Chapitre 6 : Des Vacances

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ALEX :

Ma journée peut se résumer en trois mots : un ennui pur. Après le vol de Gazelle au Louvre, tout le personnel a été interrogé sous ma supervision. Et tout cela a abouti à... absolument rien. Aucun suspect n'avait été retenu et de toute façon, aucunes des caméras de sécurité avaient des images de cette journée.

En même temps ça ne m'étonnait pas, ç'aurait été beaucoup trop facile sinon. Elle passait toujours entre les mailles du filet. Elle s'échappait toujours. Toujours.

Je m'apprêtai donc à rentrer, la queue entre les jambes quand Charles me convoqua dans son bureau. Ma fatigue était telle que mes cernes touchaient presque les coins de ma bouche. Je frottai mes tempes et me forçai à me rendre dans le bureau de mon supérieur, bien que ce fut une étape compliquée.

La porte du bureau demeurait généralement ouverte. Mais cette fois-ci, celle-ci était fermée, ce qui voulait dire que si j'y entrais je devrais la refermer derrière moi. C'était la règle. Je pris une longue inspiration et toquai deux grands coups avant que Charles m'invite à entrer. Ce que je fis, en fermant soigneusement la porte derrière moi.

- Assieds-toi, dit-il en joignant ses mains sur son bureau.

Je m'assis donc, nerveux d'apprendre une potentielle mauvaise nouvelle.

- Alexandre Valynden, soupira mon patron. J'en ai assez de voir ta petite tête de con. Rends moi service, prends des vacances, ajouta-t-il.

Petite tête de con était un surnom affectif pas si affectueux que ça que me donnait Charles parfois. Généralement, c'était dans une plaisanterie mais cette fois, son ton était plus autoritaire qu'autre chose.

- Pardon ? Demandai-je en me penchant en avant, les sourcils haussé, pas très sûr d'avoir saisi ce qu'il m'avait demandé.

J'espère qu'il plaisante.

Non mais je rêve, juste au moment où j'ai une piste pour Gazelle.

Toujours plus toi, tu n'as pas de piste et t'en auras jamais.

Ma petite voix s'apprête à répliquer mais je me concentre sur Charles qui veut reprendre la parole. Et j'espère que c'est pour me dire que c'est une blague.

- Tu m'as très bien entendu, prends des vacances, répète-t-il à mon plus grand désarroi.

Il ne cille pas, ses mains liées toujours posées sur son bureau. Mon expression incrédule le pousse à reprendre la parole.

- Depuis plus d'un mois tu ne vis plus, tu ne dors plus et en plus tu pues. Il est grand temps que ça change fiston. On dirait un zombie coincé dans sa routine ennuyante, continue-t-il. Je veux retrouver le gamin enjoué d'autrefois, ajoute-t-il aussitôt.

J'ouvre la bouche et la referme aussitôt. Si j'essaye de répliquer, il va sûrement s'énerver, ce que je veux éviter à tout prix. « Bien » fut la seule chose que je trouvais à lui répondre. Il était vrai que je n'avais pas arrêter de travailler depuis un certain temps.

Ma rupture avec Carla m'avait littéralement épuisé émotionnellement et le boulot était le seul remède que j'y avais trouvé. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point je m'étais noyé dans le travail. Et il serait peut-être temps que je change de remède si je ne veux pas finir seul et en dépression quand je serai vieux.

- Ah, et un conseil, investi dans un déo, c'est utile dans la vie de tout les jours, me dit Charles l'air taquin. Je te téléphonerai quand j'estimerai que tu as eu assez de temps pour te reposer. Prends soin de toi gamin, déclara-t-il.

J'hochai la tête et sortis du bureau puis du commissariat.

*

Pourquoi y'a-t-il autant de sortes de pâtes différentes ? Non mais sérieusement, ça fait 10 minutes que je fixe l'étalage et je sais toujours pas quoi prendre, putain. Je jette finalement mon dévolu sur des tagliatelles et des coquillettes. Je passe enfin chercher du jus et du pain et je rentre déjà à moitié endormi.

Lorsque j'essuie mes chaussures mouillés sur le tapis du palier, Shana regarde la télé dans le salon. Assise en tailleur, elle semble captivée par un dessin-animée que je ne reconnais pas tout de suite. Mais quand les premières notes du générique de Lolirock retentissent, j'esquisse un sourire qui se transforme vite en une vague de tristesse. Cétait le dessin-animée préféré de Lily.

En repensant à elle, la rancune emplit peu à peu mon corps.

Je commence à ranger les courses tandis que Shana se lève pour venir maider. Elle se baisse devant moi pour soulever deux bouteilles de lait, ce qui me laisse une vue parfaite sur ses fesses rebondies. La bosse dans mon pantalon grandit et je déglutis. Je me suis noyé dans le travail et j'ai oublié tout le reste. Tout y compris le sexe. Et ce n'est que maintenant que j'en ressens le manque.

Ben oui mon vieux, c'est pas facile de vivre tous les jours avec une meuf que tu peux pas baiser.

Mais ferme là, putain.

Je chasse vite la pensée de moi et ma colocataire nus dans un lit et me met à ranger les conserves de tomates et maïs dans le placard. De toute façon elle à l'air ennuyante à mourir au lit. Ennuyante tout court d'ailleurs. Et je vois bien qu'elle est attirée par moi. Je lui fais de l'effet, ça se voit, elle n'arrête pas de me jeter des regards. Mais elle m'intéresse pas.

Elle me rappelle ce genre de fille trop facile à avoir, ce genre de fille qui suce ta bite dès que tu claques des doigts. Je me rends vite compte que les courses sont toutes rangées. N'en pouvant plus de ce silence pesant et de cette fatigue écrasante, je me dirige vers l'escalier prêt à passer une journée entière à somnoler.

- Heu... Tu veux quelque chose à manger ? Demande poliment Shana.

- Non.

Je n'ai pas faim de toute façon. Je monte les marches de deux en deux et soupire de soulagement en regagnant ma chambre. Puis, je claque la porte de ma chambre pour bien faire passer le message. Je ne veux pas qu'elle vienne me voir comme la dernière fois.

*

Cette nuit allait être longue, mes démons du passé avaient décidé de me hanter. Les insultes, les claques, les coups... Tout se rejouait dans mon esprit, ces souvenirs douloureux étaient encore frais dans ma mémoire. Le regard collé au plafond, j'essayais tant bien que mal se chasser ces pensées.

Je passais une main sur mon visage et là... J'entendis un cri.

Un cri...

Le même qu'hier, celui de ma colocataire. Il transcenda le silence de la nuit puis le calme revint presque aussitôt. Je pinçai les lèvres. Ça avait dû être un sacré cauchemar pour qu'elle se réveille ainsi. Peut-être le même que hier. Je me surpris à vouloir savoir de quoi avait elle rêvé.

Est-ce que je dois aller voir ?

Non. Bien sûr que non. Et puis qu'est-ce que tu peux y faire ? Ça arrive à tout le monde ce genre de choses.

Ça fait deux fois de suite quand même.

Et alors ? On n'a pas besoin dune deuxième Lily dans notre vie. Tout le monde fait des cauchemars.

- Stop arrête, murmura la voix de Shana derrière le mur, coupant mes pensées. Sil te plaît arrête, continue-t-elle pour elle même en pleurnichant.

Elle se parlait à elle même ?

Comme Lily...

Lily n'est plus là.

Un sanglot retentit puis plus rien.

.

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Kisses for you bitches

The Gazelle's HuntOù les histoires vivent. Découvrez maintenant