Lilian Johnson
01/06
Édimbourg, écosse.
Le printemps se prépare doucement à accueillir l'été à travers les fenêtres de cette chambre d'hôpital qui empeste le désinfectant. Parfois, les choses peuvent nous paraître surréalistes. Je ressens encore le sentiment de bonheur qui m'étreignait la poitrine Vendredi matin. Il a suffit d'une seule minute pour qu'il explose en éclat sur le trottoir devant mon immeuble.
Je n'oublierais jamais cette panique intense et douloureuse à l'idée de perdre une personne que nous aimons. Néanmoins, je suis légèrement soulagé que les médecins ont réussis à stabiliser l'état cardiaque d'Ayona, hier après-midi. J'ai refusé catégoriquement de quitter la chambre où se trouve, inconsciente, la femme de ma vie.
Hier, dans la matinée, j'ai dû subir un pénible interrogatoire des policiers. Je me suis senti nul en réalisant que je n'ai pas fais attention aux détails de la voiture noire, je ne savais même pas un chiffre de la plaque d'immatriculation. Cependant, tout est évident dans mon esprit, le coupable de cet accident est Andrew. J'ai donné mon téléphone, pendant quelques minutes, à l'inspecteur de police qui doit me donner des nouvelles aujourd'hui.
Soudainement, des petits coups se font entendre sur la porte. Je relève lentement les yeux au moment où Matthew, Ellie, Paola et ma mère apparaissent dans la pièce. Les cernes sous les pupilles de la tante d'Ayona me révèle qu'elle s'est rongée les sangs toute la nuit pour l'état de santé de sa nièce.
- Tu as réussi à dormir un peu ? me demande mon meilleur ami, en me faisant une accolade.
Je secoue négativement la tête en posant un regard de souffrance sur le visage de ma petite-amie qui me semble endormie. Ellie dépose un délicat bisou, avec les larmes aux yeux, sur le front d'Ayona pour lui dire bonjour. Paola s'approche doucement de moi avec un sourire triste sur les lèvres. Je réprime un sentiment de surprise quand elle me prend affectueusement dans ses bras.
- Il faut que tu te reposes Lilian, c'est nécessaire. me chuchote-t-elle, avec bienveillance. Je viens de recevoir l'immatriculation pour l'entreprise d'Ayona.
- Je sais que ce n'est pas le moment. soupire Matthew, hésitant. Mais Mr Fitz décide de vendre sa librairie, il ne peut pas payer les réparations que l'incendie a causé.
Je n'ai jamais cru au destin, il n'a jamais existé pour moi. Mais depuis que le sourire d'Ayona illumine mes journées, je me demande si il ne serait pas réel. Je me retiens de me positionner sur l'achat de la librairie. Dans mon souvenir, elle ferait une sublime boutique pour Ayona, et nous travaillerons toujours à côté puisqu'elle est collée à la façade de mon bar.
- Tiens, Lilian, Alina a dessinée ça pour toi, elle est très triste de savoir qu'elle ne reverra pas Ayona avant un bon moment. me lance ma mère, tendrement.
Je résiste à l'envie de formuler, à haute-voix, qu'elle a une chance sur deux de ne plus se réveiller du tout. Je suis tout le contraire de Matthew pour ça, il reste toujours positif même dans les pires situations tandis que la négativité régit ma vie.
Toutefois, je prends la feuille A4 que me donne ma mère avec un petit sourire sur le visage. Elle s'installe sur l'accoudoir du fauteuil marron, où je passe la nuit, puis m'enlace affectueusement. Ma fille a dessinée trois personnes: un homme, une femme et une petite-fille. Elle a également précisée qu'il s'agissait de nous: Ayona, moi et elle.
Cependant, une douleur intense se propage dans mes veines quand je remarque qu'elle a marquée - maman - sous la silhouette feutrée d'Ayona. Je suis plutôt une personne réservée concernant mes émotions mais cette situation est différente. Ne pouvant plus me retenir, j'éclate en sanglot dans les bras de ma mère.
- Je ne peux pas vivre sans elle..
- Elle va s'en sortir, Lilian, elle a toujours été une battante. me rassure Ellie, avec empathie.
La sonnerie de mon téléphone nous interrompt dans notre conversation. Je me redresse correctement, en passant ma main sur mon visage, je déteste montrer mes faiblesses. Mon rythme cardiaque augmente de nervosité quand le numéro du commissariat apparaît sur mon écran. Je décroche automatiquement.
- Allô ? commence-je, avec une voix impassible.
- Monsieur Johnson ? Nous avons retrouvés Andrew Stewart. Sa voiture a percutée de plein fouet un camion sur l'autoroute hier après-midi. Il est décédé dans l'accident.
- Attendez ! Vous êtes entrain de me dire qu'il ne sera pas puni pour ses actes ! Ma petite-amie est entre la vie et la mort à cause de lui ! m'énerve-je.
- Nous sommes sincèrement désolé Monsieur Johnson, bonne journée.
Je rigole amèrement en raccrochant sous les regards perplexes de mon entourage. J'inspire profondément essayant de contrôler cette colère qui me dévore au fur et à mesure des évènements. Cet enculé est mort ! Il ne payera jamais pour la douleur d'Ayona !
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SECONDE CHANCE
Romance« Seul l'amour peut garder quelqu'un vivant. » O.W Dans la charmante ville d'Édimbourg, Ayona Hills emménage dans la maison de sa tante suite au décès de sa mère. Habituée au paysage écossais, elle a passée toutes ses vacances scolaires chez Paola...