Captive - Irina 2/2

780 82 42
                                    


Mes muscles me font si mal, le froid tiraille ma peau qui parait dépourvue de tissu, je peine à bouger. Les paupières closes, je suis à l'affut d'un infime bruit, de la moindre effluence. Seul un son de goutte d'eau tombant dans une flaque qui produit un écho. Une forte senteur de rouille et de moisissure me pique l'odorat. Mes doigts glissent sur un matelas manquant de drap. À grand-peine, je parviens à ouvrir les yeux. Une obscurité parsème mon champ de vision. Toutefois, des velux jaunis par le temps laissent pénétrer les rayons de la lune. Même si je ne vois pas à un mètre devant moi, je peux tout de même découvrir que je suis prisonnière d'une immense cage. Toujours allongée, j'essaie de trouver un appui, une personne ou un soutien. Seuls les barreaux percutent ma vision. Comme si j'avais été shootée, je n'arrive pas à assimiler les évènements de la soirée. Mon cerveau ne fonctionne pas, ma respiration est lente et mon cœur peine à contenir une cadence. Je dois sûrement faire un terrible cauchemar et d'ici quelques minutes, je me réveillerais dans les bras d'Alek.

En pensant à lui, certaines images me reviennent en mémoire. Une fête, des robes. Mon crâne est surpris d'une affreuse migraine m'obligeant à pousser un râle, tout en me pliant en deux.

— Alek ? murmuré-je.

J'ordonne à mon corps de réaliser un effort surhumain. Malgré les douleurs que je ressens, j'arrive à basculer sur le côté, puis à plaquer mes paumes sur le béton froid et humide. J'appuie ensuite sur mes jambes, afin de me redresser. Je perds tout à coup l'équilibre, mais me rattrape de justesse sur le fer qui fait office de mur. Le bruit que le coup produit résonne dans les lieux. Son écho est si lointain, que je devine l'étendue de la superficie. Mes pieds ont du mal à avancer. À tâtons, je tente de trouver la porte qui m'extirperait de là. Même si la voix au fond de moi me hurle que je suis prise au piège – que ceci n'est en rien une prison dorée comme au début avec Alek – j'essaie d'y faire abstraction, gardant en tête que je sortirais d'ici et rentrerais chez moi.

— Połóż się, chuchote un homme d'un ton rauque.

Je me fige instantanément, m'efforçant de dénicher sa provenance. Les barreaux sont si gelés, qu'ils me procurent de vives douleurs de brûlure sur le bout de mes doigts.

— Q-Qui... Qui est là ? bafouillé-je, la peur me consumant au plus profond de moi.

Des bruits de chaîne raclent le sol au fond de la cage. Un râlement grave résonne à son tour. Mon pouls fuse à tout rompre, lorsque je comprends que je ne suis pas seule à l'intérieur. Néanmoins, les mots prononcés sont du polonais. Ce qui me rassure, c'est que je ne reconnais aucunement Alek, Daniel ou encore Leonard. Ce qui m'inquiète, c'est que je ne connais pas du tout l'individu qui pourrait me faire du mal à tout moment. Dans les films, on déconseille toujours de s'approcher de ce qui est un danger imminent, des drapeaux rouges. On s'énerve constamment quand l'acteur ou l'actrice avance vers là où il ne faut pas. La mort, c'est tout ce qui l'attend. Pourquoi, aujourd'hui, à l'instant présent, je comprends ce qui les pousses à faire cela. La curiosité l'apporte sur la raison. Puis, après tout, où pourrais-je aller d'autre ? Si cet homme à l'intention d'en finir avec moi, ce n'est pas en retournant sur ma couchette que cela y changera quoi que ce soit.

— Połóż się, murmure-t-il à nouveau.

Je fais un pas en avant, puis d'eux. Je reste à l'affut d'une potentielle attaque, les mains tendues devant moi. Mes yeux s'adaptent doucement à l'obscurité des lieux, une silhouette immense et amaigrie se dessine. Deux pupilles claires sont éclairées par les faibles faisceaux de lumière. Sa bouche s'ouvre lentement, montrant plusieurs dents qui manquent à l'appel. Terré dans un coin de la cage, il lève ses bras comme s'il tentait de se protéger de moi.

Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant