Épilogue - Irina 1/2

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Sept mois plus tard.

Si on m'avait dit que je me retrouverais à Tahiti il y a deux ans et demi de cela, j'aurais ri. J'aurais ri si fort, que je m'en saurais explosé les cordes vocales. Comment aurais-je pu me tenir debout, dans ce sable chaud, avec mes économies qui frôlaient plus le rouge, que le millier ? Une fille de la classe moyenne, qui ne recevait jamais d'argent de poche, n'aurait jamais pu se payer de telles vacances dans sa vie. Pourtant, cette île fait partie du pays dans lequel j'ai grandi, mais les billets d'avion, ainsi que du séjour, peuvent atteindre une somme astronomique qui m'aurait procuré un AVC fatal.

Cet endroit est une destination paradisiaque qui plaît à bon nombre de touristes, dont moi, et me voilà ici, à contempler l'eau turquoise qu'est cet océan. Il est similaire au mien qui a fait rage dans mon être durant ses dernières années. Un océan déchaîné par les fléaux de mes traumatismes, qui est devenu aussi beau que mon paysage. Et tout ça grâce à cet homme qui dort dans notre lit. Aux côtés de nos enfants.

Après l'accouchement qui m'a été tout de même difficile, nous avons décrété que notre lune de miel pouvait bien patienter. Deux petits monstres ne demandaient qu'à être choyés par leurs parents et leurs bien-être passaient avant tout le reste. Ce qui est toujours le cas actuellement. De ce fait, nous avons attendu plusieurs mois avant de choisir une destination sur le globe terrestre que Ludwik a imposé à l'achat de cadeaux d'anniversaire. Même à trois ans, petit Niewiadomski sait déjà ce qu'il désire en jouet, et ce ne sont pas des voitures ou des dinosaures. Il a dépassé sa période de Tyrannosaurus rex pour laisser place à tout ce qui concerne les voyages. Globe terrestre ; avion ; Playmobil d'île paradisiaque. Sa chambre regorge de divers pays du monde ; un enfant bien ambitieux dans ce qui souhaiterait plus tard. Il est aussi le meilleur cousin qu'il soit. Il ne cesse de vouloir montrer ses trésors aux bébés, même s'ils ne comprennent pas grand-chose à ce qu'il se passe au tour d'eux.

Ma vie est incroyable, magnifique, magique. Je me sens enfin vivante et satisfaite par tous mes proches qui m'entourent. J'ai des belles-sœurs merveilleuses, une meilleure amie qui comble mon quotidien, un beau-frère hilarant – c'est ça de s'améliorer dans ses blagues – et une famille spectaculaire. Rien ne vient entacher mon bonheur paradisiaque que je me suis forgé. Je mentirais si je disais qu'il n'y a aucune engueulade avec Aleksander, bien au contraire. Il nous arrive souvent d'être en désaccord – c'est un peu le but d'un couple – mais je parviens sans cesse à avoir le dernier mot, même si j'ai tort. En contre-partie, Alek ne perd pas un seul instant et m'entraîne dans la chambre enfin qu'on se réconcilie dans une baise des plus endiablé qu'il soit. J'ai toujours cru que cela se passait dans les films, qu'on ne retrouvait jamais une relation comme celle-ci dans la vie réelle, mais j'avais tort. Complètement tort. Il suffit de trouver la bonne personne pour partager son existence, sans jamais dériver du chemin que nous construisons à deux. Il m'a fallu du temps pour le comprendre. Et bien que j'aie eu du mal à tenir tête à nos embrouilles du quotidien, au départ, il m'a permis d'apprendre à accepter que deux individus qui se chérissent ne puissent pas tous les jours être parfaits. Que nous sommes différents l'un à l'autre, mais nous nous aimons malgré tout ; et nous nous complétons surtout.

Je laisse mes pas me guider vers le seuil de notre maison qui est isolé du reste du monde. Alek a tenu à ce qu'on puisse profiter sans qu'aucun voisin ne vienne entacher notre bonheur familial.

Mes yeux l'observent, allongés sur le lit, Leo sur la gauche et Horace sur la droite. Nos deux fils ont la tête reposée sur son torse nu, de la bave coulant de leurs bouches, endormi profondément. La personne que j'ai épousée est le meilleur père qui puisse exister en ce monde. Il ne se rend plus sur les missions, délègue le rôle de torture à son frère ou ses hommes de main, et fait attention à ne pas mélanger sa vie privée à celle professionnelle. Il y a toujours des individus armés devant le portail, mais ce sont les plus fidèles et loyaux qu'il soit. Cyril en fait partie. Tandis que Julian règne à l'entrepôt comme un roi, lorsque ses patrons ne sont pas sur le terrain. Il ne manque pas de nous rendre souvent visite, amenant sans cesse de nouveaux jouets pour le moment où ils grandiront. Il n'y avait pratiquement plus de place dans leur chambre, que la salle de torture a dû être rasée pour en faire une salle de stockage, dans laquelle nos fils pourront se servir quand ils le voudront. J'ai été réticente à l'idée qu'on utilise en endroit qui a expérimenté la mort, mais une fenêtre a été disposée, les murs ont eu droit à de la tapisserie, et la porte est faite de bois. Il ne reste plus rien de ce que j'ai connu il y a une année de cela.

Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant