Chapitre 4 : La rencontre

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SHANA :

La canne dans mes mains gantées, je m'élance hors d'haleine à l'extérieur du bâtiment. Je repère sans aucun efforts Eli qui se tient bien droite devant sa petite Renault. J'accours vers elle, lui tends la canne et retourne comme si de rien était à ma moto pour rentrer tranquillement.

Au moment de la chevaucher, les voitures de police arrivent. J'éprouve une certaine satisfaction lorsqu'elles passent devant moi sans même me lancer un regard. Et c'est là que mon regard se fige sur Alex. Il parle dans sa radio, ses yeux verts plissés et ses sourcils froncés.

Il est sacrément sexy quand il est concentré...

Je me reprends rapidement. Et mon sentiment d'admiration est vite remplacé par celui de la peur. Qu'est-ce qu'il fout là ? Je sais bien évidemment qu'il est policier mais pas qu'il s'occupe de ce genre de choses. En l'occurrence de moi.

- Tu ne dois pas avoir d'attirance pour lui, me répétai-je à moi même dans ma tête.

De toute façon c'est purement physique. Tant que ça reste physique c'est pas grave...

Si ça dépasse de n'importe laquelle des façons, je suis foutue...

*

J'ai passé le reste de la journée à me morfondre dans le canapé. Je n'arrête pas de me blâmer à cause des pensées que j'ai eu à l'égard d'Alex.

Toujours aussi blasée, je me dirige d'un pas nonchalant vers la cuisine, je meurs de faim. Mes pieds trainent de lourdeur, les courbatures m'ont accablé dès que j'ai passé le pas de cette porte.

En ouvrant le frigo je m'aperçois qu'il n'y avait plus rien dedans. À part des oeufs et du lait, seul une bouteille de jus de citron traîne au fond. Je commande alors un vietnamien et m'assois de nouveau sur le canapé en caressant Peluche. Ma main glisse sur ses poils brillants Dix minutes plus tard Eli m'appelle.

- Hé, ça va toi ? Demande-t-elle de sa voix chevrotante.

- Ouaip, j'attends Alex pour manger et toi, lui répondis-je en étirant tous mes muscles tendus.

- Ouh la la, y'a de l'amour dans l'air, roucoule-t-elle.

Et je l'imagine parfaitement rouler des yeux en même temps.

- Tu n'y es pas, gloussai-je. Lui et moi ça n'arrivera jamais, continuai-je en réprimant un deuxième gloussement.

- Et pourquoi ça, quand on veut on peut, réplique-t-elle au tac au tac.

Et voilà, son légendaire caractère têtu qui revient au galop pour me proposer une idée loufoque. En l'occurrence, de sortir avec Alex.

Et puis quoi encore ? pensai-je en riant même de cette supposition effectivement loufoque.

- Il est policier, soupirai-je.

Il y eut un silence interminable. Et puis :

- Je peux venir manger chez toi ?

- Euh oui, enfin Alexandre devrait bientôt rentrer mais vas-y.

J'avais perçus une sorte de détresse dans la voix d'Eli et c'était ça qui m'inquiétait sérieusement. D'autant plus qu'Eli n'avait pas répondu à ma déclaration. Avec un caractère comme le sien, elle aurait du me hurler à la gueule et me faire la leçon. Le fait qu'elle s'abstienne me tracasse. Et pas qu'un peu. Néanmoins, je décide de la laisser respirer et raccroche.

Je crois qu'au fond de moi, j'aime jouer avec le feu. Sinon je serai pas dans ce putain d'appartement avec un colocataire qui est censé être mon putain d'ennemi.

The Gazelle's HuntOù les histoires vivent. Découvrez maintenant