Nouvelle pertinente - Irina

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Allongée sur un lit qui n'est pas le mien, j'observe le plafond blanc de la pièce sans prêter attention au vacarme qui se déroule sur ma gauche. Je suis levée depuis une bonne heure et j'ignore combien de temps je me suis assoupie après son départ. Je me souviens juste de l'avoir aperçu sortir de la salle de bain, nu, puis de s'être habillé avant de mettre ses chevalières. Après ça, j'ai sombré dans un profond sommeil. Je me demande ce qu'il fait, où il est, avec qui. Nous nous sommes retrouvés cette nuit et je n'arrive pas à oublier ce que nous avons partagé, cette chose si... intense. C'était une première pour moi, cela m'a terrifiée pourtant, je ne regrette rien. Si c'était à refaire, je ne changerais rien à tout cela. Alek est si attentif à mes besoins, si prudents. J'aurais aimé qu'il soit ma première fois, mais malheureusement, la vie a décidé que ça se déroulerait autrement. Je serre un brin plus fort ce manchot qui m'a tenu compagnie durant mon enfance, un peu plus fort contre ma poitrine. Bien qu'il représente une époque que je souhaiterais oublier, il me rappelle qu'il a été mon plus grand soutien dans cet enfer. Je ne remercierai jamais assez Aleksander de me l'avoir récupéré.

— Tu n'as pas chaud dans ton pull blanc ? s'étonne Anastasia en balançant une veste sur ma tête.

— Je ne suis pas aussi habituée que toi au froid, pouffé-je en me redressant.

Ma jolie blonde tente de trouver une robe adéquate à la saison. Si elle me demandait mon avis, je lui conseillerais de porter un chandail, ainsi qu'un jean, mais c'est Ana après tout. Seules les robes lui importent.

— Je préfère la verte, soufflé-je.

Un sourire se dessine sur ses lèvres, avant qu'elle ne file dans la salle de bain se changer. Je me redresse pour m'approcher de la fenêtre. Les feuilles des arbres bougent de manière à indiquer que le vent est assez levé pour ne pas donner envie de sortir. Le ciel blanc n'annonce aucun mauvais nuage en vue, les chiens gambades autour de la forêt. Je porte mes doigts sur ma chaine que je triture en me rappelant de la dernière fois où j'ai aperçu Alek rejoindre le bois sans savoir où il se dirigeait. J'ai eu ma réponse le jour où j'ai tenté de fuir. Lors de notre mission de destruction de dossier, il n'y avait plus aucun ossement ; chose étrange quand on conçoit qu'il doit en tuer pas mal. Mais l'a-t-il réalisé ces précédentes semaines ? Avec les pédophiles qu'il a enlevés, sûrement. Toutefois, nous n'en avons pas encore parlé et j'aimerais vraiment savoir ce qu'il en est. Mon père est-il mort ? Et ce flic qui a été le pire ? Chaque fois que le besoin m'embrasse, je perds tout mon courage et me tais. J'ai la sensation de retourner en enfance, une période où j'avais bien trop peur de demander quoi que ce soit à mon paternel ; bien trop terrifiée à l'idée de m'en prendre une si cela lui déplaisait. En dehors de sa perversité, il n'hésitait pas à me lever la main dessus si l'envie le démangeait, ou si je n'étais pas sage.

Alek ne réalisera jamais cela avec moi, mais je ne peux pas ignorer cette petite fille qui tente de refaire surface lorsqu'un sujet sensible est prêt à être mis sur la table.

— Il te doit de l'argent ?

Je me retourne vers Anastasia qui me scrute depuis le seuil.

— Il a une dette en vers moi, souris-je, en relâchant ma prise sur cette pauvre peluche. J'ai fait de lui mon captif.

— Tu deviens une vraie Kowinski, ricane-t-elle en s'avançant jusqu'à son armoire.

Elle extirpe deux paires de chaussures, l'une est blanche et l'autre est noir. D'un signe de tête, je désigne la sombre puis me rapproche d'elle. Elle les enfile rapidement et se redresse, un air perplexe affiché sur son minois.

— Tout va bien ? s'inquiète-t-elle.

— J'ai... J'ai une question et... Je sais que vous ne voulez pas... parler de certains sujets, mais... J'ai besoin de savoir, balbutié-je.

Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant