Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark Romance

À la tienne - Irina

Seule dans le couloir obscur de la maison, j'ignore ce que je dois faire désormais. Je refuse de passer la nuit dans le même lit que celui qui vient de me procurer une peine immense. Mes joues sont humidifiées par des pleurs silencieux continuels. La dernière fois que je me suis sentie aussi mal, Anastasia était là pour me réconforter. Elle a réussi à apaiser ce désespoir si douloureux. Mais elle n'est pas présente et je n'ai pas de téléphone pour tenter de la joindre. Je suis perdue dans un tourbillon de chagrin qui ne cesse de me consumer à petit feu. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il s'apprête à passer une semaine auprès de cette femme immonde et malicieuse. Les images d'eux nus, en plein acte, me submergent de toutes parts. Mon cœur souffre terriblement, j'aimerais me l'arracher pour stopper cette souffrance insoutenable. Ce soir, il n'y a qu'une seule personne capable de comprendre une telle déchirure. Mécaniquement, je me dirige vers la salle de réunion qui renferme une boisson utile pour nous faire oublier durant quelques heures que l'on a mal. Parmi toutes les bouteilles présentes, je me contente de me saisir de celle qui m'est supportable à boire. Une vodka. Arleta va devoir remplir à nouveau le stock de ce liquide si ça continue. Mes pas me conduisent maintenant jusqu'à ma chambre, ou plutôt la sienne le temps de leur séjour qui, je l'espère, sera assez long. Lorsque j'ouvre la porte, je la découvre étendue sur le lit, sanglotante.

Elle se redresse afin de voir qui est l'individu qui a osé pénétrer les lieux dans son moment de faiblesse. Tout comme moi, son visage est bouffi, rouge et ses yeux injectés de sang sont devenus gonflés à forme de se larmoyer. Ensemble, nos nez reniflent avec négligence. On est si pathétique ainsi.

— J'ai besoin de toi, sanglote-t-on en simultané.

Un rire nerveux nous échappe face à la situation, tandis que je rejoins le matelas. Tessa se redresse lorsque je secoue la bouteille que je tiens fermement dans ma main, ainsi que deux gobelets dont j'ai pensé à prendre.

— Je sais que tu ne peux pas boire à ma place, mais soutiens-moi dans ma future gueule de bois.

— Vas-y, donne-moi un verre, répond-elle en sortant du lit.

Je l'observe curieusement se diriger vers la salle de bain. L'eau du lavabo s'écoule, avant qu'elle ne revienne.

— Levons nos verres à cette épreuve merdique ! s'exclame Tessa.

Je me serre le mien à mon tour et le fais claquer avec le sien, puis l'avale d'un cul sec. Son liquide me brûle le long de la gorge. Je ne peux réprimer une légère grimace discrète.

— Que devons-nous entreprendre à présent ? Lucian est furieux contre toi, Alek me tient rigueur de façon déchirante. Chacune de nous a commis des erreurs à sa manière, et nous voilà maintenant face à une impasse.

Elle prend de nouveau place dans le lit, avant de me rétorquer tout en secouant la tête :

— En même temps, quelle idée de t'être interposée ?

— Tu aurais préféré qu'il te tue ou quoi ? crié-je en levant les bras au ciel.

— De ce point de vue là, pas spécialement, mais ça t'aurait évité une dispute avec Alek.

Le chagrin qui revient à la charge procure une vive douleur dans la poitrine. Tout en m'asseyant, je me décide à reboire un shoot, avant de répliquer :

— Je ne regrette pas ce que j'ai fait. Je connais la vérité, et j'ai agi en tant que personne solidaire. Même après cette engueulade, si c'était à refaire, je le referais.

Tessa s'empresse de m'enlacer, afin d'exprimer sa reconnaissance. Et elle n'a pas de quoi l'être, je ne pouvais vraiment pas la laisser affronter cela seule. Elle a été prise dans un piège par le FBI et les deux possibilités qui se donnaient à elle n'étaient toutefois pas les meilleures. En choisissant le gang, elle a trouvé l'amour. Un amour qui, je le sais, lui retournera lorsqu'il sera revenu à la raison. Ce n'est qu'une question temps. Après tout, quand deux personnes sont faites pour être ensemble, ils se retrouvent quoi que la vie décide de planter sur leur chemin.