Je veux vivre Tome III : La fin d'un cauchemar - Dark Romance

L'heure de ce dire oui - Irina

Plantée devant la fenêtre, j'admire le soleil se lever, depuis une bonne heure maintenant. Il n'a jamais été aussi beau qu'en ce jour-ci, un jour si spécial. Parce que c'est aujourd'hui que je m'apprête à dire oui à l'homme que j'aime le plus en ce monde. Qui aurait cru que nos deux vies – enfin trois si l'on compte Caroline – étaient liées ensemble avant même ma naissance ? Après tout, c'est mon père qui est responsable de la mort de ses parents. C'est mon père qui a fait prisonnier Hanz lorsque celui-ci a voulu dénoncer la vérité sur son affaire, mais surtout, après qu'il ait été piégé pour m'atteindre. C'est également lui qui a fait de moi une enfant abusée. Tellement de points communs, tellement de malheur, tellement de souffrance... Dorénavant, tout ça est derrière nous et il faut savoir aller de l'avant pour nous, pour eux, pour moi.

Les oiseaux volent à travers les arbres qui s'étendent sur le devant de la maison, des écureuils grimpent sur chacun d'eux, certains jouent même à se pourchasser. Le ciel n'a jamais été aussi bleu qu'en ce mois d'aout. Sept mois se sont écoulés depuis que tout cela s'est produit. L'enlèvement de mon père ; la vérité sur ce trafic d'enfant ; la trahison de Cyril ; le sauvetage de Hanz ; le coma d'Alek ; nos fiançailles sur ce lit d'hôpital. Je ne suis pas sûre que j'oublierai les deux jours que j'ai éprouvés durant ma captivité, mais je sais que j'apprendrai à vivre ainsi et avec le temps, je finirai par tourner la page.

Dans tout juste un mois, deux ans se seront écoulés depuis notre première rencontre sur la place Pey Berland de Bordeaux. Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Je me rendais à la fac pour étudier ma première année de droit et devenir une avocate – je suis surtout devenu une meurtrière qui fait partie d'une famille de mafieuses, mais ça, ce n'est qu'un détail. Ce matin-ci, obnubilée par les montées des gens qui exerçaient mon futur métier, j'ai malencontreusement renversé le café sur sa chemise hors de prix. Sur le moment, je me suis sentie honteuse et gênée, puis ses iris grisés se sont posés sur moi et quelque chose avait changé. À cette heure-ci, j'ignore encore ce qui s'est réellement passé, toutefois, je ne peux objecter sur le fait que ça a changé mon existence pour toujours.

— Il est temps de que notre futur marié se fasse pomponner, s'enthousiasme Maria, dans un polonais, depuis la coiffeuse.

Dès lors où j'ai demandé à ma belle-sœur et Caroline de m'apprendre leur langage, je n'ai cessé de l'étudier afin de pouvoir communiquer avec toutes personnes qui ne seraient pas en mesure de parler français. Je ne pouvais pas rester vivre ici sans être capable d'échanger dans leur langue maternelle. Je continue à converser ainsi avec ma famille qui ne connaisse que l'anglais en deuxième langue, et un peu d'allemand. Pour les autres, ils n'ont besoin de réaliser aucun effort pour se faire comprendre. Hélas, je manque encore d'apprentissage, cependant, je maîtrise assez de mots pour tenir une discussion avec les invités.

— Tout le monde est présent ? demandé-je en m'asseyant.

— La Suisse est arrivée il y a un peu moins d'une heure, m'informe Anastasia en attachant mon collier autour de mon cou. Tessa est avec Caroline et André, et le reste des convives t'attendent déjà en patientant avec un cocktail en main.

Je porte mes doigts sur la pierre précieuse qui renferme toujours le traceur GPS. Même si je suis hors de danger, je refuse qu'il soit retiré ; sait-on jamais de quoi est fait demain.

Une contraction se déclenche sans crier gare. Je grimace légèrement en tentant de ne rien montrer, mais ma belle blonde n'est pas dupe et s'en rend compte rapidement.

— Tu es sûre que tu ne souhaites pas repousser ? m'interroge-t-elle en se penchant près de moi et en me fixant à travers le miroir.

— On ne t'en voudra pas si tu ne te présentes pas devant l'autel, enchérie Maria à ma droite.