Tic Tac - Irina

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La dernière fois que je me suis contemplée en profondeur dans un miroir, c'était le jour de la rentrée à la fac ; cette même fac où je n'ai plus ma place. Je me souviens que j'étais dans la salle de bain de l'appartement à me rappeler les atrocités lancées à mon encontre. La nuit qui s'était écoulée m'avait procuré une douleur lancinante, des doutes sur le fait de vouloir vivre ou encore, des pleurs en abandon. Seule au fond de mon lit, dans des draps froissés, j'étais cette étoile morte qui continuait de briller à la vue de tous alors qu'elle avait péri depuis bien longtemps. J'étais aussi cette peluche que l'enfant délaissait dans un des cartons qui trônaient sous son matelas sans savoir un simple instant que c'était la dernière fois qu'il y toucherait. J'étais également ce chien qu'on laissait au bord de la route parce qu'on décidait qu'il est trop encombrant, trop envahissant pour une vie dans laquelle on n'en voulait finalement plus.

Je me sens vidée. Vidée de toute joie qui serpentait dans mon être depuis bon nombre de mois et pour cause, la réponse de Viktoria a en fin de compte plané dans mon esprit toute la journée. Et si elle avait raison ? Et si Aleksander se lassait en découvrant qu'au bout du compte, je suis incapable de lui donner un héritier ? Bien sûr, tôt ou tard j'y arriverais, mais, combien d'années vais-je mettre ? Combien d'années va-t-il se contenir avant d'en avoir assez de patienter après un utérus qui ne veut pas réaliser son souhait ? J'ai beau garder une mine radieuse, sourire devant le miroir de ma coiffeuse alors que les filles vont et viennent dans la pièce, je ne peux oublier la souffrance dans mon cœur que je m'inflige à me tourmenter avec cela. Je devrais lui en parler, toutefois, une part de moi redoute sa réaction ; comme si ma confiance n'était pas assez élevée pour me dire qu'il ne me rejettera pas.

Je me maudis pour avoir conversé avec cette vipère qui sait y faire pour semer le doute.

— Nos robes sont arrivées, annonce Yoki en pénétrant dans la chambre, accompagnées de deux hommes costumés.

Anastasia détache son regard de la fenêtre, bien trop impatiente d'enfiler la sienne, avant de se ruer sur sa pauvre amie qui ne s'attend pas à se recevoir la tornade Kowinski. Elle ne lui laisse pas le temps de répliquer que la voilà déjà en train de filer dans la salle de bain.

— Tu es pire que Bella lorsqu'il s'agit de pâtisserie, lui hurle Yoki.

Elle effectue plusieurs pas vers moi, l'air songeur.

— Ah non, en fait, c'est moi quand elle en faisait à Boston.

Je ris de bon cœur avec elle, mes mauvaises pensées s'évaporent durant un laps de temps, ma joie revient toquer à la porte. Je quitte ma chaise et m'approche de ma tenue cintrée qui est renfermée dans une house adaptée à celle-ci, afin de la protéger des saletés extérieures. Lorsque je la porterai, je sais pertinemment qu'à la première occasion Aleksander n'hésitera pas un seul instant à m'en dévêtir. Je ne l'ai pas désigné pour rien. Parmi toutes les robes, c'est celle-ci que je voulais à tout prix ; peu m'importait l'avis des autres.

Je fais glisser la fermeture éclair avec une grande lenteur afin de m'assurer que je ne l'abîme pas. Je l'ai choisie parce qu'elle est celle de l'opéra.

— Elle est magnifique, me souffle Yoki au creux de l'oreille.

Je souris.

— Je ne l'ai portée qu'une fois et je tenais à la mettre à nouveau ce soir, pour lui.

— C'est que c'est complètement sérieux entre vous, s'enthousiasme-t-elle en ôtant ses habits.

Gênée, je détourne le regard pour ne pas la découvrir en sous-vêtement. Même si nous sommes entre filles, ce n'est pas quelque chose qui me passionne ; peut-être que Leonard aurait été ravi s'il n'avait pas trouvé une demoiselle à conquérir. Au même moment, Anastasia ressort de la salle de bain dans une robe en satin rougeâtre. Mes paupières s'écarquillent lorsque je prends conscience que sa beauté va bien au-delà de ce que je pensais. Le tissu épouse à merveille sa taille fine, son décolleté met en valeur une poitrine petite, mais parfaitement dessinée. Le bustier lui tient bien assez le haut du corps pour ne pas avoir besoin de quelconques bretelles – si la définition de la perfection avait un prénom, elle s'appellerait Anastasia.

Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant