L'un pour l'autre - Irina

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Il y a quatre mois de cela, nous étions à Bordeaux et je me souviens mot pour mot des paroles que j'ai eues envers lui dans le lit. J'admirerais toujours Aleksander Graboski, mais je chérirais Aleksander Kowinski toute ma vie.

Cela me déchire le cœur de savoir qu'un tel drame s'est produit et d'imaginer la culpabilité ressentie par cet enfant si jeune. Il n'y était pour rien, ce n'est pas lui qui a tiré sur eux, mais l'ami de mon géniteur. Il s'est souvenu de tout dans le bureau, juste avant de venir me parler. Il a reconnu le tatouage de mon père, Grégoire et surtout Erik. Après m'avoir emmené dans la salle de recherche, il a trouvé une photo de ce connard et je l'ai identifié de ce pas. Son visage n'a changé que par certaines rides, mais il est resté le même qu'il y a vingt-quatre ans. J'ai du mal à imaginer qu'il y ait un lien entre nous, d'une manière ou d'une autre. Nos chemins étaient faits pour se croiser, quoi que nous ayons choisi. Cependant, avec du recul, je me demande où je serai à l'heure qu'il est si mon père n'avait pas tué ses parents. Décédée probablement.

Je n'arrive pas à croire que celui qui m'a conçu soit un monstre depuis si longtemps. Je pensais que son côté penchant pour les enfants durait depuis la mort de ma mère, toutefois j'avais tort. Il les désirait avant même que je ne vois le jour et bien évidemment qu'elle n'était pas au courant ; jamais elle ne l'aurait épousé si c'était le cas. Le pire dans tout ça, ce n'est que c'est aussi un meurtrier. Il n'a pas appuyé sur la détente, mais il n'a rien fait pour éviter cela. Il a assisté à la tuerie de deux personnes innocentes, dont une mère qui venait de donner naissance à un bébé. Mon cœur se serre quand j'imagine ce qu'il a visualisé et ressenti du haut de ses six ans. Je pourrais pleurer comme la nuit dernière – pleurer la souffrance qui m'a brisé à travers ses aveux – mais je ne peux plus, je suis vidée. Je refuse d'avoir de la pitié pour lui, malgré mon côté sensible, cependant, je me dois d'être là pour lui maintenant. Je me dois de le soutenir pour qu'il puisse affronter les démons de ses ténèbres et qu'il puisse enfin dormir en paix, surtout après avoir vu pour la première fois une larme couler le long de sa joue. Jamais il ne s'est montré aussi impuissant depuis presque un an. Et c'est ça qui me prouve qu'il n'est pas le taré que je croyais. Il est bien meilleur que ce que les gens pensent de lui. Il mérite tellement le bonheur ; un bonheur unique qui lui serait réservé personnellement.

Il m'a épaulé sans connaître toute la vérité sur mon vécu, à moi de lui rendre l'appareil.

— J'espère que tu as bien préparé ta valise, s'exclame Alek en descendant les marches. Parce qu'on va bientôt partir.

Je relève le nez de mon bouquin pour porter mon attention sur lui. À présent que j'ai repris la lecture, je ne peux m'empêcher de consumer les livres de Nancy Frol, l'une de mes autrices favorites. En temps normal, je dévorerais chacun de ses chapitres, surtout celui de Chaos, car il m'a toujours fait de l'œil, mais mon esprit est bien trop préoccupé pour que je puisse me concentrer sur Raphaël et Raven, un couple qui traverse autant de difficultés que nous deux. Un jour, je le finirais, mais pas maintenant malheureusement.

— C'est déjà dans la voiture, l'informé-je en me levant du canapé.

Je me rapproche de lui, l'aide à mettre les boutons de manche de sa chemise grise, puis viens déposer un baiser sur sa bouche en me plaçant sur la pointe des pieds.

— J'ai hâte de revoir Oward et de goûter la bonne nourriture de Francesca, si je ne me trompe pas, confessé-je dans un murmure.

Il se mordille la lèvre en me dévorant des yeux. Je sais qu'il pense surtout aux fraises que j'ai dégustées avec cette chantilly maison. Un souvenir qui réchauffe le bas de mon ventre et procure de doux papillons agités.

Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant