Aleksander Kowinski ne s'est pas réveillé de son coma. Son cœur a cessé de battre, laissant son âme quitter son corps pour partir dans un monde meilleur. Un homme qui abandonne derrière lui un foyer, une femme, un enfant. Une vie entière qu'il a consacrée dans une affaire familiale, en devant supporter les traumatismes de son passé et dont le destin a décidé qu'il n'aurait pas une fin heureuse. Ne plus pouvoir respirer son parfum, sa douceur. Ressentir ses caresses sur ma peau chaque matin, ainsi que chaque nuit avant que je ne m'endorme dans ses bras. Ni même éprouver la chaleur de son corps lorsque nous sommes nus. Ne plus avoir la chance d'apercevoir son sourire incroyable qu'il m'offre quand nous sommes ensemble, ou encore, ne plus entendre son rire qui ferait fondre un cœur. Mon cœur.
C'est exactement ce que je n'ai cessé de me dire depuis une semaine. Une interminable semaine que j'ai passé dans son lit pour pouvoir m'endormir à ses côtés, m'imaginant sentir ses membres bouger au contact de mes mains. Je conçois que je ne devrais pas penser au pire, mais il m'en est impossible. De le regarder dans un tel état, tandis que j'essaie de le faire réagir, m'est si douloureux. La souffrance que j'éprouve dans cette épreuve est si terrible, que je meurs avec lui ; alors que notre bébé grandit sans savoir qu'il n'aura peut-être plus de père à sa naissance. J'ai vécu chaque après-midi, depuis que j'ai quitté mon lit, à m'installer près de lui pour lui lire des livres qu'Anastasia m'a apportés. Même s'il ne réagit pas à ma présence, j'ose espérer qu'il entende tout ce qu'il se passe autour de lui. Qu'il perçoive ma voix qui remplit le silence de la pièce.
D'après les médecins, il n'y a aucune amélioration sur son état. Il respire toujours et, son pouls, comme son cœur, bat pleinement. Pourtant, rien ne change chaque jour qui s'écoule et ça en devient de plus en plus dur à supporter. Je me dois toutefois de tenir bon pour lui, pour le bébé, pour moi. Je n'ai pas traversé tant de choses pour que tout soit gâché à la fin ; ça donnerait bien trop raison à Cole qui ne fait plus partie de ce monde.
Alek, pourquoi refuses-tu de te réveiller ?
— Irina ? Est-ce que tu m'écoutes ?
Je secoue la tête en entendant la voix de Daniel. Assis sur la chaise qui me fait face, il tournoie sa touillette dans son gobelet rempli de café. Les traits de son visage sont tellement similaires à ceux de son grand frère qu'il – même si je voulais ne pas penser à lui – me serait impossible de ne pas l'avoir constamment dans mon esprit. Ses fines lèvres, ses pupilles grisés, sa mâchoire carrée. Tout chez lui me ramène à l'homme que j'aime et une envie d'aller le retrouver dans son lit me tiraille l'estomac ; ça en est si douloureux.
— Désolée, Daniel, m'excusé-je, gênée par mon impolitesse. J'ai du mal à dormir depuis que je passe mes nuits avec lui.
— Tu devrais rentrer à la maison pour te reposer, Irina. Tu te bousilles mentalement et ce n'est pas bon, penses au bébé.
Les coudes attablés, je me frotte le visage de mes paumes afin d'apaiser cette tension qui ne me quitte pas. Je sais pertinemment qu'il a raison, que je devrais retrouver la villa pour songer un instant à moi. Toutefois, il m'est inconcevable de me tenir loin de lui alors qu'il est toujours inconscient dans cette chambre.
— J'en suis incapable, soufflé-je. Chaque fois que je m'imagine partir de cet hôpital, l'angoisse me submerge tout à coup. Mon cœur tambourine si vite, que j'ai l'impression d'étouffer.
Sa main glisse sur la table jusqu'à se saisir de l'une des miennes.
— Mon frère a traversé tellement de choses, crois-moi. Et tout comme toi, il s'est toujours relevé de ses combats. Alors... Je sais qu'il se réveillera.
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Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark Romance
RomanceLa fin approche. Cole, le père d'Irina, est prêt à tout pour récupérer la prunelle de ses yeux. Quitte à éliminer Aleksander Kowinski et quiconque s'opposera sur son chemin. Mais Alek n'a pas l'intention de laisser qui que ce soit toucher à celle qu...