Le liquide qui remplit le verre tournoie entre mes doigts, tandis que la chevalière qui habille mon index claque contre la paroi. Assis dans mon bureau de l'entrepôt, je n'arrive pas à m'enlever de la tête ce qu'il s'est passé hier soir. Ce regard empli de peur, ses larmes qui ont baigné son visage pâle, la terreur qui l'a habité en ma présence. Je me maudis intérieurement de ne pas avoir attendu qu'elle soit la première à s'être endormi. Je n'ai jamais voulu lui parler de mes cauchemars et refusais de devoir lui raconter ce que j'éprouvais à travers eux. Je ne suis pas du genre à me confier, encore moins sur ce que j'ai traversé, mais j'aurais peut-être dû. J'aurais pu lui éviter une approche brutale qui a manqué de lui coûter la vie. Pour la première fois de mon existence, je regrette une action de ma part, et je sais que même le pardon n'y changera rien à tout ce bordel. J'ai passé toute ma mâtinée, ainsi que toute mon après-midi dans le bureau à trier les contrats, ordonné mes rendez-vous d'affaires, réaliser les comptes. Ce n'est pas mon travail, pourtant, j'effectue ces tâches pour me vider l'esprit et surtout pour fuir l'heure du retour à la maison. Il va bien falloir, mais le plus tard sera le mieux.
Les coups assenés sur la porte me font relever le menton de mon whisky que je n'ai toujours pas touché.
— Entrez, invité-je la personne derrière le battant.
Le visage de Daniel, un sourire aux lèvres, se dessine dans l'embrasure. Lorsqu'il arbore une telle expression joyeuse, c'est que, soit il va me quémander quelque chose, soit il va m'annoncer une bonne nouvelle. Dans les deux, je n'ai pas la tête à rigoler ; bien trop préoccupée par moja słodka.
Me rattraper risque d'être une lourde tâche à accomplir.
— Tu comptes te terrer longtemps dans ton bureau ? m'interroge-t-il en prenant place sur un fauteuil. Tu y es quand même depuis des heures.
Je soupire, puis avale ma boisson cul sec.
— Temps que je n'aurais pas trouvé la manière de me racheter, je ne rentrerais pas à la maison.
— J'oublie que tu n'es pas un maître dans la matière, se moque-t-il.
— Que veux-tu ? Je suis plus habile à détruire des cibles.
Il extirpe son paquet de clopes, s'en allume une et me tend une cigarette que je décline poliment.
— Tu vas vraiment finir par arrêter, rit-il en recrachant la fumée.
Je suis sur le bon chemin pour atteindre cette voie-là. Évidemment que les nerfs me rongent de l'intérieur, qu'à tout moment je peux exploser. Toutefois, j'ai une meilleure drogue à la maison et cela me suffit amplement.
— Comment elle va ? requis-je.
Il se redresse sur son assise, puis se penche en avant.
— Tu veux savoir si elle est fâchée après toi ? Si tu as tout fait capoter par ton manque de dévouement à te confier ?
Piqué à vif.
Je hoche la tête.
— Je lui ai tout livré, m'avoue-t-il en repassant sa chemise noire de sa paume. J'ai expliqué tes cauchemars et ce que tu y voyais. J'ignore si j'ai réussi mon coup, mais elle n'a pas objecté quoi que ce soit.
Peut-être que ma douce Irina a fait preuve d'intelligence, qu'elle a compris que je n'étais pas maître de mes gestes cette nuit et peut-être qu'elle me pardonnera. Je refuse qu'elle me regarde à nouveau de la même manière qu'hier. Je ne tolèrerai pas de la terroriser ainsi.
Je porte mon attention sur l'écran de l'ordinateur qui est ouvert sur un logiciel dans lequel plusieurs adresses mail sont affichées. En pièce jointe se trouvent tous les éléments sur Celia, Emeline, ainsi que Christina, prêtes à être envoyées à tous leurs proches sur les agissements, mais aussi leur meurtre. Je n'épargne évidemment pas Cazal, la belle-mère de Célia, et surtout, l'avocat qui a libéré bon nombre de pédophiles. Je veux que tout le monde possède ce qu'elles ont réalisé, et si ça doit arriver jusqu'à leur fac, c'est encore mieux. Il y a une heure de ça, j'ai opéré la manœuvre pour John et Clément. À l'heure qu'il est, les autoritaires sont au courant de leur décès et du viol qu'ils ont commis sur Irina. Bien assurément, j'ai fait en sorte de cacher son visage afin qu'on ne sache pas que ce soit elle qui se trouvait dans le lit de ce fils de pute.
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Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark Romance
RomanceLa fin approche. Cole, le père d'Irina, est prêt à tout pour récupérer la prunelle de ses yeux. Quitte à éliminer Aleksander Kowinski et quiconque s'opposera sur son chemin. Mais Alek n'a pas l'intention de laisser qui que ce soit toucher à celle qu...