Chapitre 14 : Reliefs

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SHANA :

Alex se tenait face à moi presque plus préoccupé par moi que je ne l'étais moi-même.

- Montre-moi, décida-t-il.

Je posai mes bras sur l'îlot et il examina mes entailles de ses yeux verts. Ces cicatrices je les auraient à vie. Elles sont blanches et se voient parfaitement sur ma peau mate. Mais parfois les démons qu'elles renferment veulent sortir. Comme aujourd'hui.

Et ça me démange.

Ça n'arrive que très peu, mais lorsque c'est le cas c'est souvent après mes cauchemars. Ça me démange et j'ai désespérément envie de les rouvrir. À tel point que je deviens presque folle. Seulement, il a fallu que ça arrive aujourd'hui devant mon colocataire qui est un policier

Putain.

- Qui t'as fais ça ? Demanda-t-il en soutenant mon regard.

Je ne répondis pas. Je n'avais pas envie de répondre. Alex pinça les lèvres et son regard s'assombrit.

- Tu sais que tu peux porter plainte ? Tenta-t-il pour me convaincre.

Je me remis à gratter mes marques et fus prise par l'envie de gratter celles qui se trouvaient dans mon dos. Je me retins en sachant que si je le faisais mon colocataire allait comprendre que je n'en avait pas que sur les bras.

Mais Maxime, mon ex, ne s'était pas arrêté à mes bras. Il avait fait en plus de ça mes deux mollets et mon dos. Je suis partie alors qu'il avait à peine commencé à toucher à mon mollet gauche.

Je fus bientôt dans l'incapacité de me retenir et passai la main derrière mon cou pour atteindre mes omoplates et gratter comme si ma vie en dépendait.

Les yeux d'Alex s'arrondirent comme des soucoupes lorsqu'il me surprit à faire ce geste. Je compris aussitôt sa question silencieuse. Montre-moi. Je me tournai en soupirant et soulevai un peu du tee-shirt qui me recouvrait. Puis m'assis à nouveau face à un Alex blanc comme un linge. Je savais à quel point ces marques pouvaient faire peur. Alex posa son regard accusateur sur moi.

- Raconte-moi, grogna-t-il.

Mon cerveau me hurlait de ne pas le faire.

Cétait un policier. Si je le lui disais on serait lié. Il en sait déjà trop.

Mais les mots quittèrent ma bouche presque automatiquement. Et des larmes perlèrent à nouveau au coin de mes yeux alors que je me replongeais dans ces souvenirs trop nocifs.

- Je... Je... C'était quelqu'un que je connaissais...

Un sanglot retentit dans la pièce calme.

Alex chercha quelque chose en dessous de l'îlot central et en sortit une trousse de secours.

- Je peux ? Demanda-t-il en désignant mes bras.

Je l'autorisai d'un geste de la tête et il sortit un tube de pommade de la trousse. Il le déboucha silencieusement et en prit une généreuse noisette sur son index. De sa main libre, il stabilisa un de mes bras et de l'autre il déposa la crème délicatement. Il l'étala et la tapota doucement sur chacune de mes marques. Il était si doux que je crus un instant que j'étais en porcelaine.

- Comment est-ce qu'il faisait ça ? Souffla-t-il.

Ses caresses apaisaient automatiquement mes démangeaisons. La crème me faisait le plus grand bien mais me piquait sur les zones où j'avais trop gratté et que les blessures s'étaient légèrement rouvertes. Mes yeux cherchèrent à éviter les siens en se posant sur le plan de travail noir de l'îlot de la cuisine. Toute cette situation me rendait terriblement mal à l'aise et le feu de mes joues ne s'estompa pas.

The Gazelle's HuntOù les histoires vivent. Découvrez maintenant