filles, je déplace une chaise et m'installe à côté d'Ellie et Ayona, perturbé par la situation. J'ignore difficilement les regards discrets de la meilleure amie d'Ellie en me concentrant sur mon meilleur ami qui sabre parfaitement la bouteille hors de prix.
- Qu'avons-nous à fêter ? demande Ayona, autant perplexe que moi.
- Je me le demande bien moi aussi. J'ajoute.
- Nous avons quelque chose à vous annoncer. commence Matt, avec un sourire radieux.
- Dit moi pas que vous vous mariez déjà ? plaisante Ayona, amusée.
- Non, même si j'aimerais bien. ricane mon meilleur ami, en versant le liquide pétillant dans les verres.
- Nous officialisons notre couple avec vous. annonce Matthew, pendant que nous trinquons.
Un sourire apparaît sur mon visage pendant qu'il embrasse amoureusement Ellie. Je bois une gorgée de champagne puis me lève de ma chaise pour lui faire une accolade afin de le féliciter, même si c'était une évidence, ils sont faits pour être ensemble. Ayona prend sa meilleure amie dans ses bras quand nos regards se croisent quelques secondes.
Ses iris reflètent un bonheur immense pour Ellie mais un soupçon de tristesse perdure à travers ses prunelles, ce qui me donne envie de la prendre dans mes bras. Nous nous rasseyons à nos places avec un sourire sur nos lèvres.
- Ayona. siffle une voix masculine, furieusement.
Soudainement, l'inconnu qui cherchait Ayona, la dernière fois, apparaît dans nos champs de vision. Cette dernière rougit de honte brusquement ayant une lueur d'agacement dans ses pupilles. Lorsque l'homme, vêtu d'un costume luxueux, me regarde me fusillant littéralement de ses iris noisettes, je serre discrètement les poings en dessous de la table.
- Andrew, que fais-tu ici ? lui demande-t-elle, froidement.
- C'est plutôt à moi de te demander ça, je t'avais interdit de lui adresser la parole. répondit-il, sèchement, en me regardant.
Pour qui il se prend à lui parler comme ça ? Mon sang bouillonne déjà dans mes veines quand Ayona me lance un regard me suppliant silencieusement de ne rien dire. On dirait qu'elle se souvient de ma dernière bagarre, remarquais-je. Mais les mots sortirent tous seuls.
- Pourquoi elle n'aurait pas le droit de me parler ? le questionne-je, avec arrogance.
Je remarque qu'Ellie, qui est totalement perdue, lance un regard à sa meilleure amie qui se cache le visage à l'aide de ses mains affreusement gênée de cette situation.
- Allez viens, je te ramène chez ta tante. dit-il, en ignorant ma question, durement à Ayona.
- Je te conseille de dégager immédiatement de mon bar, ma patience a des limites, et elle reste avec nous.
Il me toise hautainement avant de s'avancer vers Ayona. A court de patience pour cet homme que j'ai envie de dégager moi-même sans ménagement, je me lève de ma chaise en le foudroyant de mes yeux. J'aperçois discrètement Ellie et Ayona lançaient un regard suppliant à mon meilleur ami qui me fixe en secouant négativement la tête.
Quand le prénommé Andrew s'apprête à prendre le bras d'Ayona brutalement afin qu'elle quitte le bar avec lui, ce qui était une grossière erreur de sa part, je m'interpose entre eux avec une colère sourde dans la cage thoracique attirant les regards intrigués des clients présents.
- Dé.ga.ge. J'articule, sèchement.
- Tu es qui pour me donner cet ordre ? Le patron de ce bar ? J'ai assez d'argent pour le faire fermer définitivement donc c'est plutôt toi qui devrait te calmer. me provoque-t-il.
- Je vois que Monsieur est pété de thunes, mais moi, je suis le meilleur ami d'Ayona. Nous étions déjà inséparables alors que tu courais encore te cacher dans les jupons de ta mère, connard.
Je me raidis instantanément en réalisant l'ampleur de mes paroles qui s'étaient échappées naturellement de mes lèvres. Je viens réellement de confirmer qu'Ayona et moi étions encore meilleurs amis ? Peut-être que c'est un signe du destin, me dirait ma mère.
- Tu vas le regretter amèrement. me menace Andrew, rageusement. Je te retrouverais toujours Ayona, je te le promets, et il ne sera pas toujours là pour te surveiller. s'écrie-t-il.
Personne ne me menace ! Je m'approche dangereusement de lui, prêt à lui mettre un coup de poing, quand la main de Matthew me stoppe dans ma trajectoire pendant qu'Andrew disparaît dans la rue bondée de monde. Je fusille mon meilleur ami du regard en tournant les talons vers l'arrière de l'établissement, ayant soudainement besoin de nicotine pour me calmer.
Il va me le payer, cet enfoiré !

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SECONDE CHANCE
Romance« Seul l'amour peut garder quelqu'un vivant. » O.W Dans la charmante ville d'Édimbourg, Ayona Hills emménage dans la maison de sa tante suite au décès de sa mère. Habituée au paysage écossais, elle a passée toutes ses vacances scolaires chez Paola...