Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark Romance

Séjour festival en Russie - Aleksander 1/2

Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais tué de femmes, de mes propres mains, depuis ma première victime. J'y ai longtemps pensé à cette femme qui était également la mère de deux filles âgées de tout juste cinq ans. J'ai éprouvé de très gros remords, même si je portais un masque afin de cacher ce que je ressentais en réalité. Au début, je cauchemardais et je la voyais se venger à travers ma petite sœur en la poignardant à mainte reprise, encore et encore. Je me réveillais toujours avec des sueurs froides, la nausée se mélangeant parallèlement à la rancœur qui fusait dans mon être. Mon cœur se fissurait à mesure des minutes qui s'écoulaient chaque jour de ma putain d'existence. J'ai haïssais notre père, ce monde, moi-même. Je n'avais que quatorze et pourtant, j'étais déjà un de ces foutus tueurs. Huit années étaient passées depuis la mort de nos parents, mon deuil n'étant pas fait, et tout ce que je réalisais de mon existence, c'était : buter, regretter, espérer une vie meilleure. J'avais un besoin irrépressible de soigner ce mal qui rongeait mes entrailles, de stopper cette souffrance qui m'exterminait finalement.

Alors, quand Korneliusz m'a accordé un souhait à mes seize ans, je n'ai pas hésité un seul instant et j'ai exigé de savoir ce que devenait la famille de June, l'innocente qui avait imprégné mes mains de son sang. J'ai eu droit à ce que je désirais, ou du moins... Presque. J'ai reçu un dossier le lendemain sur le bureau de ma chambre. Il comportait tout ce que je devais posséder sur elle, mais surtout, comprendre pourquoi est-ce qu'elle avait été choisie.

Pédophilie. Secte. Trafic d'être humain. Trafic d'enfant.

Tant de mots écrits qui m'ont retourné l'estomac, cependant, le pire n'était pas là. En continuant, j'ai découvert qu'elle avait été la nourrice de Maria durant une année. Mon esprit n'a effectué qu'un tour et je me suis rué dans la chambre de ma petite sœur, furieux, anéanti. Sur le moment, une once de peur a traversé ses pupilles grisés. Elle s'est reculée jusqu'à trébucher sur son cartable, les mains placées devant son visage angélique. Pour la première fois, depuis ma mère, j'ai versé des larmes et je lui ai ordonné de me dire si, oui ou non, cette salope lui avait fait du mal. Mon cœur s'est brisé au moment où elle a hoché la tête. Je me suis effondré au sol et je m'en voulais de ne pas l'avoir protégé, mais surtout, d'avoir ressenti de la culpabilité pour elle. Ce qui m'a rassuré finalement dans tout cela, c'est qu'elle n'est pas allée plus loin que des photos de Maria. Elle a bien tenté de l'enlever, mais Albert a su réagir tout de suite. C'est la raison qui a fait qu'elle a été choisie comme première victime. Korneliusz n'aurait jamais fait de mal à une innocente, c'est pour cela que j'ai mis en place cette règle en fin de compte.

Je pense que c'est également pour cela que je surprotège Irina, et pas juste depuis le début. Dès le moment où la vérité a éclaté dans la chambre en Suisse, tous mes souvenirs sont remontés à la surface durant un court instant. Je les ai balayés rapidement et me suis juré sur le moment qu'elle ne connaîtrait plus jamais cet enfer. Et que je la vengerai aussi. Mais avant cela, j'ai dû faire regretter à ces salopes d'avoir osé la blesser. Je ne les ai pas tués de mes propres mains, leur sang ne tache pas mes paumes cependant, j'ai éliminé des gens qui ne méritaient pas de vivre en ce monde ; tout comme June.

— Tout va bien ? s'inquiète Daniel, assis à ma droite.

Je détourne mon attention du paysage qui s'offre à moi, pour venir le poser sur mon petit frère.

— Je repensais à certaines choses, rien de bien méchant.

Il redirige son regard un instant vers Irina qui est placée près d'Anastasia, en face de nous dans la limousine.

— Tu es sûr que c'est une bonne idée de l'emmener ? Je veux dire... Il y aura Viktoria.

— Je vais la protéger, s'empresse de répliquer Julian, assis plus loin.