Chapitre 3 : Carla

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ALEX :

L'horrible sonnerie de mon réveil me tire de mon sommeil. Je l'éteins et me lève difficilement, frottant mes yeux en espérant que cela me réveillerait complètement. J'ai toujours cette affreuse migraine qui me suit jour et nuit dans mon quotidien mais je l'ignore royalement.

Cette nuit a été particulièrement mouvementée. Et c'est un euphémisme que j'ai réussi à m'endormir. Je me souviens même avoir été tiré du sommeil par un bruit étrange. Un cri. De détresse. Qui est parvenu de l'autre côté du mur. Donc, de la chambre de ma nouvelle colocataire.

Étrange.

Chassant cette pensée, je vais dans la salle de bain, emportant avec moi mon uniforme. Je me fige en apercevant mon reflet, je fais peine à voir. Des cernes noires encadrent mes yeux qui ne sont plus que deux petites fentes rougies par la fatigue. Mes joues sont creusées car mes repas deviennent de plus en plus maigres et rares et ma mâchoire est recouverte d'une barbe de trois jours qui me donne un air négligé.

Blasé, je prends une douche, me rase, me lave et m'habille. Puis je descends en soupirant et baillant. Mon esprit a emporté tous mes sentiments pour les remplacer par la fatigue qui plane au dessus de moi comme un nuage noir.

Mes jambes sont lourdes à porter et c'est difficile pour moi de descendre les escaliers. Tous mes membres sont ankylosés, semblent peser une tonne dans chaque partie de mon corps. En arrivant dans la cuisine, je remarque aussitôt l'assiette de pancakes posée sur la table.

Shana.

Ma colocataire est définitivement une personne d'une infinie gentillesse et dotée d'une grande générosité. Je l'avais remarqué dès la première fois, ses yeux pétillaient toujours de cette lueur. C'était ce petit quelque chose que l'on retrouvait dans le regard émerveillé d'un gosse.

Mais en dépit de toutes ses qualités, je ne l'aimais toujours pas. Et c'était pas ces minables attentions qui allaient changer quelque chose. Elle me rappelait sans cesse Lily et elle avait une fâcheuse tendance à tout exagérer.

Une petite drama queen, pile ce dont tu as besoin en ce moment.

N'exagérons pas, elle est gentille quand même.

Elle va finir par pleurer comme une gosse dans tes bras, ne te laisse pas avoir.

Si tu le dis.

J'engloutis sans le moindre effort la montagne de pancakes que ma colocataire avait cuisiné puis je remonte pour me brosser les dents. Au moment ou je m'apprête à claquer la porte, j'aperçois l'adorable teckel de Shana qui trottine vers moi sa laisse dans la gueule.

Au moins sa chienne à le mérite d'être mignonne, pas comme elle...

Ouaip...

- Désolé, mais je suis attendu au boulot, dis-je en lui donnant quand même une caresse.

Je sors de l'appartement, l'air glacial fouette mon visage, mords ma peau et la rougie. J'avance sans rien dire, le commissariat est à dix minutes de marche. Comme un automate, je tourne dans les rues qui commencent peu à peu à se remplir. Plus je me rapproche de mon lieu plus ma douleur dans mon crâne est présente. Au moment ou je le vois enfin, du coin de l'oeil, je repère aussi Carla et mon sang afflue directement vers mes poings que je serre au point que mes jointures deviennent aussi blanches que la neige.

Putain non. Pas encore.

- Oh ! Alex, je t'attendais ! s'exclame-t-elle d'une voix doucereuse.

Elle m'attendait ? Je me retins de rire jaune, choisissant de camoufler toutes mes émotions. Je me suis trop mis à nu devant elle. Et, à présent, je me sens vulnérable à chaque fois qu'elle pose ses yeux bleus sur moi.

Tout en l'ignorant, je rentre en trombe dans le commissariat croisant Ryan en passant. Ryan ce salaud. Il m'adresse un sourire rempli d'hypocrisie et j'entends la porte du commissariat s'ouvrir accompagnée de cette voix terriblement agaçante.

- Alex ! Je t'en supplies, tu ne peux pas me quitter comme ça, tente-t-elle désespérément.

Je me retourne et vois Ryan qui observe la scène de loin un peu trop curieux à mon goût. J'hésite même à lui faire ravaler son sourire avec mon poing mais je me retiens.

Je n'en reviens pas du culot de Carla, j'aurai voulu lui cracher d'aller se faire foutre elle et son putain de paternel mais Ryan garde un oeil sur moi, visiblement amusé de la situation.

- Alex sil te plaît ! J'ai fait une erreur mais pardonne moi, jai été bête, je men veux, ajouta-t-elle au bord des larmes.

Les larmes de Carla sont fausses. Tout d'elle est faux, de son physique jusqu'à son caractère en passant par ses "soi-disant" sentiments. Elle a beau prétendre m'aimer, je sais que ce n'est pas le cas. Elle est vicieuse et, malheureusement pour moi, une bonne actrice qui maîtrise parfaitement l'art du mensonge. Je suis presque en train de tomber dans son piège mais je me ressaisis vite. Il est hors de question que je souffre à nouveau.

La fatigue s'est soudain dissipée, elle laisse place à ma haine. Une haine que je nourris depuis trop longtemps. Je soupire de mécontentement et lâche rageusement :

- Carla. Rentre chez toi. Je te l'ai déjà dis c'est fini entre toi et moi peu importe que tu me supplies ou baise mes pieds je ne changerai pas d'avis.

Sa fossette au menton tremblote légèrement. Ravalant sa tristesse feinte elle remet son masque froid en place sur son visage.

- Très bien Valynden. Tu l'auras voulu. Tu vas regretter, je me vengerai d'une façon ou d'une autre, déclara-t-elle sèchement.

Putain. C'est pas bon ça.

Ah, la voilà la vraie Carla.

Celle qui nous a brisé le coeur.

Carla utilisait mon nom de famille uniquement lorsqu'elle était fâchée. Alors j'ose à peine imaginer ce qu'elle a derrière la tête. La principale concernée tourna les talons et sortit du commissariat comme si elle était une star que tout le monde connaissait.

Enfin débarrassé d'elle, mes muscles se détendent et mon coeur se remet à battre normalement. Je me retourne, soulagé et aperçois Ryan qui regarde encore, sagement assis dans son bureau. Je me tends imperceptiblement et prie pour qu'il n'ait rien entendu de la conversation que j'ai eu avec Carla. Il manquerait plus qu'il jette des rumeurs sur moi.

- VALYNDEN ! Nous avons besoin de toi maintenant, m'interpella sauvagement Charles au loin.

Mon supérieur était très en alerte et Dieu sait qu'il en faut beaucoup pour le faire crier comme il vient de le faire. Je le suivis jusque dans la salle de mon équipe où je me rendis compte de l'agitation inhabituelle.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Demandai-je en haussant la voix.

La salle était remplie de personnes affolées et qui criaient dans tous les sens. Perdant le peu de patience que j'avais, je me mis à hurler sans prendre en compte que mon sergent était juste à côté de moi :

- EST-CE QUE QUELQU'UN PEUT OUVRIR SA PUTAIN DE GUEULE POUR ME DIRE CE QU'IL SE PASSE OU EST-CE QUE JE DOIS PÉTER UN CÂBLE ?

Un silence de plomb s'abatt sur la pièce et tous les regards convergent sur moi.

- Les caméras du Louvre ont été piratées, monsieur, ose un jeune agent.

- Quoi, m'étranglai-je ?!

Charles pose une main rassurante sur mon épaule et me souhaite bonne chance avant de tourner les talons. C'est à présent à moi de gérer la situation. Il faut que je prenne une décision, et vite car mon équipe est toujours figée, choquée de mon intervention. Une vague d'adrénaline s'empare de moi. Il n'y a qu'une seule possibilité...

- Gazelle, murmurai-je pour moi-même.

Mes yeux fixaient le vide tandis que je réfléchissais.

- On envoie une patrouille, déclarai-je.

Je la retrouverai.

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Kisses for you bitches <3

The Gazelle's HuntOù les histoires vivent. Découvrez maintenant