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Lilian Johnson

30/05

Édimbourg, écosse.

Pouvoir dormir avec le corps d'Ayona blotti dans mes bras est un véritable bonheur. Je peux encore voir, derrière mes paupières fermées, sa sublime silhouette dénudée. Elle était magnifique avec les joues rougies et ses iris émeraudes qui trahissaient son désir ainsi que son impatience. Mon esprit a imprimé mentalement la sensation de mes lèvres sur sa peau douce tandis que ses gémissements résonnaient dans la pièce.

Mes paupières s'ouvrent brusquement en remarquant que son souffle chaud ne caresse plus mon cou, mes bras ressentent un vide sans son corps et l'appartement me semble trop silencieux pour qu'elle soit encore chez moi. Regrette-t-elle ? Je ressens un soupçon d'anxiété à cette pensée.

Un soupir de soulagement s'échappe de moi lorsque ma main rentre en contact avec un bout de papier, posé sur son oreiller, un sourire amusé s'installe sur mon visage en lisant les mots encrés. Son mot disait:

[ Merci pour cette merveilleuse nuit, mon amour. Mais je ne peux pas dire à mes clients que leurs commandes n'ont pas été faîtes parce que tu m'as épuisée physiquement cette nuit. ]

Je prends mon téléphone sur ma table de nuit et lui pianote un message.

[ J'ai beaucoup aimé notre nuit aussi, on remet ça quand tu veux. ]

Néanmoins, je constate rapidement qu'elle n'est pas partie il y a longtemps puisque sa place est encore chaude. Un sentiment de bonheur me submerge en remarquant que l'atmosphère est imprégnée de son parfum à la rose. Je veux revivre cette sensation jusqu'à mon dernier souffle, pensais-je.

Je mets un short et mes baskets décidant que la température ambiante était suffisante pour rester torse-nu. J'attrape mon paquet de cigarette puis m'approche de la fenêtre du salon donnant une vue sur la route.

Mon rythme cardiaque s'accélère lorsque mes prunelles se posent sur Ayona qui vient de sortir de mon immeuble. Elle est magnifique. Je suis reconnaissant que le destin m'a permis d'avoir une seconde chance avec elle. Je me demande comment j'ai fais pour vivre sans sa présence.

Un sentiment d'amusement s'empare de moi quand elle s'arrête au milieu du passage piéton dans la rue déserte pour lire mon message. La sonnerie de mon téléphone, annonçant un appel, détourne mon regard d'elle. Je hausse un sourcil en voyant apparaître un numéro masqué.

- Allô ? commence-je, curieusement.

- Bonjour, Lilian.

Une colère sourde se loge dans ma cage thoracique en reconnaissant immédiatement la voix d'Andrew de l'autre côté de l'appareil. Il a du culot quand même. Un mauvais pressentiment apparaît dans mon esprit quand il éclate d'un rire à faire froid dans le dos.

- Tu ne crois pas que le bonheur est éphémère Lilian ? Je me demande si les âmes se retrouvent après la mort, que ce soit au paradis ou en enfer. Mais j'ai eu une petite idée pour connaître la réponse. Et si on envoyait Ayona rejoindre Ashley ? Tu sais, la mère de ta fille ? Je te l'avais dit Lilian que tu le regretterais, et si je ne peux pas avoir la femme que j'aime, tu ne l'auras pas non plus.

Un crissement de pneu résonne fortement dans la rue quand il raccroche sur ses dernières paroles. Je me précipite dans les escaliers de mon immeuble pour atteindre la porte d'entrée afin de rejoindre Ayona pour la mettre en sécurité.

Un hurlement horrifié parvient à mes oreilles au moment où mes pieds dépassent la porte de mon bâtiment. Un sentiment d'impuissance se loge dans ma poitrine lorsque la scène se déroule lentement devant mes yeux me déchirant le cœur.

- Ayona ! crie-je, paniqué.

Son corps retombe dans un bruit traumatisant sur le béton de la route tandis que je cours dans sa direction avec les mains tremblantes. Mon rythme cardiaque s'affole pendant que ses paupières clignent plusieurs fois, un gémissement de douleur s'échappe de ses lèvres.

- Ayona ! Je t'en supplie, reste avec moi ! hurle-je, déchiré de douleur.

Je reprends mon sang froid, quelques minutes, pour appeler une ambulance. Pour la première fois depuis des années, des larmes dégoulinent sur mes joues pendant que le monde s'effondre sous mes pieds. Je serre délicatement ma main dans la sienne, entendant une sirène au bout de la rue. Reste avec moi, reste avec moi, priais-je mentalement.

❀❀❀

Je suis dans un état second suite à l'accident. La réalité semble loin de moi. Je n'entends plus les infirmières faire des allers-retours. La peur enserre mes entrailles à l'idée de perdre la femme de ma vie pendant que les souvenirs du décès d'Ashley me reviennent en mémoire. Si Ayona meurt, ça sera une nouvelle fois de ma faute.

Un sentiment de colère se mêle à ma souffrance. Si j'avais réussi à ignorer mes sentiments pour elle, elle ne serait pas dans cet état là. C'est à cause de moi qu'elle s'est faîte renversée. Les évènements de ses dernières heures dansent péniblement devant mes pupilles. L'accident, les ambulances, l'arrivée à l'hôpital, son visage pâle et inconscient sur le brancard..

- Lilian ! s'écrient des voix à quelques mètres de moi.

Je relève mollement la tête pour voir le visage baigné de larmes d'Ellie, l'inquiétude dans les yeux de Paola et la compassion dans les prunelles de mon meilleur ami qui console affectueusement la meilleure amie d'Ayona.

- Que s'est-il passé ? me demande Paola, doucement.

- Je ne sais pas, je n'ai pas compris, elle était partie pour rentrer chez vous pour préparer ses commandes quand j'ai reçu un appel d'Andrew, ensuite il y a eu cet accident. bredouille-je, toujours sous le choc.

- Andrew ?! s'écrie Ellie, surprise et furieuse. Je n'aurais jamais cru qu'il ferait ça à Ayona.

- Tout est de ma faute, je n'aurais jamais dû accepter mes sentiments pour elle..

- Non ! Lilian, tu n'es pas responsable des actes des autres, ne te reproche pas d'avoir rendu ma nièce heureuse. m'interrompt Paola, fermement mais avec douceur.

- Vous êtes la famille d'Ayona Hills ? nous interroge un médecin à la veste blanche.

- Nous sommes sa famille. répond Matthew, impatient.

Le médecin nous informe des examens qu'ils ont effectués à Ayona. La douleur dans mon corps s'intensifie lorsqu'il nous énumère les multiples fractures à ses jambes. Ma vue s'embue de larmes quand il annonce qu'elle a un gros traumatisme crânien et qu'ils ont dû la mettre dans un coma artificiel pour alléger les douleurs de son corps.

Je m'écroule dans un bruit sourd sur une chaise métallique dans la salle d'attente, avec un regard vide, pendant que les sanglots d'Ellie me semblent lointain. Je refuse ! Elle ne peut pas me laisser maintenant ! Pourtant, le médecin a été franc, elle a une chance sur deux de succomber à ses blessures.

SECONDE CHANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant